Bombe D ?

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Bombe D ?[1]

Cette question (Bombe D. ?) vise les défis posés par la croissance démographique persistante de notre pays qui voit chaque année sa population augmenter de plus de 10.000 habitants. Comme le solde naturel (différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès) n’est que de l’ordre de 2.000 par an, cet accroissement est avant tout dû à l’immigration nette.

Les problèmes ainsi créés, tels la frustration des chercheurs de logements, le malaise des frontaliers et des résidents pris dans les bouchons routiers, les difficultés du système éducatif face à une population croissante de jeunes élèves nouvellement arrivés dans le pays, restent irrésolus et leurs conséquences négatives renforcées :

  • Malgré des efforts financiers importants, les infrastructures du pays, ses routes, ses moyens de transport, son équipement en écoles et en hôpitaux, son administration publique, sont souvent dépassés ; la lenteur de la justice devient préoccupante, la sûreté est en berne, le scellement du sol augmente, la surface réservée à la nature diminue : l’aspect du pays change ;
  • Le pourcentage des résidents parlant le luxembourgeois diminue, le caractère de la population change, peu à peu le pays perd de son identité nationale au profit d’une identité multiculturelle remarquablement dépourvue de tensions sociales ou raciales, inédite dans l’Union Européenne : la nature du pays change.

Ces considérations font que le soussigné se méfie d’une politique de croissance déterminée. Mais si on peut souhaiter infléchir la croissance démographique, il faudra tout de même permettre aux entreprises, à la place financière, aux institutions européennes, de grandir, de participer au progrès technique, d’embaucher, bref de se développer : dès lors, une politique de modération de la croissance s’avère en réalité particulièrement délicate à mettre en œuvre.

Il se trouve un autre problème (difficilement soluble lui aussi) qu’il faut mentionner lorsqu’on examine l’avenir du pays : le système d’assurance pension du secteur privé qui est malade et doit être réformé.

Du point de vue actuariel, si on veut rendre un système de pension « autoporteur », indépendant d’une béquille étatique, il n’y a que deux méthodes : ou bien celui du « fixed contribution and variable benefit » ou bien celui du « fixed benefit and variable contribution ».

Ou bien on sert une pension mensuelle basée sur une cotisation fixée d’avance et la pension est alors adaptée périodiquement aux réserves ainsi constituées, ou bien le montant de la pension est fixe et la cotisation est périodiquement adaptée en conséquence.

Or le régime général d’assurance pension s’apparente à bien des égards à un système à cotisations et prestations définies. Le risque que les réserves ne suffisent pas à financer le service des pensions est ainsi implicitement couvert par la garantie de l’État.

L’augmentation de la durée de vie moyenne fait que la durée pendant laquelle une pension est servie a considérablement augmenté. L’augmentation constante du coût des pensions qui en résulte implique que non seulement la contribution annuelle de l’État est, per se, en augmentation constante, mais qu’en plus les pensions servies durant la période de retraite sont de plus en plus déconnectées des cotisations versées : une situation devenant à la longue insoutenable.

Chez nous, (résoudre) le problème est particulièrement délicat : les cotisants et pensionnaires de la Caisse de Pension sont de plus en plus de nationalité étrangère (résidents et frontaliers) alors que les fonctionnaires, qui touchent – du régime spécial transitoire et du régime spécial – des pensions relativement importantes, sont presqu’exclusivement des Luxembourgeois. Le régime général du secteur privé doit être réformé, mais celui des fonctionnaires devra l’être aussi.

Ce double impératif a lieu dans un pays où les citoyens luxembourgeois, en passe de devenir minoritaires, sont ceux qui votent lors des élections législatives qui décident des réformes à conduire, peuvent devenir députés ou ministres, monopolisent les rangs des fonctionnaires, dirigent le pays et ne sont pas particulièrement demandeurs d’une baisse du pouvoir d’achat des pensions qui leur sont servies.

J’arrête-là la description d’une situation – à plus d’un titre – inquiétante.

 


[1] Référence à La bombe P de Paul R. Ehrlich.

Clarence : cloud souverain et atout maître ?

Cet article a été rédigé pour le magazine Merkur de mars-avril 2024.

© photo : Julien Mpia Massa

Dans la stratégie de spécialisation du Luxembourg sur l’économie des données figure en bonne place la création d’un « open cloud sécurisé », garant absolu de souveraineté et de confiance, mis à disposition des acteurs économiques et de la recherche. Celui-ci a émergé en 2023 sous la forme d’un accord avec Google pour concevoir le premier cloud souverain et déconnecté d’Europe : Clarence. Le choix singulier du Luxembourg, alors que la souveraineté numérique est une question prégnante de l’Union Européenne, pourrait constituer un atout compétitif… et l’éloigner temporairement de ses partenaires européens.

Les activités humaines sont de plus en plus dépendantes des technologies numériques et des entreprises qui les contrôlent, dont la majeure partie sont américaines voire chinoises. C’est le cas pour les réseaux et plateformes, les outils de communication, les médias, le commerce, la santé, la sécurité… cette tendance s’accentuant avec le développement de l’intelligence artificielle et des objets connectés. C’est ainsi qu’a éclos le concept de souveraineté numérique ou cybersouveraineté, qui peut se définir comme la capacité des États à agir dans le cyberespace et à faire respecter leurs règles par les différents acteurs du monde virtuel.

L’impératif d’un cloud souverain

Selon l’étude « European Digital Sovereignty – Syncing values and value » du cabinet Oliver Wyman, les Etats-Unis stockent 92% des données échangées dans le monde occidental. Or, ces données stockées peuvent être consultées par les Etats-Unis lorsqu’ils le jugent nécessaires en raison de l’application du Cloud Act et du Patriot Act. Elles sont aussi potentiellement utilisables par les acteurs privés qui les hébergent. Cette consultation se fait en violation de nombreuses réglementations visant à encadrer la collecte, le stockage et surtout le partage des données, en premier lieu le Règlement général sur la protection des données (RGPD) européen.

Le Cloud computing repose sur l’utilisation de serveurs informatiques à distance et hébergés sur internet pour stocker, gérer et traiter des données. Il se positionne en alternative moins onéreuse, plus sûre et plus pratique par rapport à la sauvegarde sur un serveur local ou un ordinateur personnel. Le cloud s’est imposé comme un indispensable du travail informatique dans une majorité d’entreprises et son poids économique croît chaque année pour atteindre un chiffre d’affaires de 545 milliards de dollars en 2022. Les cinq principaux fournisseurs de services cloud dans le monde, les hyperscalers, sont Amazon Web Services (AWS), Microsoft Azure, Google Cloud, Alibaba Cloud et IMB Cloud. Les trois premiers acteurs américains occupent à eux seuls plus de 70% du marché.

Le cloud souverain désigne un environnement dans lequel les infrastructures, l’hébergement et l’ensemble des traitements effectués sur des données par un service de cloud sont physiquement réalisés dans les limites du territoire national ou régional, ceci permettant la conformité et le respect de la juridiction du pays. L’enjeu national de protection de la confidentialité des informations se retrouve aussi au niveau des entreprises, tant pour la préservation des données des individus que pour la prémunition contre l’espionnage économique.

Au niveau européen, de l’échec Gaia-X à l’inconnu EPCEI Cloud

Les initiatives collectives et individuelles se multiplient depuis quelques années pour bâtir des services cloud respectant les règles européennes tout en garantissant l’interopérabilité (capacité à circuler entre divers systèmes) et la sécurité des données. Ces initiatives se privent difficilement des hyperscalers.

Gaia-X est un projet de développement porté conjointement par l’Allemagne et la France, visant à développer un cloud fiable pour l’Union européenne. Il regroupe, au moment de sa fondation en 2020, 22 entreprises européennes : cloud service provider, utilisateurs et chercheurs. Ses ambitions portent sur trois niveaux : la définition des bonnes règles de conduite, l’édification d’un environnement technique permettant de vérifier ces règles et la construction des briques technologiques nécessaires à la circulation de la donnée. Celles-ci peinent toutefois à voir le jour et concurrencer véritablement les hyperscalers alors que l’entreprise française Scaleway se retire du projet en raison de la forte activité des entreprises américaines dans les comités techniques de Gaia-X.

En outre, les partenaires allemand et français mènent chacun de leur côté des projets individuels. La France met ainsi en avant son label de confiance SecNumCloud auprès des entreprises nationales, présenté comme le référentiel de cybersécurité le plus exigeant en Europe. AWS a annoncé en octobre 2023 la mise en place de l’ « AWS European Sovereign Cloud », installé sur le sol allemand et à vocation européenne. Ce cloud a obtenu la certification C5, équivalent allemand du SecNumCloud. Ceci le différencie de ses concurrents « Microsoft Cloud for Sovereignty » et « EU Sovereign Cloud » d’Oracle, établi en Espagne. L’un des principes de l’offre d’AWS est que seul les employés résidents et situés dans l’UE auront accès aux données, ce qui n’est pas une garantie suffisante face à l’extraterritorialité de la législation américaine.

Les espoirs européens reposent aujourd’hui sur l’IPCEI Cloud, pour lequel la Commission européenne a débloqué 1,2 milliard d’euros  fin  2023. Portée par l’Allemagne, l’Espagne, la France, la Hongrie, l’Italie, les Pays-Bas et la Pologne, cette alliance vise à développer une infrastructure cloud innovante faisant intervenir les différents fournisseurs locaux.

Au Luxembourg, le choix inédit du déconnecté

C’est dans ce contexte que le Luxembourg conçoit actuellement son propre open cloud sécurisé. Fruit d’un partenariat belgo-luxembourgeois entre Proximus Group et Luxconnect, Clarence s’appuie sur la technologie de Google Cloud. Il se démarquera des autres cloud européens par une déconnexion des données et de la gestion opérationnelle. Concrètement, le stockage des données aura lieu à 100% dans des centres de données luxembourgeois chez Luxconnect. De même, toute la gestion et la maintenance de la technologie de Google sera effectuée au Luxembourg par Proximus. Au-delà de l’origine de la technologie, la déconnexion est donc présentée comme totale vis-à-vis de Google cloud.

Véritable coup de pub pour le Luxembourg, en tant que partenaire privilégié du géant américain et pays-laboratoire assumé, le succès de Clarence reposera sur la confiance qu’auront les potentiels clients privés et publics envers l’apport de cette déconnexion pour la confidentialité de leurs données. Il dépendra aussi de la performance de la technologie proposée par Google et mise en place par Proximus ainsi que de la capacité d’hébergement des data centers luxembourgeois. La réussite de Clarence en tant que plateforme cloud compétitive pour les grands acteurs économiques continentaux serait un immense pas pour le positionnement du Luxembourg en tant que leader européen sur l’économie des données. En attendant peut-être un jour une solution de cloud performante 100% européenne, la voie adoptée par le Luxembourg a le mérite de mêler pragmatisme et audace, tout en restant un pari aux nombreuses incertitudes.

Le Luxembourg, un modèle à réinventer sans cesse

© photo : Julien Mpia Massa

IDEA vient de publier son 10ème Avis annuel intitulé « Le Luxembourg au rAAAlenti ! » . Une fois n’est pas coutume, sa lecture pourrait conforter le lecteur assidu qui aime affirmer que le Luxembourg en a vu d’autres et qu’il va probablement retrouver son insolente trajectoire expansive tout comme celui qui s’inquiète de le voir s’approcher d’un gouffre y trouvera des faits indiquant que son modèle socio-économique fait face à des défis considérables. Sur base d’analyses détaillées comme celles contenues dans ce rapport, c’est précisément ce à quoi s’applique un laboratoire d’idées comme IDEA : faire résonner les arguments de ces deux lecteurs pour nourrir le débat d’idées.

De nombreux constats de notre Avis annuel renforcent l’idée qu’en tant que « petite économie ouverte spécialisée au cœur de l’Europe », certes en moyenne plus dynamique et plus riche que ses principaux partenaires, le pays n’échappe pas à des remises en question, au moins partielles, de son modèle économique.

Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau gouvernement a envoyé des signaux au monde économique et à la population qui craignent, pour de multiples raisons, une forme de déclassement économique. S’il veut entretenir la trajectoire de prospérité économique et sociale du pays, il devra aller plus loin et ouvrir des chantiers d’ampleur pour inventer de nouveaux facteurs de compétitivité et de résilience, la deuxième étant devenue une condition de la première avec la « polycrise ». Il devra en outre le faire avec des marges de manœuvre financières réduites, le « quoi qu’il en coûte » ayant fini par coûter, alors même que l’appétit pour un Etat assureur tous risques n’a cessé de grandir.

Le « modèle » luxembourgeois a ses forces, mais il a aussi ses angles morts. Les débats autour de la capacité à développer des logements en nombre suffisant, les effets du vieillissement démographique, l’assèchement progressif du bassin d’emploi transfrontalier ou encore la saturation des infrastructures mettent sous pression un système ayant créé de multiples dépendances entre la prospérité et la croissance ininterrompue des bases économiques imposables. À paramètres inchangés, en particulier sans nouveaux gains de productivité, des limites à la croissance luxembourgeoise existent.

Des évolutions des paramètres du modèle sont possibles. Les mettre en œuvre nécessitera vraisemblablement de faire évoluer certaines modalités de l’action publique, d’anticiper et de planifier davantage, d’intégrer des contraintes nouvelles toujours plus complexes et, surtout, de débattre ouvertement pour sensibiliser sans tabous la population aux défis et de croire en l’intelligence collective pour construire un projet à long terme.

Autant de thèmes à débattre sans préjugés, sur base d’analyses rigoureuses, transparentes et contradictoires. Un travail qu’IDEA s’emploie à poursuivre sans relâche, afin de ne pas injurier l’avenir mais de le préparer !

Recueil d’IDEA : Face aux Grands Défis

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© photo : Julien Mpia Massa

Ce recueil fait écho à la publication « Grand Défis » de la Fondation IDEA asbl, qui formule une cinquantaine de recommandations en vue des élections législatives d’octobre 2023 .

Dans cet ouvrage, 22 auteurs aux profils très divers ont été invités à répondre à des questions majeures qui devraient – idéalement – alimenter le débat dans la perspective des élections législatives du 8 octobre 2023 et, au-delà, nous éclairer sur les grands défis du pays.

Dr Serge Allegrezza, Sahar Azari, Aurélien Biscaut, Flora Castellani, Christel Chatelain, Norry Dondelinger, Christian Ensch, Caroline Faber, Robert Goebbels, Jean Hamilius, Georges Heinrich, Sylvain Hoffmann, Pierre Hurt, Jean-Marc Lambotte, Stephanie Law, Frédéric Meys, Jean-Jacques Rommes, Julien Schmitz, Christophe Serredszum, Robert Urbé, Michaël Vollot et Michel Wurth.

Le lecteur y trouvera des réflexions sur le maintien du tissu productif du pays, avec une attention particulière portée sur la capacité à répondre aux défis du logement et de la crise immobilière, sur le besoin de repenser la manière d’aménager le territoire, y compris dans une perspective qui dépasse les frontières nationales ainsi que sur le système de pensions, le vieillissement démographique, la gestion des finances publiques ou encore le coût de la transition bas carbone.

Édition

Muriel Bouchet ¦ Vincent Hein ¦ Michel-Edouard Ruben

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Cover Face aux Grands Défis - IDEA - Credit: Julien Mpia Massa

Recueil d’IDEA : Grands Défis : Propositions en vue des élections législatives 2023

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Grands défis : propositions en vue des élections législatives 2023.

Dans la perspective des élections législatives du 8 octobre 2023, IDEA a élaboré un Recueil des « Grands Défis » principalement destiné aux partis, candidats et futurs élus, avec une cinquantaine de propositions concrètes dont ils pourraient, selon nous, s’inspirer dans leurs programmes.

Le recueil approfondit cinq problématiques auxquelles est confrontée depuis de longues années la société luxembourgeoise :

– La préservation du tissu productif,
– L’aménagement du territoire,
– La coopération transfrontalière,
– Le vieillissement de la population,
– Les finances publiques.

Pour chacun de ces domaines, un état des lieux sans concessions est dressé et des propositions se voulant aussi concrètes que possible sont formulées. Une originalité du recueil est la présence, pour chaque Grand Défi traité, d’une liste de « questions majeures » pouvant (très) utilement alimenter le débat pré-électoral. L’objectif ultime étant de contribuer par ce biais, avec humilité et de manière aussi constructive que possible, à la cohésion et à la prospérité de la société luxembourgeoise ainsi que des zones frontalières environnantes.

Les auteurs

Muriel Bouchet ¦ Vincent Hein ¦ Michel-Edouard Ruben

Consulter en ligne le recueil

 Trois tables rondes ont été organisées pour débattre des propositions d’IDEA et de ces questions majeures :
Le 3 mai 2023, sur le thème de l’aménagement du territoire,
Le 23 mai 2023, sur le thème du logement,
Le 13 juin 2023, sur le thème du vieillissement.

Par la suite, un deuxième recueil a été publié, intitulé « Face aux Grands Défis »’, donnant la parole à divers acteurs impliqués dans les enjeux luxembourgeois.

Pour télécharger le recueil :

Étude IDEA : Une vision territoriale pour le Luxembourg à long terme – Fir eng kohärent Entwécklung vum Land

Une vision territoriale pour le Luxembourg à long terme

Fir eng kohärent Entwécklung vum Land

Cette étude est le fruit d’un travail multidisciplinaire d’envergure mené par la Fondation IDEA asbl, avec pour objectif de proposer une vision territoriale à long terme pour le Luxembourg.

Les développements démographiques et économiques des dernières décennies, bien qu’ils aient eu d’incontestables retombées positives, ont en effet été systématiquement sous-estimés par les différentes vagues de projections et ont modifié de nombreuses caractéristiques territoriales du pays. Dans les prochaines décennies, les stratégies d’aménagement du territoire (au sens large) et leurs concrétisations joueront un rôle toujours plus crucial pour rendre possible et soutenable le développement socio-économique du Luxembourg.

La présente étude propose ainsi de répondre à certaines questions comme : combien d’habitants, d’emplois et de frontaliers le Luxembourg pourrait-il compter en 2050 dans un scénario de développement « au fil de l’eau » ? Cette croissance est-elle compatible avec les caractéristiques territoriales du pays ? Sous quelles conditions ? Quels seront les changements à opérer en matière d’aménagement du territoire, d’urbanisme, de mobilité, de coopération transfrontalière et quelles réformes seront nécessaires pour y parvenir ?

Consulter en ligne : 

la Synthèse

Partie 1/4 : Etat des lieux : les évolutions territoriales du Luxembourg

Partie 2/4 : Scénario de développement économique et démographique à l’horizon 2050

Partie 3/4 : Scenario de développement territorial dans une perspective de croissance « au fil de l’eau »

Partie 4/4 : Une nécessaire évolution des outils au service de la politique d’aménagement du territoire

 

Auteurs :

Muriel Bouchet, Romain Diederich, Vincent Hein.

Steering Committee :

Nicolas Buck, Michèle Finck, Georges Heinrich, Erna Hennicot-Schoepges, Isabelle Lentz, Rolf Tarrach, Michel Wurth.

Illustration de couverture :

Julien Mpia Massa

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Recueil d’IDEA : La politique du logement : Entre bons motifs et gros montants !

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La politique du logement : Entre bons motifs et gros montants !

Principal poste de dépenses des ménages, élément central de sociabilité et de bien-être, puissant moteur d’inégalités, déterminant capital de l’attractivité, probable pièce maîtresse future du financement de la dépendance, actif dit réel assurant a priori une protection contre l’inflation, le logement est au cœur de la vie économique et de la question sociale. Dans un pays de la dimension du Luxembourg où les centres d’emploi ne sont pas multiples , le pouvoir d’achat élevé, la population en forte croissance à la faveur d’une immigration nette soutenue, et le désir de devenir propriétaire largement répandu, il est logiquement le sujet de préoccupation numéro un.

Hélas, la compréhension des mécanismes qui déterminent les prix immobiliers, influencent l’activité du secteur de la construction ou dictent les difficultés à se loger fait parfois défaut et la grille d’analyse de la politique du logement est plus souvent subjective, voire politico-passionnelle, que factuelle.

Dans ce recueil de la Fondation IDEA, agrémenté de commentaires externes, le verre (immobilier) n’est décrit ni à moitié vide, ni à moitié plein, mais tel quel. Puissent les réflexions qui y figurent alimenter judicieusement les débats et avoir autant de succès dans l’art de l’analyse que dans celui de la persuasion.

Les auteurs

Pierre Ahlborn ¦ Nathan Vitiello ¦ Sarah Mellouet ¦ Jean-Jacques Rommes ¦ Michel-Edouard Ruben ¦ Victor Weitzel ¦ Michel Wurth

Consulter en ligne le recueil

Pour télécharger le recueil :

couverture recueil logement

Un Recueil d’IDEA à (re)lire au coin du feu

À l’approche des fêtes de fin d’année et d’une période de congés propice à la réflexion, la Fondation IDEA vous propose de commander gratuitement un exemplaire de son Recueil :

   

Inventaire avant sortie de crise !

Les forces pandémiques ont balayé de nombreux tabous de la pensée économique conventionnelle et les mesures de soutien budgétaires – qui ont accompagné et facilité la relative bonne résilience de l’économie luxembourgeoise – auront été bien supérieures à ce que nous osions imaginer au démarrage de la crise.

Sur le plan économique, l’« embellie » est confirmée. Elle est toutefois sujette à caution tant les questions ouvertes (concernant le logement, la poursuite du télétravail, l’envie d’entreprendre, la montée des inégalités, le renouveau de la culture, la gestion des dettes, la lutte contre l’épidémie, la conduite des plans de relance, les risques de faillites et de multiplications de litiges entre co-contractants) ne manquent pas.

Les contributions contenues dans cette publication visent à éclairer ces questions.

Les auteurs

Muriel Bouchet, Directeur de la Fondation IDEA asbl ¦ Julie Boyer, Docteure en droit / Juriste à Clifford Chance Luxembourg ¦ Christel Chatelain, Head of Economic Affairs à la Chambre de Commerce du Luxembourg ¦ Louis Chauvel, Professeur de sociologie à l’Université du Luxembourg ¦ Narimène Dahmani, Économiste à la Fondation IDEA asbl ¦ Vincent Hein, Économiste à la Fondation IDEA asbl ¦ Georges Heinrich, Ph.D. (Economics), Secrétaire Général de la Banque de Luxembourg ¦ Sylvain Hoffmann, Directeur de la Chambre des Salariés ¦ François Koulischer, Professeur, Université du Luxembourg, Département de Finance ¦ Jean-Paul Olinger, Directeur de l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL) ¦ Antoine Paccoud, Chercheur au LISER ¦ Sidonie Paris, Économiste à la Chambre de Commerce du Luxembourg ¦ Pauline Perray, STATEC, Division Conjoncture, Modélisation et Prévision ¦ André Prüm, Professeur, Université du Luxembourg, Département de Droit ¦ Michel-Edouard Ruben, Senior Économiste à la Fondation IDEA asbl ¦ Céline Schall, Docteure en Sciences de l’information et de la communication, Ph.D. en Muséologie, Médiation et Patrimoine, Chercheure associée à Avignon Université, Chargée d’études et de formations au Service Culture de la Ville d’Esch ¦ Alain Steichen, Professeur associé à l’Université du Luxembourg, Managing partner à Bonn Steichen & Partners ¦ Thi Thu Huyen Tran, STATEC, Division des Statistiques Sociales et Université du Luxembourg, Département d’économie et de gestion.

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Retour sur la conférence du Prof. Dr Paul Wilmes | The COVID-19 pandemic and the response by the scientific community in Luxembourg

Compte-rendu de Romain Penning, CDO Amis de l’Université du Luxembourg

Mercredi 17 novembre la Fondation Idea et les Amis de l’Université du Luxembourg ont invité leurs membres et sympathisants à la Chambre de Commerce pour une conférence du Prof. Dr Paul Wilmes, l’un des portes paroles de la COVID-19 Task Force[1] et chercheur au Luxembourg Centre for Systems Biomedicine de l’Université du Luxembourg.

La COVID-19 Task Force a été créée afin d’offrir au système de santé du pays l’expertise combinée disponible au sein de la recherche publique luxembourgeoise, soutenue par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Depuis sa création en mars 2020 son but principal est de permettre au Gouvernement et au Ministère de la Santé une prise de décision et un lancement rapide des projets à mettre en place pour faire face au mieux à la crise sanitaire.

Le témoignage du Professeur Wilmes fut l’occasion de se replonger dans les premiers jours de la pandémie, une période où l’incompréhension, l’inquiétude, voire la peur étaient au rendez-vous. Face à cette situation extrême, la COVID-19 Task Force a tout d’abord commencé, suites aux demandes prioritaires des ministères, à rassembler un maximum de bases de données auprès des organisations participantes. Un défi qui s’est avéré complexe étant donné que certains acteurs impliqués n’avaient jamais travaillé aussi étroitement ensemble jusqu’alors. Sur base de premières analyses et conclusions le Luxembourg a par la suite rapidement misé sur le Large-Scale Testing. Un outil « formidable » qui permettait aux chercheurs de faire les premières prédictions épidémiques, et d’accompagner la réouverture des écoles, des commerces et d’autres secteurs d’activité. Selon le Professeur Wilmes, d’autres paramètres de pilotage se sont également avérés très utiles pour la COVID-19 Task Force, comme la surveillance du SARS-CoV-2 dans les eaux usées et la détection des diverses souches de SARS-CoV-2 en circulation, les analyses d’impacts socio-économiques de la pandémie et bien entendu aussi l’infectiosité du virus, sans oublier le Large-Scale Testing combiné au Contact Tracing.

Selon le Professeur, il est désormais possible d’affirmer que la quasi-totalité des prévisions épidémiques faites par la Task Force COVID-19 étaient très proches de la réalité et qu’elles ont permis au gouvernement de limiter la durée des périodes de confinement au Luxembourg, notamment en comparaison internationale. Plusieurs études ont également montré que le taux de létalité (1,02%) est resté relativement faible au Luxembourg.

Le Professeur Wilmes a insisté sur le fait que ces résultats sont probablement le fruit d’une collaboration efficace entre les institutions universitaires et le gouvernement luxembourgeois.

Dans sa conclusion, le professeur Paul Wilmes a exprimé son entière satisfaction à l’égard de cette collaboration très fructueuse. Tous les acteurs impliqués ont su planifier et mettre en œuvre, dans un délai minimal, une toute nouvelle stratégie d’atténuation et, avec la population luxembourgeoise et frontalière, ils ont établi une routine efficace et fluide pour faire face à cette pandémie. Le défi actuel porte davantage sur l’efficacité et la couverture vaccinale, mais également sur les conséquences du COVID long, qui restent bien sûr à étudier. Pour ces raisons, le professeur a finalement appelé le gouvernement à communiquer encore davantage au grand public ce bilan tout à fait positif du COVID19 Task Force et de la coopération scientifique, car atteindre l’immunité collective doit plus que jamais être l’objectif premier pour faire face à cette pandémie.


[1] La COVID-19 Task Force regroupe au total les 7 institutions suivantes : LIH (Luxembourg Institute of Health), LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research), LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology), LNS (Laboratoire National de Santé), Luxinnovation, l’Université du Luxembourg et le Fond National de la Recherche.

Retrouvez les photos de l’événement :

 

Pour télécharger la présentation du Prof. Dr Paul Wilmes  :

The COVID-19 pandemic and the response by the scientific community in Luxembourg

 

Retour sur la Matinale – « Politique(s) du logement : Bons motifs, gros montants, faux problèmes, vrais enjeux, Et cetera » – 10 novembre 2021

Mercredi 10 novembre, la Fondation IDEA a tenu une Matinale sur le thème du logement devant un large public en présence de Madame Semiray Ahmedova, Députée, Présidente de la Commission du Logement et de Monsieur Nicolas Buck, CEO de Seqvoia SA. L’événement a débuté par une présentation de Michel-Edouard Ruben, Senior Economiste à la Fondation IDEA.

Cette Matinale a été l’occasion d’échanger sur le taux de propriétaires (68,4%) supérieur à ce qu’il était en 1970 (56%) et au même niveau qu’en 2010 (68,1%), la politique de logements abordables, les formes nouvelles et alternatives d’habitation, l’importance de l’urbanisme, les potentiels effets d’aubaine induits par les aides à l’accession à la propriété, la possibilité de nouer des contrats avec les propriétaires de terrains pour les inciter à les mobiliser, la (non)responsabilité sociale des entreprises de loger leurs salariés, la fiscalité immobilière, etc.

La séance de questions/réponses avec les plus de 70 participants aura été aussi vive que constructive.

Retrouvez les photos de l’événement :

Lien vers les articles de presse suite à la Matinale :

 

Retour sur la Matinale – « Réforme fiscale, un concept à la com’ ? » – 07 juillet 2021

Mercredi 7 juillet IDEA a tenu une Matinale sur le thème « Réforme fiscale, un concept à la com ? », avec Sylvain Hoffmann, Directeur de la Chambre des Salariés, Jean-Paul Olinger, Directeur de l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL) et Alain Steichen, Professeur associé à l’Université du Luxembourg, Managing partner à Bonn Steichen & Partners.

Lors d’une discussion animée par Michel-Edouard Ruben, Senior Economiste à la Fondation IDEA, les trois invités ont eu l’occasion de développer leurs contributions au recueil d’IDEA « Inventaire avant sortie de crise ! » paru le 17 juin dernier et d’aborder diverses questions comme la possibilité de « réformer la fiscalité », les notions de « justice fiscale » et de fiscalité « internationale » des entreprises, ou encore l’importance de la fiscalité dans la lutte contre les inégalités et dans la construction d’un « après » soutenable.

Compte-rendu de la matinale

Michel Wurth, Président du Conseil d’Administration d’IDEA, prononce le mot de bienvenue, en évoquant le danger de confrontation associé au concept de justice fiscale si cela veut dire que certains doivent payer pour que d’autres puissent recevoir. Une telle situation ne correspondrait pas au modèle luxembourgeois, qui doit être consensuel et non émotionnel. Il souligne également l’importance de l’efficience de la dépense publique, qui représente dans les pays développés de 45 à 55% du PIB environ. C’est là le premier élément de réflexion en vue d’une réforme fiscale. Il conviendrait d’ailleurs d’étudier précisément qui paie et qui reçoit. Il apparaîtrait alors que notre modèle est moins injuste qu’il n’y paraît de prime abord. C’est sur un modèle d’efficience que repose notre régime social et la redistribution associée et il faut faire en sorte que toutes les personnes vivant au Luxembourg se sentent à l’aise et profitent de transferts sociaux leur permettant d’avoir une vie digne de notre modèle économique.  La fiscalité a un rôle à jouer, mais ce n’est pas en prenant simplement davantage là où il y a de l’argent que l’on va trouver la solution. Les pays qui pratiquent plus de justice fiscale qu’au Luxembourg affichent d’ailleurs des performances économiques moindres, le revenu national par habitant étant moins élevé, le salaire minimum et les prestations sociales bien moins généreux.

Vient ensuite la discussion en panel. Michel-Edouard Ruben, qui anime le débat, a d’emblée demandé aux intervenants de définir le concept de « réforme fiscale ». Jean-Paul Olinger (Directeur de l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL) évoque la « quadrature du cercle » consistant à concilier la cohésion économique, l’efficience, les « caisses de l’Etat » et l’entrepreneuriat/innovation. Sylvain Hoffmann, Directeur de la Chambre des Salariés (CSL) ramène pour sa part l’apport d’une réforme fiscale sur le terrain de la justice fiscale et de la lutte contre les inégalités, les finances publiques ne constituant pas un réel problème actuellement au Luxembourg en dépit de la crise sanitaire. Des déséquilibres se manifestent actuellement en termes de grands agrégats, notamment l’érosion continue de la part de l’imposition des sociétés dans l’imposition totale et la concentration de l’impôt des personnes physiques sur les classes moyennes et les salariés. Il regrette enfin le manque endémique de données. Selon Alain Steichen, Professeur associé à l’Université du Luxembourg et Managing partner à Bonn Steichen & Partners, une réforme fiscale consiste à « re-former » l’existant, ce qui présuppose un changement structurel profond. A cette aune, seules les réformes de 1967 et 1990 (et encore…) seraient des réformes fiscales à part entière. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose : selon Montesquieu, il convient de changer les lois « les mains tremblantes ».

Mentionnant le récent accord du G7 sur une fiscalité internationale des sociétés (répartition d’une partie des bénéfices et taux minimum d’imposition, Jean-Paul Olinger souligne les risques associés au fait de bousculer un « état stable » existant. Il évoque notamment les nouvelles règles envisagées en ce qui concerne la répartition d’une partie des bénéfices entre les pays d’établissement et les pays de consommation finale. Sylvain Hoffmann considère pour sa part qu’il était temps de stopper une évolution conduisant à une disparité croissante dans l’imposition des sociétés sur le plan international. L’accord du G7 (et dans le cadre de l’OCDE) constitue en théorie une menace pour l’activité économique au Grand-Duché, mais après tout « Dieu est Luxembourgeois » et le Luxembourg a fait preuve de résilience face à divers aménagements précédents de la fiscalité internationale. Il convient par ailleurs de tenir compte d’autres facteurs d’attractivité (écosystème).

Alain Steichen différencie pour sa part sa réponse en fonction des deux piliers des récents accords du G7. Le pilier « répartition des bénéfices » (en direction des pays où se localise la consommation) constitue une évolution marquante. Il concerne les grands groupes, dont le chiffre d’affaires consolidé dépasse les 20 milliards de dollars. Pas plus de 5 sociétés seraient concernées au Luxembourg, avec un impact potentiel a priori assez réduit sur les finances publiques. Le 2ème pilier (taux minimum) ne devrait pas non plus affecter considérablement les finances publiques, car il ne s’applique qu’à des sociétés dont le chiffre d’affaires excède 750 millions de dollars. Mais « le diable sera dans les détails » (voir la définition des bases, notamment).

Michel-Edouard Ruben se demande ensuite ce que pourrait être une réforme fiscale au Luxembourg. Jean-Paul Olinger affirme que le Luxembourg ne s’est pas trop mal sorti de la crise sanitaire, mais compte tenu de l’évolution des contraintes internationales, il doit veiller à maintenir son attractivité en ce qui concerne les talents, l’innovation et la fiscalité. Sans oublier la nécessité d’investir sans attendre afin d’amorcer avec succès la transition digitale et environnementale.

Sylvain Hoffmann met en avant la nécessité d’améliorer la situation des titulaires de faibles revenus, ce qui exige cependant d’importants travaux préparatoires. La non-adaptation actuelle des barèmes à l’inflation constitue déjà en soi une réforme « automatique » (comprimant la progressivité de l’imposition au fil du temps).

Alain Steichen affirme enfin que l’équilibre budgétaire reviendra de lui-même, à la faveur du rebond économique. La pandémie n’en constitue pas moins un choc, qui obligera à remettre en question certains réflexes et à se poser les bonnes questions : « où veut-on être dans 5 à 10 ans ? ». Il convient d’arbitrer, de pondérer, de lancer le débat en exploitant l’actuelle fenêtre d’opportunité. En n’oubliant pas néanmoins que la création de richesses précède la distribution, sinon « on aura tout faux ».

Michel-Edouard Ruben évoque ensuite les propositions de réforme de Dan Kersch (« faire payer les gagnants de la crise »). Quid d’une contribution de crise ? Sylvain Hoffmann affirme qu’une telle contribution ne serait plus nécessaire en cas de mise en place d’un système fiscal plus juste. Par le passé, certaines contributions de crise (comme l’IEBT) ont d’ailleurs été à rebours de la justice fiscale. Jean-Paul Olinger souligne quant à lui qu’il est extrêmement difficile d’identifier les « gagnants de la crise », car tout dépend de la période considérée, de l’activité (par exemple un magasin d’ameublement peut être gagnant pendant la crise et reperdre du chiffre d’affaires par la suite, avec une situation inversée pour les agences de voyage) ou encore du statut considéré (personnes physiques ou morales ?). Pour Alain Steichen également, la plus grande prudence s’impose. Le système fiscal actuel comporte déjà une forme de taxation des « gagnants » de la crise. Par ailleurs, imposer les seuls effets d’aubaine financiers ne serait pas cohérent si les effets d’aubaine immobiliers sont pour leur part préservés. Une contribution ne frappant que les sociétés, avec des critères peu clairs de surcroît, ne serait pas du tout justifiée.

Abordant l’impôt foncier, Michel-Edouard Ruben demande s’il ne s’imposerait pas de relever ce dernier, qui représente 0,1% du PIB au Luxembourg contre 1% environ dans l’ensemble de l’Union européenne. Sylvain Hoffmann considère qu’un ajustement de cet impôt se justifierait en principe, mais comment le mettre en œuvre ? Un cadastre des propriétés serait nécessaire. Il s’imposerait surtout de lutter contre la spéculation immobilière, de prévoir une imposition additionnelle des terrains vides. Cela n’a pas été fait, la complexité de la situation étant souvent évoquée. Il se demande cependant s’il n’existe pas une tendance à « se cacher derrière cet argument ». Jean-Paul Olinger n’est pas non plus opposé à une refonte de la fiscalité foncière. L’objectif ultime n’étant cependant pas l’alimentation des caisses de l’Etat. Il conviendrait d’ailleurs de ne pas modifier l’imposition globale, un éventuel relèvement de l’impôt foncier devant dès lors faire partie d’un « tax shift » plus global. Il évoque également une surtaxe des surfaces vides et se demande s’il ne conviendrait pas de se limiter aux terrains. Il souligne enfin l’importance de l’autonomie communale au Luxembourg. Enfin, Alain Steichen insiste sur le but recherché. S’il s’agit de s’orienter vers une fiscalité plus contributive, un impôt sur le capital global (et non sur la seule composante immobilière) serait plus approprié. Via par exemple une réintroduction de l’impôt sur la fortune des ménages au Luxembourg ?

S’il s’agit de fluidifier le marché immobilier (favoriser l’offre, éviter que des propriétaires ne se reposent sur leurs terrains), un réaménagement de l’impôt foncier lui semble plus approprié.

Michel-Edouard Ruben pose une dernière question sur l’aménagement de l’imposition des entreprises, en termes d’impôts directs sur les sociétés mais aussi de cotisations sociales. Alain Steichen rétorque qu’il importe d’opérer une distinction entre les deux prélèvements. L’impôt des sociétés n’est in fine que partiellement supporté par les sociétés, car il se répercute sur les salariés, les consommateurs ou les fournisseurs. Les Soparfi ne pouvant pour leur part répercuter cet impôt que sur leurs actionnaires (souvent étrangers), l’impôt associé est au final pris en charge par un agent sur lequel le Gouvernement luxembourgeois n’a guère prise. Opposer l’imposition des ménages à celle des sociétés n’a dès lors guère de sens. En ce qui concerne les cotisations sociales, un déplafonnement des cotisations du régime général devrait s’accompagner d’un déplafonnement des pensions futures, faute de quoi nous nous orienterions vers une fiscalisation accrue. Mais un tel déplafonnement serait exclu dans le domaine de la santé, le système actuel étant déjà très redistributif en dépit du plafonnement.

Jean-Paul OIinger est d’accord avec Maître Steichen : on ne peut imposer ce qui n’existe pas et l’impôt sur les sociétés réduit la capacité des entreprises à investir et innover. La question de l’utilité même de l’imposition des sociétés se pose d’ailleurs, ces dernières étant déjà taxées en amont. Au Luxembourg, une remise en question de cet impôt ne s’impose cependant pas. Les cotisations sociales sont quant à elles doublement redistributives, avec la prise en charge (pour les pensions) d’un tiers des cotisations par l’Etat et le système de plafonnement. Un déplafonnement asymétrique serait quant à lui synonyme de fiscalisation accrue de la sécurité sociale, à l’instar du système américain par exemple. Un déplafonnement symétrique (pensions et cotisations) induirait quant à lui d’importantes charges nettes de pension futures car comme l’a montré une étude d’IDEA, le rendement des cotisations en termes de pensions futures est très élevé au Grand-Duché.

Sylvain Hoffmann attire enfin l’attention sur une étude de la Banque mondiale où a été calculée l’imposition globale des sociétés. Il apparaît que le Luxembourg se situe « vers le bas » à cette enseigne. Il affirme enfin que davantage de données fiscales seraient nécessaires et qu’il conviendrait de tenir compte de l’espérance de vie moyenne des divers groupes sociaux avant de procéder à une évaluation d’ensemble. En France, le système fiscal considéré dans sa globalité serait régressif, en raison notamment de la TVA et du plafonnement des cotisations sociales. Il invite par ailleurs à envisager une imposition accrue des dividendes.

Lors de la (riche) session de questions et réponses, il a été question notamment de la situation des ménages monoparentaux (une approche globale est nécessaire en la matière selon Alain Steichen, en considérant notamment les allocations familiales), la taxation des droits de succession en ligne directe ou encore l’imposition de l’immobilier (question de l’adaptation de l’impôt foncier, notamment).

Retrouvez un extrait des échanges de la Matinale :

Extrait de la Matinale :

Recueil d’IDEA : Inventaire avant sortie de crise !

Inventaire avant sortie de crise !

Le 17 Mars 2020, nous publiions « La santé d’abord, l’économie ensuite », un texte dont le titre nous avait été soufflé par un « acteur de la place ». Alors que l’état de crise sanitaire était sur le point d’être décrété (18 mars) et que les pouvoirs publics venaient de décider de mettre à l’arrêt une partie des activités de commerce (16 mars), nous y défendions l’idée d’un programme financier détaillé d’intervention pandémique (PFDIP) afin de lutter contre la récession qui s’annonçait. Au moment de publier ce document voilà plus d’un an, nous nous demandions si nous n’avions pas un peu trop chargé la barque.

Pourtant, à l’aune des événements qui ont suivi, nous avions eu tort d’avoir été timorés. Les forces pandémiques ont balayé de nombreux tabous de la pensée économique conventionnelle et les mesures de soutien budgétaires – qui ont accompagné et facilité la relative bonne résilience de l’économie luxembourgeoise – auront été bien supérieures à ce que nous osions imaginer.

Actuellement, la situation sanitaire et économique tend à s’améliorer grâce, entre autres, à la double prouesse que constituent l’intégration des « mesures barrières » dans les comportements et la disponibilité de plusieurs vaccins. L’« embellie » est toutefois sujette à caution tant les questions ouvertes (concernant le logement, la poursuite du télétravail, l’envie d’entreprendre, la montée des inégalités, le renouveau de la culture, la gestion des dettes, la lutte contre l’épidémie, la conduite des plans de relance, les risques de faillites et de multiplications de litiges entre co-contractants) ne manquent pas.

Les contributions contenues dans cette publication visent à éclairer ces questions.

Les auteurs

Muriel Bouchet, Directeur de la Fondation IDEA asbl ¦ Julie Boyer, Docteure en droit / Juriste à Clifford Chance Luxembourg ¦ Christel Chatelain, Head of Economic Affairs à la Chambre de Commerce du Luxembourg ¦ Louis Chauvel, Professeur de sociologie à l’Université du Luxembourg ¦ Narimène Dahmani, Économiste à la Fondation IDEA asbl ¦ Vincent Hein, Économiste à la Fondation IDEA asbl ¦ Georges Heinrich, Ph.D. (Economics), Secrétaire Général de la Banque de Luxembourg ¦ Sylvain Hoffmann, Directeur de la Chambre des Salariés ¦ François Koulischer, Professeur, Université du Luxembourg, Département de Finance ¦ Jean-Paul Olinger, Directeur de l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL) ¦ Antoine Paccoud, Chercheur au LISER ¦ Sidonie Paris, Économiste à la Chambre de Commerce du Luxembourg ¦ Pauline Perray, STATEC, Division Conjoncture, Modélisation et Prévision ¦ André Prüm, Professeur, Université du Luxembourg, Département de Droit ¦ Michel-Edouard Ruben, Senior Économiste à la Fondation IDEA asbl ¦ Céline Schall, Docteure en Sciences de l’information et de la communication, Ph.D. en Muséologie, Médiation et Patrimoine, Chercheure associée à Avignon Université, Chargée d’études et de formations au Service Culture de la Ville d’Esch ¦ Alain Steichen, Professeur associé à l’Université du Luxembourg, Managing partner à Bonn Steichen & Partners ¦ Thi Thu Huyen Tran, STATEC, Division des Statistiques Sociales et Université du Luxembourg, Département d’économie et de gestion.

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Conférence – Forums Economiques de la Sorbonne – 2 juin 2021

Muriel Bouchet, Directeur d’IDEA, a participé à une table ronde sur « Financer l’économie de demain » à l’occasion des Forums Economiques de la Sorbonne, qui se tenaient à Paris les 1er et 2 juin 2021.

Avant d’en débattre avec Simon Ray, Economiste à la Société Général ; Christine Jacglin, Directrice Générale, Banque Palatine ; Camille Leca, Directrice des activités de cotations du groupe Euronext et Victor Lequillerier, vice-président du laboratoire d’idées BSI Economics, il a réalisé une présentation portant sur les capacités de financement des Etats et les enjeux du financement de la transition écologique et climatique (TEC).

La présentation a été l’occasion de mettre en avant que « La TEC pourrait s’avérer peu coûteuse en termes d’endettement public à moyen terme, pourvu toutefois que les projets d’investissement associés soient bien sélectionnés », mais aussi que « Soutenir la croissance économique est essentiel. En France, une croissance annuelle plus élevée à raison de 0,2% induirait une diminution de quelque 10 points de PIB du ratio d’endettement à l’horizon 2040 ».

Muriel Bouchet a également abordé la question d’une « Relance européenne du type “Plan Biden” »

Selon lui, « La solidarité européenne s’impose. Le plan de relance européen est un pas dans la bonne direction, mais son impact sur les pays à dette publique élevée semble trop mesuré par rapport au dérapage observé et prévisible de leur endettement public ». Par ailleurs, la présente situation économique (taux d’intérêt bas, PIB toujours bien inférieur à sa « trajectoire hors COVID », importants besoins) justifie un accent accru sur les investissements en infrastructures.

Retrouvez, ci-dessous, l’intégralité de la conférence : “ Financer l’économie de demain”

Le télétravail dans l’espace transfrontalier : une solution miracle ?

Ce mercredi 31 Mars 2021 a eu lieu la visioconférence Quo vadis Grande Région sur le thème: “Le télétravail dans l’espace transfrontalier, une solution miracle ?”, organisée en collaboration avec l’IGR, la SOLEP et la Chambre de Commerce du Luxembourg.

Après un Keenote Speech de Vincent Hein, économiste IDEA, une table ronde a permis de débattre des nombreuses implications du développement du télétravail à l’échelle transfrontalière et de faire le point sur les freins actuels, les opportunités mais aussi les risques qu’il représente. Pour en discuter, étaient présents :

Pierre Cuny, président de la Communauté d’agglomération Portes de France Thionville, maire de Thionville ;

Julien Dauer, coordonnateur Grand Est, responsable du service juridique, Frontaliers Grand Est ;

Marie-Josée Vidal, conseiller de gouvernement 1ère classe, coordinatrice générale, département de l’Aménagement du territoire, Ministère luxembourgeois de l’Energie et de l’Aménagement du territoire ;

Vincent Hein, économiste IDEA.

Retrouvez, ci-dessous, l’intégralité de l’événement  :

Extrait de la présentation introductive :

Pour télécharger la présentation de Vincent Hein :
Le télétravail, solution miracle ?

Construction et Covid : un état des lieux

Ce lundi 08 Mars 2021 a eu lieu notre visioconférence sur le thème : Construction et Covid, un état des lieux.

Un événement en collaboration avec l’Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils (OAI), modéré par le journaliste Thierry Nelissen.

Après l’arrêt des chantiers pendant un mois au printemps dernier, comment l’incertitude actuelle sur les conditions de la sortie de crise affecte-t-elle l’activité de ce secteur et des multiples domaines d’activité qui le composent ? Le gouvernement a montré qu’il était prêt à soutenir autant que nécessaire l’économie avec des mesures ciblées : comment les entreprises de cette branche ont-elles accueilli ces dispositifs ?

Dans les prochaines années, entre les difficultés de recrutement, les besoins considérables en logement et en infrastructures et la crise écologique, comment répondre aux équations toujours plus complexes qui se profilent pour les acteurs du secteur ?

D’ailleurs, combien la construction pèse-t-elle réellement dans l’économie luxembourgeoise de manière directe, indirecte… et induite ?

Autant de questions que l’OAI et la Fondation IDEA ont abordé avec une architecte, deux Ministres et un représentant de la Chambre des Métiers.

Après une introduction de Muriel Bouchet, Directeur d’IDEA, sur le poids de la construction au Luxembourg, Michelle Friederici, architecte et Gilles Christnach, ingénieur-conseil ont apporté un témoignage sur la continuité de leurs activités pendant le confinement… et en ont tiré des leçons éclairantes pour l’avenir.

S’en est suivi une table ronde avec François Bausch, Vice-Premier Ministre, Ministre de la Mobilité et des Travaux publics et Ministre de la Défense; Lex Delles, Ministre des Classes moyennes et Ministre du Tourisme; Sala Makumbundu, Architecte, Secrétaire Générale OAI et Paul Nathan, Entrepreneur, Vice-Président de la Chambre des Métiers.

Après une séance de questions/réponses entre le public et les membres de la table ronde, Pierre Hurt, Directeur OAI nous a offet quelques mots de conclusion.

Retrouvez, ci-dessous, l’entièreté de l’événement  :