Document de travail N°20 : Contribution aux Assises – anticipées – du Logement

© photo : Julien Mpia Massa

« La crise du logement » sans cesse évoquée dans les médias et les discours politiques ces dix dernières années – alors que le marché immobilier connaissait un cycle d’une ampleur exceptionnelle marqué par la flambée des prix et l’envolée de l’endettement des ménages – est (enfin) là, précipitée par la remontée des taux d’intérêt.

Le recul prononcé (-28%) du nombre d’autorisations de bâtir délivrées sur les 9 premiers mois de l’année 2022 et l’effondrement des ventes de logements en état futur d’achèvement (-36% au troisième trimestre 2022 en glissement annuel) semblent ainsi annoncer un net ralentissement à venir de l’activité dans le secteur de la construction résidentielle .

Dans un tel contexte, la politique du logement, dont l’un des objectifs principaux (jamais atteint) a un temps été de stabiliser/maîtriser les prix immobiliers , doit s’atteler, compte tenu des perspectives démographiques et de l’importance économique du secteur de la construction (près de 15% des emplois avec les effets indirects et induits) , à relancer la production de logements neufs afin d’éviter au Grand-Duché, où le parc immobilier est relativement sous-dimensionné (387 logements pour 1.000 habitants contre 468 logements pour 1.000 habitants dans les pays de l’OCDE), de sombrer dans une crise de mal logement et/ou de perte d’attractivité causée par une situation de pénurie de logements.

Empêcher que l’activité de construction résidentielle ne connaisse un important trou d’air c’est également éviter au secteur une perte définitive de potentiel de croissance qui pourrait advenir à cause de faillites d’entreprises et/ou de difficultés de reconstitution de la main-d’œuvre  et serait synonyme d’affaiblissement durable du nombre de logements (pouvant être) construits chaque année.

Consulter en ligne le Document de travail

Pour télécharger le Document de travail :

C’est graphe docteur ? La construction : secteur d’hommes où les femmes gagnent plus

Il n’est un secret pour personne, les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes au Luxembourg (67 675 euros de salaire annuel moyen pour un équivalent temps plein chez les hommes contre 62 829 chez les femmes en 2018[1]). Sauf que ce ne sont pas réellement tous les secteurs qui sont concernés puisque celui de la construction se distingue à ce niveau.

Ce monde d’hommes (92% des salariés dans ce secteur sont des hommes) est le seul secteur où l’on constate des gains annuels bruts moyens pour les femmes supérieurs à ceux des hommes. Ces derniers gagnent en effet 43 740 euros contre 47 531 euros pour les femmes.[2]

Source : STATEC

Les écarts salariaux entre les sexes (Gender Pay Gap ou GPG) sont de 10% dans l’industrie et les services considérés conjointement, de 15% dans la seule industrie, de 21% dans les services et de -9% dans la construction (lorsque le chiffre est positif, l’écart est en faveur des hommes et s’il est négatif, il est en faveur des femmes). De plus, une précision s’impose à ce stade : le Gender Pay Gap ne donne pas des résultats « à poste égal ». Autrement dit, la structure de l’emploi n’est pas prise en compte, seuls les salaires selon le sexe étant retenus sans autre variable d’ajustement que le calcul en équivalent temps plein.

Mais qu’est ce qui peut justifier cela ?

La première raison qu’il est possible d’avancer est que les fonctions occupées par les hommes dans ce secteur diffèrent de celles des femmes. Ils sont souvent ouvriers et donc des « cols bleus » quand les femmes sont quant à elles plutôt vouées à être des secrétaires, des assistantes de direction, des « cols blancs » en d’autres termes, c’est-à-dire des fonctions plutôt administratives et donc mieux rémunérées.

Deuxième élément de réponse : la représentation des femmes dans des postes de direction dans la construction : en 2015, lorsqu’elles ne représentent « que » 8% des salariés, elles sont tout de même 11% à la tête d’une entreprise[3] ce qui implique des salaires potentiellement plus élevés, bien qu’elles ne soient pas uniquement rémunérées sous la forme de salaires.

Malgré le fait que le Luxembourg fasse figure de (très) bon élève en matière d’écarts salariaux au niveau européen, avec une deuxième place en termes d’écart salarial annuel moyen brut et une première place en ce qui concerne les écarts des salaires horaires, des efforts restent encore à fournir. L’objectif final étant de tendre vers un GPG égal à 0 dans tous les secteurs.


[1] STATEC, Regards n14, Salaires au Luxembourg : finances en tête, horeca en queue de peloton, 2021.

[2] STATEC, Le Luxembourg en chiffres, 2021

[3] Les femmes et les hommes dans la prise de décision économique au Luxembourg, Rapport réalisé pour le Ministère de l’Égalité des chances – Actualisation 2015

Construction et Covid : un état des lieux

Ce lundi 08 Mars 2021 a eu lieu notre visioconférence sur le thème : Construction et Covid, un état des lieux.

Un événement en collaboration avec l’Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils (OAI), modéré par le journaliste Thierry Nelissen.

Après l’arrêt des chantiers pendant un mois au printemps dernier, comment l’incertitude actuelle sur les conditions de la sortie de crise affecte-t-elle l’activité de ce secteur et des multiples domaines d’activité qui le composent ? Le gouvernement a montré qu’il était prêt à soutenir autant que nécessaire l’économie avec des mesures ciblées : comment les entreprises de cette branche ont-elles accueilli ces dispositifs ?

Dans les prochaines années, entre les difficultés de recrutement, les besoins considérables en logement et en infrastructures et la crise écologique, comment répondre aux équations toujours plus complexes qui se profilent pour les acteurs du secteur ?

D’ailleurs, combien la construction pèse-t-elle réellement dans l’économie luxembourgeoise de manière directe, indirecte… et induite ?

Autant de questions que l’OAI et la Fondation IDEA ont abordé avec une architecte, deux Ministres et un représentant de la Chambre des Métiers.

Après une introduction de Muriel Bouchet, Directeur d’IDEA, sur le poids de la construction au Luxembourg, Michelle Friederici, architecte et Gilles Christnach, ingénieur-conseil ont apporté un témoignage sur la continuité de leurs activités pendant le confinement… et en ont tiré des leçons éclairantes pour l’avenir.

S’en est suivi une table ronde avec François Bausch, Vice-Premier Ministre, Ministre de la Mobilité et des Travaux publics et Ministre de la Défense; Lex Delles, Ministre des Classes moyennes et Ministre du Tourisme; Sala Makumbundu, Architecte, Secrétaire Générale OAI et Paul Nathan, Entrepreneur, Vice-Président de la Chambre des Métiers.

Après une séance de questions/réponses entre le public et les membres de la table ronde, Pierre Hurt, Directeur OAI nous a offet quelques mots de conclusion.

Retrouvez, ci-dessous, l’entièreté de l’événement  :

Décryptage N°19: Construction, un secteur de poids au Luxembourg

Le présent décryptage porte sur un secteur essentiel pour l’économie luxembourgeoise, à savoir la construction. Il s’agit de répondre à une question simple : quel est le poids exact de cette branche en termes d’activité et d’emploi ? Cette évaluation se base sur la construction – secteur multiforme s’il en est – telle qu’elle est définie dans les comptes nationaux. Cette « prise de poids » sera effectuée de manière directe dans un premier stade. Sera rajoutée dans une deuxième étape l’incidence indirecte de la construction sur la valeur ajoutée et l’emploi, qui reflète les effets d’entraînement de ce secteur sur toutes les autres branches de l’économie, via les différents fournisseurs successifs. Le tout sera « bouclé » par la prise en compte des effets induits, restituant le surcroît d’activité et d’emplois alimenté par la rémunération des employés de la construction (et de ses fournisseurs) ainsi que par les dépenses d’investissement de ces mêmes branches.

Tableau de bord économique et social – juillet 2020

Entre sortie du brouillard et vents contraires

Les indicateurs de ce Tableau de bord dessinent un tableau très contrasté de la situation économique et sociale en ce début d’été.

Les dernières prévisions du STATEC tablent sur une récession de 6,0% en 2020, suivie d’une croissance de 7,0% en 2021. La Commission européenne, qui vient de mettre à jour ses prévisions, projette de son côté un recul du PIB de 6,2% cette année, suivi d’un rebond plus modeste en 2021 (+5,4%). Au premier trimestre, le PIB se serait replié de 0,2% par rapport au premier trimestre 2019 d’après la première estimation du STATEC.

Si la reprise économique est encore difficile à qualifier et si le retour à la normale risque d’être long, certains indicateurs montrent tout de même des signes encourageants. Sur le marché du travail tout d’abord : alors qu’en mars et avril, le pays avait vu 8.900 emplois salariés détruits, le retour des créations d’emplois en mai, avec un niveau non-négligeable (+4.500 postes), est une bonne nouvelle. L’envolée du nombre de demandeurs d’emplois a été stoppée (-0,2% entre avril et mai) et le taux de chômage s’est stabilisé à 7%. Le déconfinement a également été propice au moral des consommateurs qui se redresse sensiblement en juin. La bonne tenue des marchés financiers a permis aux actifs des fonds de la place financière de poursuivre leur ascension. Enfin, la plupart des enquêtes sectorielles montre une amélioration des soldes d’opinion des entreprises quant à leur niveau d’activité, bien qu’ils restent en territoire négatif.

Mais des vents contraires peuvent encore souffler sur cette dynamique. La confiance en l’avenir pour les consommateurs et les investisseurs, l’absence de salariés (toujours en télétravail) pour les restaurateurs et les commerces, et bien sûr le virus, qui continue à circuler, et qui reste le premier risque…

En outre, le caractère « asymétrique » des conséquences de cette crise est de plus en plus visible, entre les secteurs, leurs salariés, mais aussi entre les pays et régions de l’UE.

Pour la reprise, il reste donc encore à transformer l’essai. Et, plus que jamais, à rester attentif à tous les signaux qui obligeraient des interventions publiques sur mesure et aussi fortes que nécessaires.

Pour télécharger le Tableau de bord économique et social

Pour télécharger le Tableau de bord économique et social