IA et place financière : retour sur la réunion conjointe du Conseil d’Administration, du Conseil Scientifique et de l’Équipe opérationnelle d’IDEA

Compte-rendu de Ioana Pop, Economiste IDEA

© photo : Julien Mpia Massa

Le 5 juillet 2023 a eu lieu la réunion conjointe du Conseil d’Administration, du Conseil Scientifique et de l’équipe opérationnelle de la Fondation IDEA asbl où le sujet du déploiement de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur financier au Luxembourg, mais aussi dans la société en général, a été discuté. À cette occasion, six intervenants dont quatre experts invités ont présenté plusieurs points de ce thème.

Jean-Jacques Rommes, Président du Conseil Scientifique, a présenté les questions éthiques liées à l’IA. Il a notamment mis en exergue le fait que pour l’IA, « la fin justifie les moyens », ce qui est contraire à la notion même d’éthique. Quelques faits et chiffres-clés pour mieux comprendre l’IA, ont ensuite été abordés par Hoai Thu Nguyen Doan Senior Economist à la Chambre de Commerce ; mettant en avant la progression spectaculaire de la « datasphère » (+21% par an au niveau mondial). Ensuite, la Prof. Dr. Michèle Finck, de l’Université de Tübingen, a exposé les avancés du règlement européen sur l’IA ; la proposition finale devrait être adoptée d’ici la fin de l’année. Elle détaillera les diverses obligations en fonction du degré de risque des applications d’IA. Puis, Laurent Probst, Partner, Economic Development, Digital transformation and Innovation à PwC, a montré les résultats d’une étude de 2023 intitulée « Use of Data Analytics and AI in Luxembourg » ; il a présenté une analyse sectorielle des niveaux d’investissement IA – qui paraissent insuffisants, comme plus généralement la prise de conscience dans le secteur privé. Le Prof. Dr. Pascal Bouvry, de l’Université du Luxembourg, a développé un exemple d’optimisation des fonds. Il a insisté sur l’énorme capacité de calcul des superordinateurs, permettant de construire des fonctions d’optimisation de portefeuilles. Enfin, l’importance des Fintechs, start-ups dans la finance, a été mise en valeur par Emilie Allaert, fondatrice et CEO de Digital Minds, en évoquant un certain nombre d’applications : gestion des e-mails, credit scoring, scrapping Internet et Intranet, ajustement des primes d’assurance, language processing, Regtech[1] et « compliance » face à un tsunami réglementaire, etc.

Après des présentations riches en informations, le débat a permis de constater à quel point l’IA avait le potentiel de transformer de nombreux secteurs de la société, notamment celui de la finance. Les avancées technologiques remodèlent les métiers des institutions financières et bancaires. Mais avec toutes ces évolutions, viennent aussi deux grands défis identifiés lors de la discussion qui s’est ensuivie, à savoir : d’une part un besoin en compétences humaines et techniques, et d’autre part le positionnement stratégique du Luxembourg et de sa place financière face à cette révolution technologique.

Le premier pose la question de l’éducation et de l’attraction des talents. Il est nécessaire de former et de recruter des professionnels capables de comprendre et d’appliquer l’IA dans le secteur financier. Cela passe notamment par le renforcement de l’attractivité des matières scientifiques dès le plus jeune âge (les mathématiques en particulier). Certaines initiatives participent au développement des compétences dans le domaine, comme l’institut Digital Learning Hub (DLH) à Belval, créé en mai 2022 à l’initiative du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, intégré dans le Service de la Formation professionnelle. Le DLH a la spécificité de proposer des cours de codage et d’enseignement sur la thématique du digital. De plus, l’école 42, une école de programmation lancée à Paris en 2013, présente dans 29 pays et qui partage les locaux au sein du DLH, pourrait permettre prochainement aux élèves d’apprendre à coder de manière autodidacte au Luxembourg. Des moyens récents ont été mis en place pour favoriser l’émergence de nouveaux talents, mais il faut aussi savoir les attirer, dans un contexte où le logement est souvent perçu comme inabordable par les étudiants étrangers. Pour résumer ce point en quelques mots, la solution est l’éducation.

Le second défi à relever porte sur le positionnement du Grand-Duché et de sa place financière face à la révolution de l’IA. Plusieurs aspects ont été soulignés par les participants, comme le Luxembourg en tant que carrefour de législations applicables, qui pourrait avoir un intérêt particulier à développer les Regtech, ou encore un important besoin d’attirer des centres de développement de l’IA pour faire émerger ainsi de nouvelles niches. Cela devra néanmoins se faire dans un contexte où les centres de décisions des institutions financières sont souvent localisés à l’étranger et nécessiterait une meilleure coordination des stratégies nationales en matière de transformation numérique. En outre, il serait utile de renforcer les incitations financières pour les entreprises souhaitant améliorer leur développement informatique (crédit d’impôt et aides directes, par exemple).

Grâce à leur compétence de faciliter l’accès aux services financiers, lequel historiquement était lié uniquement aux grandes institutions financières et bancaires, les Fintechs proposent des solutions accessibles à tous, grâce à des plateformes en ligne ou à des applications mobiles. De ce fait, elles ont révolutionné les paiements et les transferts d’argent, et ont rendu les transactions plus rapides, plus pratiques et moins coûteuses. Les algorithmes et l’IA utilisées par les Fintechs permettent d’analyser les données en temps réel, de fournir des recommandations personnalisées et d’automatiser certaines tâches, offrant ainsi une expérience d’investissement plus efficace. Afin de se démarquer et s’améliorer sur le marché, les business models des Fintechs incluent des combinaisons de différentes technologies, dont l’IA. De cette manière, les partenariats entre les Fintechs et les banques traditionnelles ainsi que les fonds ont également émergé, permettant ainsi une combinaison de l’expertise et de l’expérience des deux parties pour offrir les meilleurs services aux clients. Le développement de ces partenariats jouera un rôle crucial pour maintenir la compétitivité de la place financière luxembourgeoise.

Ces défis nécessitent une attention et des actions continues (comme la poursuite de développement des projets pilotes) pour garantir que l’IA soit utilisée de manière efficace et responsable dans le secteur financier au Luxembourg et ailleurs…


[1] Une Regtech ou Regulatory Technology est une entreprise (start-up) ou une technologie qui proposent des solutions pour aider les institutions financières et leurs clients à se conformer aux réglementations et aux exigences réglementaires en utilisant l’intelligence artificielle pour optimiser les analyses de données et ainsi offrir des solutions innovantes pour gérer des défis liés à la conformité réglementaire, telles que la détection de fraudes ou la conformité fiscale.

Décryptage N°26 : Place financière : combien d’emplois ?

© photo : Julien Mpia Massa

Diverses mesures de l’emploi dans le secteur financier circulent, mais elles répondent à des définitions à géométrie (très) variable, ce qui entretient une confusion certaine. Ce décryptage vise à pallier cette lacune. Il part de l’emploi « direct » et y ajoute les effets indirects (jouant par le truchement des différents fournisseurs du secteur financier, voire même les « fournisseurs des fournisseurs ») et induits (opérant par l’intermédiaire de la consommation et des investissements générés par le secteur financier). L’emploi « au sens large », qui intègre ces effets, excéderait en 2021 135 000 postes, soit l’équivalent de 30% des emplois au Grand-Duché.

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Place financière : combien d’emplois ?

C’est graphe docteur ? Luxembourg : la résilience économique mise à mal

Quel sera l’impact de la « crise ukrainienne » sur l’économie luxembourgeoise ? Même un économiste muni de doctorats en défense, en géostratégie et en histoire, intime de surcroît des sphères dirigeantes russes ne serait pas en mesure de fournir « la » réponse à une telle question. Une chose est sûre en tout cas : les prévisions de croissance, certes embrumées par les inévitables « risques et incertitudes », ont été nettement révisées à la baisse depuis l’invasion déclenchée le 24 février 2022, comme l’illustrent clairement les projections de la Commission européenne présentées le 16 mai dernier.

Graphique : PIB en volume au Luxembourg : décrochage par rapport à une « tendance » de 3 % par an (millions d’euros)

Sources : Commission européenne, STATEC et calculs IDEA.
Notes : graphique élaboré en valeurs de 2019 et en partant de la plus récente estimation du PIB en 2019. Tendance « de 3% » : elle est plus précisément basée sur la croissance moyenne de 2,93% l’an observée de 1999 à 2019.

Les prévisions « grand-ducales » de la Commission peuvent être utilement comparées à celles qui ont été diffusées par la même institution le 10 février 2022, soit deux semaines seulement avant l’invasion russe. Alors que les experts « de Bruxelles » tablaient encore en février sur un PIB luxembourgeois renouant miraculeusement avec sa tendance antérieure à la COVID, une configuration radicalement différente émerge en mai 2022.

Les prévisions de février (droite verte) laissaient augurer une croissance du PIB luxembourgeois de 3,9% en 2022, permettant au Luxembourg de rejoindre dès cette année la trajectoire de croissance « pré COVID » (droite orange), correspondant à une tendance « naturelle » de 3%. Alors que le grand-duché enregistrait encore une déperdition de PIB de quelque 3 milliards d’euros en 2020 par rapport à cette tendance, crise sanitaire oblige, cet écart est revenu à 0,6 milliard d’euros en 2021 et il était censé se résorber intégralement en 2022 et 2023 (le vert s’alignant sur l’orange).

Malheureusement et selon toute vraisemblance, cette « belle histoire » d’un effacement de la crise sanitaire – d’un point de vue strictement économique s’entend – n’aura pas résisté à l’actuel contexte, dominé par la crise ukrainienne. Les projections de mai 2022 laissent en effet augurer une perte de PIB excédant 1 milliard d’euros en 2022 et en 2023, toujours par rapport à la tendance de 3% l’an, en lieu et place de la « vertueuse convergence » attendue en février. À cette aune certes étroitement comptable et nonobstant les nombreux « risques et incertitudes », la résilience de notre économie n’aura pas survécu aux présentes tensions géopolitiques…

C’est graphe docteur ? Crises et difficultés des institutions bancaires

Selon le Consensus économique d’IDEA réalisé pour l’Avis Annuel 2022, 59% des répondants estiment qu’il y a peu voire très peu de chances que l’Etat luxembourgeois soit sollicité pour soutenir une ou plusieurs institutions financières en raison de la crise géopolitique actuelle. Toutefois, 14% d’entre eux jugent que la situation actuelle est propice voire très propice à une recapitalisation bancaire. Pourtant, si une banque luxembourgeoise devait prochainement rencontrer des difficultés, il y aurait fort à parier que la cause réelle provienne en réalité de son business model et que la crise géopolitique actuelle ou tout autre élément semblable n’est ni plus ni moins qu’un simple catalyseur.

Graphique : Probabilités que l’Etat luxembourgeois soit sollicité pour soutenir une ou plusieurs institutions financières en raison de la crise géopolitique actuelle

Source : Consensus économique d’IDEA (mars 2022)

En effet, une banque devient rarement insolvable du jour au lendemain. La plupart du temps, d’importantes vulnérabilités sont déjà ancrées dans son business model de manière structurelle. Une importante provision passée lors d’un choc économique (diminuant de ce fait ses actifs et capitaux propres) ou un accès plus difficile à la liquidité va alors révéler publiquement les failles de l’institution financière. La Crise financière de 2008 a montré que les banques qui avaient un business model non soutenable comportant des informations insuffisantes, des risques excessifs, des hypothèses irréalistes, une extrême concentration en termes d’exposition géographique, de clientèle et de revenus, des sources de financement intenables et instables, une volatilité importante dans les bénéfices, des investissements dans des produits complexes sans contrôle adéquat ou une compréhension incomplète de la nature des risques sont celles qui ont rencontré le plus de difficultés. L’important effet levier d’une banque aboutit ensuite à décupler les pertes, ce qui risque de déboucher sur une recapitalisation.

De nos jours, les banques font face à un environnement changeant, incluant de multiples facteurs de risques et pouvant avoir de réelles implications sur leur business model. Les changements réglementaires et de fiscalité, le passage d’un environnement à faible taux d’intérêt à un autre plus inflationniste, avec des taux d’intérêt qui remontent progressivement, le niveau élevé des prix immobiliers, les technologies disruptives et la concurrence plus soutenue de la part des acteurs de la tech ainsi que le changement climatique font partie de cette liste non exhaustive, pouvant jouer à court et moyen terme. Même si les organismes de réglementation bancaire sont davantage regardants quant à la soutenabilité du modèle d’affaires depuis la crise de 2008, il incombe aux banques de s’adapter durablement à ces défis. L’importance de leur business model a en effet non seulement des conséquences microprudentielles (affectant entre autres leur notation de crédit, mais pas uniquement) mais aussi macroprudentielles, via la stabilité financière.

Avis Annuel 2022 : “D’une crise à l’autre “

Après un tour d’horizon de la conjoncture économique internationale et luxembourgeoise, l’Avis annuel 2022 de la Fondation IDEA aborde la situation économique mondiale et dans les trois principaux blocs économiques (zone euro, Chine, États-Unis), dans l’ombre de la crise sanitaire et de la tension géopolitique ambiante. Il interroge les principaux impacts de la juxtaposition des crises sur le Luxembourg et les orientations socio-économiques à privilégier dans un tel environnement. Le document présente également les résultats du Consensus économique d’IDEA réalisé entre le 9 et le 18 mars 2022, ayant permis de prendre le pouls de près de 120 responsables économiques et partenaires sociaux au Luxembourg.

Synthèse de l’Avis annuel 2022

C’est dans un contexte pour le moins particulier que paraît l’Avis Annuel 2022 d’IDEA, le monde étant toujours englué dans une lancinante crise sanitaire porteuse de lourdes retombées non seulement d’un point de vue économique, mais également sociétal (culture, psychologie, éducation, etc.). En outre la guerre sévit à nouveau sur le continent européen – avec d’ores et déjà un terrible bilan en termes de vies humaines. Cet environnement pour le moins évolutif ne peut qu’inciter tout observateur à la plus grande prudence. Ce rapport prétend fournir à ses lecteurs des outils d’analyse performants, mais nullement un « prêt à penser », et encore moins des prévisions vouées à être dépassées avant même que leur encre ne sèche. Il donne une photographie des économies mondiale, européenne et luxembourgeoise telles qu’elles se situaient au début de l’année 2022 et met en avant quelques défis majeurs qui ne disparaîtront vraisemblablement pas à court terme.

L’économie mondiale a accusé le coup en 2020, avec une diminution de son PIB en volume de 3,1%. Un effet de rebond de l’ordre de 6% est certes survenu en 2021, mais le « trou » d’air par rapport à la tendance antérieure à la crise est clairement perceptible. Divers risques continuent encore à peser sur l’économie mondiale, à savoir (c’est une liste non limitative…) l’émergence de nouveaux variants du COVID, l’explosion des prix de l’énergie et des matières premières, l’accentuation des tensions sociales et (géo)politiques ou encore l’accélération d’événements climatiques graves.

Aux Etats-Unis, l’effet de rebond a été manifeste en 2021 (+5,5% pour le PIB réel), à la faveur notamment de plans de relance ambitieux (mais amoindris par les dissensions politiques). Une question essentielle à l’heure actuelle est la stratégie de sortie de crise face à la résurgence de l’inflation. La Réserve Fédérale a récemment annoncé une « normalisation » de sa politique monétaire.

En Chine, le PIB en volume a augmenté de plus de 8% en 2021, au-delà des 6% visés par le Gouvernement. Le second semestre a cependant été obscurci par les difficultés du secteur immobilier et par la rupture de certaines chaînes de valeur. Des mesures « structurelles » ont été adoptées, à savoir la politique de « trois enfants » et les initiatives en faveur d’une monnaie digitale centralisée.

Autre acteur majeur, la zone euro semble pour sa part avoir perçu la nécessité de revoir en profondeur sa gouvernance, en ce qui concerne notamment le Pacte de Stabilité et de Croissance, une capacité budgétaire commune, l’union bancaire ou celle des marchés des capitaux. Elle a en outre mis en place d’importants mécanismes de solidarité en 2021, dont il reste à établir la pérennité afin de contribuer à amoindrir les divergences socio-économiques croissantes qui se sont manifestées au cours des vingt dernières années. La « période COVID » et l’actuelle crise ukrainienne ont encore compliqué la donne. Si la zone euro a bénéficié d’un appréciable rebond économique en 2021, son PIB réel a cédé environ 1% par rapport à 2019. Par ailleurs, les tensions inflationnistes héritées de la crise sanitaire ont été prolongées et même accentuées par la nouvelle donne géopolitique, tandis que les finances publiques de la zone seront confrontées au cours des années à venir aux conséquences du décrochage du PIB, du vieillissement, du coût de la transition « verte » et numérique, de besoins en infrastructures et dans le domaine de la défense, pour ne citer que quelques facteurs. Face à ces défis, des avancées en matière de politique européenne sont attendues et pourraient aboutir à un projet européen renouvelé (et renforcé).

La crise sanitaire a durement sévi au Luxembourg également, avec des épisodes de restrictions aiguës et d’évidents dégâts pour diverses activités (économiques mais aussi humaines) et ce pendant de longs mois. Pourtant, une lecture même rapide des grands indicateurs économiques donne le sentiment, avec un recul de deux (longues) années, que l’économie luxembourgeoise ne porte guère les stigmates de ce qui peut pourtant être qualifié à juste titre de catastrophe. Ainsi, sur les années 2020-2021, le taux de croissance du PIB en volume a été strictement semblable à la moyenne annuelle des 10 précédentes années. Le PIB n’a en effet décliné « que » de 1,8% au Grand-Duché en 2020 – cette décrue ayant atteint 6,4% dans la zone euro – tout en enregistrant en 2021 un rebond de près de 7% digne des pays économiquement les plus « dévastés » en 2020. En conséquence et à l’inverse du constat établi dans le sillage de la « Grande récession » de 2008-2009, le Grand-Duché ne manifeste de 2019 à 2021 aucun décrochage économique par rapport à sa tendance antérieure d’évolution du PIB réel. A l’évidence, peu de pays à travers le monde peuvent se prévaloir d’un tel résultat.

De nombreux facteurs expliquent cette résilience économique (la situation étant moins brillante socialement parlant), dont l’interventionnisme sur le mode « Et kascht, wat et kascht », la bonne gestion sanitaire, des spécialisations économiques favorables et une prépondérance des branches « télétravaillables », la chance (le fameux « Luxembourg élu des dieux », fantaisiste en apparence mais semblant souvent corroboré par les faits…) et on en passe. Il est difficile, sinon impossible, de pondérer les effets respectifs de ces différents amortisseurs.

Cette étonnante résilience ne se cantonne pas au pré carré des comptables nationaux (très méritants au demeurant dans le présent contexte). Le marché du travail illustre également cette résistance, avec en deux années la création de quelque 23 000 emplois (dont près de 17 000 salariés de plus en 2021, soit le record absolu), un taux de chômage revenu sous les 5% et des tensions sur l’offre de travail figurant à nouveau au premier rang des préoccupations de nombreux employeurs.

La bonne résistance de l’économie luxembourgeoise se manifeste aussi à l’aune des finances publiques, pourtant lestées par le « Et kascht, wat et kascht » et par la récession en 2020. Elles ont bénéficié d’un brusque rebond des recettes en 2021, de sorte que les administrations publiques ont renoué avec l’équilibre budgétaire dès 2021, tout en limitant la hausse de leur endettement par rapport à 2019 à 3,6 points de PIB. Ce rétablissement a été nettement plus convaincant que dans la zone euro ou dans les pays limitrophes, même si le financement des pensions laisse planer un doute sur la pérennité à terme de ce rebond. Les nouvelles mesures d’urgence risquent également de s’avérer coûteuses, d’où la nécessité de les cibler au mieux en visant résolument les personnes et les entreprises les plus vulnérables, à rebours d’un « arrosage » tous azimut pénalisant de surcroît les objectifs CO2 du Luxembourg, qui demeurent plus primordiaux que jamais. En outre, la récente « crise COVID » constitue une expérience utile à la mise en œuvre de dispositifs de soutien public permettant à l’Etat d’assurer ses fonctions assurancielles, régulatrices et stabilisatrices, qui devraient en ces temps de crise (de guerre) restées activées, au moins à court terme.

Si le tableau d’ensemble peut sembler « miraculeux » à nombre d’égards, les deux dernières années n’ont pas été exemptes de « secousses » économiques et sociales. Le caractère hétérogène des effets de la crise sanitaire, tout d’abord, reste visible. Ainsi, alors que le marché du travail est en surchauffe, les demandes de chômage partiel restent élevées au début de l’année 2022 en comparaison à la période d’avant crise. Un autre bémol de taille est la résurgence du chômage de longue durée et, plus généralement, la fragilisation sociale de divers segments de la population déjà vulnérables avant même la crise sanitaire. Cette dernière s’est au demeurant traduite par une hausse des décrochages scolaires et par une diminution de l’intensité des efforts de formation continue – des facteurs à scruter de près. Enfin, la « déformation » structurelle de l’économie luxembourgeoise s’est accélérée, à la faveur d’une croissance nettement plus élevée de l’emploi dans les secteurs principalement non marchands.

Le Grand-Duché doit enfin s’attaquer d’urgence à certains défis, exacerbés par les « multiples crises ». Il s’agit notamment de la fiscalité. Dans un environnement très changeant, il est difficile de calibrer correctement une réforme fiscale d’envergure. Les récentes initiatives internationales en matière de taxation des multinationales supposent par ailleurs que le Luxembourg maintienne sa compétitivité et son attractivité sur le plan fiscal. Un 2ème défi d’envergure, à savoir le logement, présente aussi des ramifications fiscales, l’impôt foncier générant actuellement des recettes quasiment « confidentielles » tandis que les « dépenses fiscales » immobilières gagneraient à être conditionnées au revenu. Plus généralement, il importe de favoriser une application effective du principe « Wunnen ass e Mënscherecht », précondition à la fois de la cohésion sociale et d’une immigration nette (donc d’une croissance…) demeurant suffisamment soutenue. Un 3ème défi d’envergure se rapporte au futur du (télé)travail. L’avènement du travail à distance, grande transformation accélérée de la société salariale, soulève en effet des défis non négligeables qu’il conviendra de traiter.

Les résultats du Consensus économique d’IDEA, décrits en détail dans le présent avis et qui s’inscrivent sur cette toile de fond, permettent en outre de jauger les premiers effets de la présente crise géopolitique. Cette dernière étant des plus évolutives, une grande prudence est plus que jamais de mise dans l’interprétation des divers résultats et évolutions.

Sur le plan européen, le Consensus, qui repose sur les réponses de près de 120 professionnels, confirme le risque d’une inflation élevée au sein de la zone euro, la BCE étant dans ce contexte susceptible d’augmenter au moins une fois ses taux en 2022. Une majorité des participants se dégage en faveur d’une adaptation des règles du Pacte de Stabilité et de Croissance. Ils souhaitent par ailleurs redonner à l’Union européenne une souveraineté industrielle et harmoniser la fiscalité écologique.

En ce qui concerne le Luxembourg, les panélistes tablent sur une croissance du PIB en volume de 2,3% en 2022, qui résulterait notamment d’un affaiblissement des investissements et même de la consommation privée dans la foulée des récentes tensions géopolitiques. Cette anticipation serait en retrait par rapport aux prévisions les plus récentes du STATEC, soit +3,5%. Le chômage connaîtrait quant à lui une légère augmentation en 2022 et 2023, tandis que la dette publique serait de l’ordre de 28% du PIB en 2027.

L’inflation moyenne anticipée serait de 5,4% en 2022 (contre +4,4% selon le STATEC – avant il est vrai l’invasion russe de l’Ukraine) et elle demeurerait relativement élevée en 2023, avec +3,6%. Face à la montée des coûts énergétiques, les participants penchent vers des aides ciblées en faveur des entreprises les plus vulnérables. En revanche, aucun consensus ne se dégage autour des propositions d’évolution du mécanisme d’indexation.

Les prix de l’immobilier continueraient quant à eux à progresser d’ici 2030, mais à un rythme moindre que ces dernières décennies. Dans leur majorité, les panélistes souhaitent conditionner les aides au logement au niveau des revenus des bénéficiaires et, dans une moindre mesure cependant, rehausser l’impôt foncier. Ils anticipent par ailleurs une augmentation de 0,7 point de pourcentage des taux hypothécaires cette année.

Les participants au Consensus jugent enfin que les objectifs climatiques pour 2030 sont hors de portée, tant en Europe qu’au Luxembourg. Le scepticisme à cet égard a d’ailleurs sensiblement progressé par rapport à l’année dernière, alors que cet objectif ne peut certainement être perdu de vue, même (surtout ?) dans des circonstances passablement bousculées.

 

Pour une diversification des activités financières

S’il est répété qu’il faille diversifier l’économie luxembourgeoise du secteur des activités financières afin de réduire la vulnérabilité de l’activité économique aux aléas conjoncturels et pour ne pas compromettre les perspectives de croissance de long-terme, le Luxembourg peut également travailler à une diversification au sein même des activités financières. Constituant non seulement une protection vis-à-vis des chocs extérieurs, cette approche permet aussi une différenciation, reposant elle-même sur des compétences déjà acquises, et est à certains égards relativement moins hasardeuse qu’une nouvelle politique industrielle[1]. Au cours de son histoire, le Luxembourg a d’ailleurs déployé avec brio cette stratégie. A partir notamment de la holding29, introduite en 1929, puis avec les activités liées à l’euromarché (euro-obligations d’abord, euro-monnaies ensuite), le pays a su redynamiser son secteur financier en créant un marché international des fonds d’investissement[2] couplé aux activités de private banking[3] à la suite de la crise de la dette des pays d’Amérique latine et de la concurrence accrue avec la City de Londres notamment[4].

Forte de son expérience, son savoir-faire et des « chemins courts » entre les décideurs politiques et opérateurs économiques, la Place financière luxembourgeoise devrait tout naturellement continuer à chercher de nouvelles niches de spécialisation en adéquation avec les profondes mutations technologiques, climatiques et démographiques que le secteur devrait connaître[5]. D’autres opportunités d’affaires pourraient aussi émerger en favorisant des interactions entre les financiers du pays et les huit autres secteurs clefs que Luxinnovation a identifiés comme étant à haute valeur ajoutée : « automotive and smart mobility, cleantech, health technologies, digital economy, logistics, manufacturing, maritime et space »[6]. In fine, l’invention, la complexification et la sophistication de structures, services et produits financiers devraient déplacer la Place financière luxembourgeoise vers des activités de front-office. Cette stratégie pourrait non seulement compléter la chaîne de valeur du secteur financier luxembourgeois (voir schéma), mais elle permettrait de jouir d’une valeur ajoutée supérieure par rapport aux activités de back et middle office et de disposer d’activités plus difficilement délocalisables[7].

S’il convient de noter que plusieurs mesures prises témoignent déjà d’un fort désir de repositionnement et d’une volonté affirmée de compter parmi les pôles de technologies financières de référence[8] (adoption de lois[9], premier octroi d’une licence aux plateformes d’échange de devises virtuelles en tant qu’établissements de paiement en Europe et création d’une nouvelle instance représentative, la LHoFT), l’Etat luxembourgeois pourrait toutefois accroître ses investissements militaires dans la cybernétique pour continuer à protéger et sécuriser son industrie financière, bénéficier pleinement de l’avantage des données et respecter de ce fait ses engagements pris avec l’OTAN[10].

Schéma : Architecture de la Place financière luxembourgeoise

Source : Pieretti, P. et al. (2007)[11] et ajouts de l’auteur

Néanmoins, une telle stratégie de diversification au sein même des activités financières n’est possible qu’au prix d’un fort investissement dans un capital humain hautement spécialisé. En raison de la forte pression réglementaire européenne visant à instaurer un certain « level playing field » et d’autres initiatives dites « anti-abus »[12], le Luxembourg devrait poursuivre ses efforts en promulguant des lois spécifiques et/ou en innovant par le droit avec des lois déjà existantes ou à l’aide de circulaires[13]. Il devrait également éviter les contraintes réglementaires et administratives qui ne sont pas dictées par la législation européenne[14], tout en gardant « un fort engagement en vue de la protection de l’investisseur privé, un esprit ouvert et critique quant à l’innovation financière ainsi que des exigences strictes pour l’accès à des établissements en ce qui concerne la réputation, le capital réglementaire et les standards professionnels[15] ». En somme, le Luxembourg devrait continuer à miser sur son triptyque : adaptation, innovation et vitesse d’exécution afin de redynamiser et diversifier son secteur financier.

[1]Voir : Pieretti, P. & Bourgain, A. (2008): L’économie luxembourgeoise et sa place financière : Dépendance et enjeux, CREA Luxembourg

[2]Voir la Loi du 25 août 1983 relative aux organismes de placement collectif

[3]Voir la Loi du 23 avril 1981 portant application de la première directive du Conseil des Communautés Européennes du 12 décembre 1977 visant la coordination des dispositions législatives, réglementaires et administratives concernant l’accès à l’activité des établissements de crédit et son exercice

[4]Voir : Michaux, R. (2013): Le secteur bancaire au Luxembourg, Le Luxembourg 1960-2010, STATEC et De La Rochefordière, C. (1989): Quel avenir pour la place financière de Luxembourg ?, Revue d’économie financière, No. 10, pp. 162-165

[5]Voir : Van Steenis, H. (2019): Future of Finance, The Bank of England

[6]Voir : Luxinnovation (2017): Rapport Annuel et site internet : https://www.luxinnovation.lu/innovate-in-luxembourg/business-sectors/

[7]Voir : Pieretti, P. & Bourgain, A. (2008): L’économie luxembourgeoise et sa place financière : Dépendance et enjeux, CREA Luxembourg

[8]Voir : Schiltz, J-L & Manzari, N. (2021): The Virtual Currency Regulation Review: Luxembourg – Introduction to the legal and regulatory framework

[9]Voir la Loi du 1er mars 2019 portant modification de la loi modifiée du 1er août 2001 concernant la circulation de titres et la Loi du 22 janvier 2021 portant modification : 1° de la loi modifiée du 5 avril 1993 relative au secteur financier ; 2° de la loi du 6 avril 2013 relative aux titres dématérialisés

[10]Voir : Institut Grand-Ducal (2021): Conférence du 20 septembre 2021 (https://vimeo.com/589376441)

[11]Voir : Pieretti, P. Bourgain, A. & Courtin, P. (2007): Place financière de Luxembourg – Analyse des sources de ses avantages compétitifs et sa dynamique, Fondation Alphonse Weicker, De Boeck

[12]« (…). La consolidation vise en effet à répartir la taxation des revenus en fonction d’un schéma reflétant les activités de l’entreprise dans différents pays. La même idée se retrouve aussi derrière d’autres initiatives dites « anti-abus » de l’OCDE ou de l’Union européenne, telle l’initiative de la taxe sur les transactions financières qui concurrencerait, le cas échéant, la taxe d’abonnement luxembourgeoise sur les organismes de placement collectif. La fin de ce débat marquera la fin de la niche fiscale pour les petits Etats. » Voir : Rommes, J-J. (2020): Stratégies d’Adaptation à la Petite Taille du Luxembourg : L’Economie – à l’exemple de la Place Financière, Volume XXIV de l’Institut Grand-Ducal

[13]Voir : Labro, T. (2021) : Intéressons-nous davantage à la finance décentralisée – Interview Jean Louis Schiltz, Entreprises & Stratégies, Paperjam

[14]Voir : Rommes, J-J. (2020): Stratégies d’Adaptation à la Petite Taille du Luxembourg : L’Economie – à l’exemple de la Place Financière, Volume XXIV de l’Institut Grand-Ducal

[15]Voir : Poos, J. (1985): La Place Financière du Luxembourg à la Lumière des Développements Récents sur le Marché International, Studia Diplomatica, Vol. 38, No. 1, pp. 3-17

Décryptage N°21: De l’épargne des ménages durant la crise Covid

La question du devenir de l’épargne forcée accumulée par les résidents depuis le début de la crise sanitaire dans un contexte de décrochage des dépenses de consommation tandis que les niveaux de revenus ont été globalement préservés occupe de nombreux esprits. C’est probablement en pensant à ce confortable matelas que certains évoquent l’opportunité, voire la nécessité, de mettre en place un impôt Covid-19 sur les ménages qui, « gagnants de la crise », se retrouvent avec un excédent d’épargne et – donc – une plus grande capacité contributive.

De l'épargne des ménages depuis la crise Covid

« Août of the box » : La menace de la vague de faillites

Ce blog est issu de la série « Août of the box », réalisé en partenariat avec Paperjam

Quand adviendra la vague de faillites ? Cette question plane depuis le début de la crise avec tout son lot d’incertitudes.

Factuellement, cette potentielle vague de faillites n’a pas (encore ?) pointé le bout de son nez : entre 2019 et 2020 les faillites ont diminué de 3,6%. Depuis le début de l’année 2021, elles repartent à la hausse. Elles sont 8% plus nombreuses sur le premier semestre que celles enregistrées en moyenne au cours des premiers semestres des deux années précédant la crise sanitaire. Cependant, cette progression mérite d’être mise en perspective avec l’augmentation beaucoup plus marquée observée lors de la précédente récession à la suite de laquelle elles avaient augmenté de 21% en 2009, puis de 33% en 2010.

Peut-être que le pire est à venir et que, comme pressenti par le consensus d’IDEA réalisé au mois de février, la vague déferlera au second semestre ; à moins que la question pertinente ne soit plus « quand adviendra la vague de faillites ? » mais « et si la vague de faillites n’arrivait pas ? » Cette nouvelle interrogation n’est pas aussi saugrenue qu’elle aurait été au début de la pandémie et il n’y a, pour le moment, pas de raisons d’anticiper une explosion des faillites. A moins que les aides accordées à certains secteurs d’activités (comme l’Horeca par exemple) ne soient subitement stoppées, ce qui poserait de réels problèmes de trésorerie et/ou de liquidité pour des entreprises qui étaient viables et ne connaissaient pas de difficultés majeures avant la crise. Les fermetures successives ainsi que les restrictions d’accès ont en effet fragilisé les acteurs de manière inégale et le regain d’activité constaté ces derniers mois pourrait ne pas avoir été suffisant pour rétablir pleinement toutes les « trésoreries ». La clé de leur survie résidera donc dans le bon dosage des aides mais surtout dans la progressivité de l’arrêt de ces dernières.

De l’autre côté du spectre se trouvent aussi des entreprises qui connaissaient déjà des difficultés financières avant la pandémie et qui sans les dispositifs d’aides exceptionnelles leur ayant permis de garder la tête hors de l’eau pendant plusieurs mois auraient probablement déposé le bilan. Il faut bien garder à l’esprit que les faillites contribuent à un processus d’assainissement de l’économie ou, comme l’aurait dit Schumpeter, une sorte de destruction créatrice permettant notamment un renouvellement de l’offre sur le marché. Elles ont également le mérite de « clarifier » des situations parfois complexes vis-à-vis des créanciers.

Face à la diversité des situations, il faudra donc observer les (probables) hausses de faillites des prochains mois avec un certain discernement et garder à l’esprit qu’en adoptant un mix des visions de Schumpeter et de Keynes, la vague tant redoutée ne verra peut-être pas le jour.

Tableau de bord économique et social – juillet 2020

Entre sortie du brouillard et vents contraires

Les indicateurs de ce Tableau de bord dessinent un tableau très contrasté de la situation économique et sociale en ce début d’été.

Les dernières prévisions du STATEC tablent sur une récession de 6,0% en 2020, suivie d’une croissance de 7,0% en 2021. La Commission européenne, qui vient de mettre à jour ses prévisions, projette de son côté un recul du PIB de 6,2% cette année, suivi d’un rebond plus modeste en 2021 (+5,4%). Au premier trimestre, le PIB se serait replié de 0,2% par rapport au premier trimestre 2019 d’après la première estimation du STATEC.

Si la reprise économique est encore difficile à qualifier et si le retour à la normale risque d’être long, certains indicateurs montrent tout de même des signes encourageants. Sur le marché du travail tout d’abord : alors qu’en mars et avril, le pays avait vu 8.900 emplois salariés détruits, le retour des créations d’emplois en mai, avec un niveau non-négligeable (+4.500 postes), est une bonne nouvelle. L’envolée du nombre de demandeurs d’emplois a été stoppée (-0,2% entre avril et mai) et le taux de chômage s’est stabilisé à 7%. Le déconfinement a également été propice au moral des consommateurs qui se redresse sensiblement en juin. La bonne tenue des marchés financiers a permis aux actifs des fonds de la place financière de poursuivre leur ascension. Enfin, la plupart des enquêtes sectorielles montre une amélioration des soldes d’opinion des entreprises quant à leur niveau d’activité, bien qu’ils restent en territoire négatif.

Mais des vents contraires peuvent encore souffler sur cette dynamique. La confiance en l’avenir pour les consommateurs et les investisseurs, l’absence de salariés (toujours en télétravail) pour les restaurateurs et les commerces, et bien sûr le virus, qui continue à circuler, et qui reste le premier risque…

En outre, le caractère « asymétrique » des conséquences de cette crise est de plus en plus visible, entre les secteurs, leurs salariés, mais aussi entre les pays et régions de l’UE.

Pour la reprise, il reste donc encore à transformer l’essai. Et, plus que jamais, à rester attentif à tous les signaux qui obligeraient des interventions publiques sur mesure et aussi fortes que nécessaires.

Pour télécharger le Tableau de bord économique et social

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