C’est graphe docteur ? Crises et difficultés des institutions bancaires

Selon le Consensus économique d’IDEA réalisé pour l’Avis Annuel 2022, 59% des répondants estiment qu’il y a peu voire très peu de chances que l’Etat luxembourgeois soit sollicité pour soutenir une ou plusieurs institutions financières en raison de la crise géopolitique actuelle. Toutefois, 14% d’entre eux jugent que la situation actuelle est propice voire très propice à une recapitalisation bancaire. Pourtant, si une banque luxembourgeoise devait prochainement rencontrer des difficultés, il y aurait fort à parier que la cause réelle provienne en réalité de son business model et que la crise géopolitique actuelle ou tout autre élément semblable n’est ni plus ni moins qu’un simple catalyseur.

Graphique : Probabilités que l’Etat luxembourgeois soit sollicité pour soutenir une ou plusieurs institutions financières en raison de la crise géopolitique actuelle

Source : Consensus économique d’IDEA (mars 2022)

En effet, une banque devient rarement insolvable du jour au lendemain. La plupart du temps, d’importantes vulnérabilités sont déjà ancrées dans son business model de manière structurelle. Une importante provision passée lors d’un choc économique (diminuant de ce fait ses actifs et capitaux propres) ou un accès plus difficile à la liquidité va alors révéler publiquement les failles de l’institution financière. La Crise financière de 2008 a montré que les banques qui avaient un business model non soutenable comportant des informations insuffisantes, des risques excessifs, des hypothèses irréalistes, une extrême concentration en termes d’exposition géographique, de clientèle et de revenus, des sources de financement intenables et instables, une volatilité importante dans les bénéfices, des investissements dans des produits complexes sans contrôle adéquat ou une compréhension incomplète de la nature des risques sont celles qui ont rencontré le plus de difficultés. L’important effet levier d’une banque aboutit ensuite à décupler les pertes, ce qui risque de déboucher sur une recapitalisation.

De nos jours, les banques font face à un environnement changeant, incluant de multiples facteurs de risques et pouvant avoir de réelles implications sur leur business model. Les changements réglementaires et de fiscalité, le passage d’un environnement à faible taux d’intérêt à un autre plus inflationniste, avec des taux d’intérêt qui remontent progressivement, le niveau élevé des prix immobiliers, les technologies disruptives et la concurrence plus soutenue de la part des acteurs de la tech ainsi que le changement climatique font partie de cette liste non exhaustive, pouvant jouer à court et moyen terme. Même si les organismes de réglementation bancaire sont davantage regardants quant à la soutenabilité du modèle d’affaires depuis la crise de 2008, il incombe aux banques de s’adapter durablement à ces défis. L’importance de leur business model a en effet non seulement des conséquences microprudentielles (affectant entre autres leur notation de crédit, mais pas uniquement) mais aussi macroprudentielles, via la stabilité financière.

Décryptage N°18: Banques européennes : résistantes mais peu profitables

Stress test à grandeur nature, l’arrivée soudaine de la crise sanitaire liée à la COVID-19 a fortement mis à l’épreuve le secteur bancaire européen. Si elles ont pu être montrées du doigt lors de la crise financière de 2008, force est de constater que les banques européennes font preuve d’une certaine résilience. Toutefois, leur faible profitabilité risque à terme d’être encore plus entamée tandis que les défis qu’elles devront relever pour rester compétitives seront d’autant plus grands.

Décryptage N°16: Comprendre l’intelligence économique

IDEA tient à remercier Madame Sara Bouchon et Monsieur Niels Dickens qui ont accepté d’échanger leurs connaissances et leurs points de vue dans le cadre de l’élaboration de ce Décryptage. 

L’intelligence économique n’est pas une forme d’espionnage industriel. Son utilisation est même fortement recommandée par de nombreuses études pour renforcer la compétitivité et la résilience des entreprises. Qu’est-ce que l’intelligence économique ? Pourquoi le Luxembourg devrait en faire un usage accru et quels systèmes d’intelligence économique sont utilisés dans d’autres pays ?

Tableau de bord économique et social – juillet 2020

Entre sortie du brouillard et vents contraires

Les indicateurs de ce Tableau de bord dessinent un tableau très contrasté de la situation économique et sociale en ce début d’été.

Les dernières prévisions du STATEC tablent sur une récession de 6,0% en 2020, suivie d’une croissance de 7,0% en 2021. La Commission européenne, qui vient de mettre à jour ses prévisions, projette de son côté un recul du PIB de 6,2% cette année, suivi d’un rebond plus modeste en 2021 (+5,4%). Au premier trimestre, le PIB se serait replié de 0,2% par rapport au premier trimestre 2019 d’après la première estimation du STATEC.

Si la reprise économique est encore difficile à qualifier et si le retour à la normale risque d’être long, certains indicateurs montrent tout de même des signes encourageants. Sur le marché du travail tout d’abord : alors qu’en mars et avril, le pays avait vu 8.900 emplois salariés détruits, le retour des créations d’emplois en mai, avec un niveau non-négligeable (+4.500 postes), est une bonne nouvelle. L’envolée du nombre de demandeurs d’emplois a été stoppée (-0,2% entre avril et mai) et le taux de chômage s’est stabilisé à 7%. Le déconfinement a également été propice au moral des consommateurs qui se redresse sensiblement en juin. La bonne tenue des marchés financiers a permis aux actifs des fonds de la place financière de poursuivre leur ascension. Enfin, la plupart des enquêtes sectorielles montre une amélioration des soldes d’opinion des entreprises quant à leur niveau d’activité, bien qu’ils restent en territoire négatif.

Mais des vents contraires peuvent encore souffler sur cette dynamique. La confiance en l’avenir pour les consommateurs et les investisseurs, l’absence de salariés (toujours en télétravail) pour les restaurateurs et les commerces, et bien sûr le virus, qui continue à circuler, et qui reste le premier risque…

En outre, le caractère « asymétrique » des conséquences de cette crise est de plus en plus visible, entre les secteurs, leurs salariés, mais aussi entre les pays et régions de l’UE.

Pour la reprise, il reste donc encore à transformer l’essai. Et, plus que jamais, à rester attentif à tous les signaux qui obligeraient des interventions publiques sur mesure et aussi fortes que nécessaires.

Pour télécharger le Tableau de bord économique et social

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