Conférence-Débat – Perspectives économiques mondiales 2026 : Tempêtes sous une mer d’huile

IDEA et la Chambre de Commerce ont le plaisir de vous inviter à une conférence-débat
le 5 décembre 2025 avec Denis Ferrand, Directeur général de Rexecode, sur le thème :

« Perspectives économiques mondiales 2026 : Tempêtes sous une mer d’huile »

Souveraineté économique, déficits publics croissants, recomposition de l’ordre monétaire, remise en cause des institutions internationales … Alors que l’économie mondiale entre dans une nouvelle ère dominée par le retour du protectionnisme et les incertitudes radicales, l’institut d’analyse économique Rexecode propose une analyse à 360° des scénarios macroéconomiques possibles pour 2026. Denis Ferrand présentera les grandes tendances de l’activité aux Etats-Unis, en Chine et dans les principales économies européennes.

Date: vendredi 5 décembre 2025 (09h00 – 11h00)

Langue: français

Lieu: Chambre de Commerce | 7, rue Alcide de Gasperi | L-1615 Luxembourg

PROGRAMME

09h00 – 09h30 : Petit déjeuner d’accueil
09h30 – 10h30 : Intervention de Denis Ferrand
10h30 – 11h00 : Echange libre avec les participants

Denis Ferrand

Denis Ferrand est docteur en économie de l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble. Il dirige Rexecode, l’un des principaux instituts d’analyse économique privés français, depuis 2008.

Il est également chargé du cours d’analyse de la conjoncture à l’Institut de Gestion de Patrimoine de l’Université Paris-Dauphine, membre de la Commission « Economie, compétitivité et finance » du Medef, du Conseil d’Orientation pour l’emploi en tant que personnalité qualifiée et, depuis décembre 2020, du Conseil National de l’Industrie. Il est vice-président de la Société d’économie politique qu’il a présidée de 2016 à 2020.

Il contribue activement au débat économique en France à travers ses interventions dans les médias, sur les réseaux sociaux et à l’occasion de conférences.

Plan pauvreté, avec ou sans objectif chiffré ?

© photo : Ville d’Esch/Emile Hengen

Cela ne devrait plus tarder. Le plan d’action nationale de lutte contre la pauvreté devrait enfin être dévoilé dans les tous prochains mois, possiblement d’ici la fin de l’année. Si certaines mesures de lutte contre la pauvreté, telles que l’exonération fiscale du salaire social minimum et l’augmentation de la prime énergie pour les ménages les plus défavorisés, ont déjà été mises en œuvre par l’actuel gouvernement, ce plan se fait attendre depuis son annonce dans l’accord de coalition 2023-2028.

Une fois que le plan pauvreté sera instauré, une question subsistera. Comment pourra-t-on juger de sa réussite ? L’évidence sera d’observer si celui-ci permettra de faire diminuer un taux de risque de pauvreté égal à 18,1% en 2024, soit plus élevé que les 16,2% de l’Union européenne. Cet indicateur phare comprend cependant de nombreux biais[1] et ne s’intéresse qu’à la dimension revenu de l’exclusion sociale, ce qui le rend insuffisant pour un tel exercice. En outre, quel serait le taux visé ? Une simple baisse d’un ou deux points de pourcentage validerait-elle la réussite du plan tant attendu sans objectif affirmé ?

Evaluer le succès du plan pauvreté serait d’autant plus aisé si un objectif chiffré, selon un ou plusieurs indicateurs fixés par le gouvernement et reconnus pour leur pertinence par les experts, était défini. Cet exercice s’avère délicat politiquement, car risqué pour le gouvernement qui ne réussira pas à atteindre son propre objectif. Ce serait toutefois un message fort envoyé par un pouvoir en place qui a fait de la lutte contre la pauvreté une priorité absolue.

Plaidoyer pour la fixation d’objectifs de pauvreté (et pourquoi c’est compliqué)

La fixation d’objectifs chiffrés de réduction de la pauvreté présente plusieurs intérêts, le premier étant la mobilisation collective, des différents ministères concernées notamment mais aussi des ONG et de la population. En effet, la définition de l’objectif crée un langage commun entre acteurs qui participe à la coordination des différentes administrations et fixe un cap partagé. L’objectif est alors engageant pour les pouvoirs publics, stimulant par la concrétisation d’un but clair et structurant, car il rend les stratégies plus lisibles face à des problématiques complexes. Les objectifs chiffrés favorisent la mesure d’impact et l’instauration d’un processus d’évaluation continue. A ce titre, l’évaluation du REVIS en 2021, soit trois ans après son instauration, est un exercice à renouveler, selon les deux axes que sont son efficacité pour la réduction de la pauvreté et pour la réinsertion sur le marché du travail.

Vis-à-vis des citoyens et des publics visés, l’objectif chiffré renforce la légitimité politique de l’action sociale, justifiant les dépenses publiques en la matière face à certaines stigmatisations et permettant aux dirigeants politiques de présenter les résultats obtenus selon des bases préétablies. Une telle démarche a montré toute son efficacité dans d’autres domaines tels que la sécurité routière ou la lutte contre le tabagisme. C’est ainsi un processus qui contribue à la transparence de l’action publique, l’objectif pouvant être repris par les acteurs non étatiques de la lutte contre la pauvreté et dans le débat public.

Au-delà du risque politique pris, la fixation d’un tel objectif demeure délicate, notamment pour trouver un consensus sur l’indicateur à utiliser. Le danger d’une trop grande simplification est réel, face au caractère multidimensionnel de la pauvreté. Elle peut faire dériver les politiques sociales vers des quick wins et les effets d’affichage qui ne s’attaquent pas aux racines des phénomènes d’exclusion sociale. Par exemple, se concentrer sur le public le plus proche de la frontière de pauvreté permettrait d’améliorer à moindre coût la situation de certains indicateurs. L’atteinte de l’objectif dépend, aussi, de facteurs extérieurs, en premier lieu la conjoncture économique, sur lesquels ne peuvent agir les responsables de la politique de la lutte contre la pauvreté, et dont ils seront malgré tout en partie redevable.

Limites du cadre européen et inspirations d’ailleurs

L’Union européenne a décidé d’ambitionner une diminution d’au moins 15 millions du nombre de personnes exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale[2] d’ici 2030. Chaque Etat membre doit participer à cet effort avec sa propre cible nationale, correspondant à une diminution de 4.000 personnes par rapport à 2019 pour le Luxembourg[3]. Toutefois, il a été révélé lors des cycles précédents que les objectifs européens étaient peu mobilisateurs et engageants pour les pouvoirs nationaux. Cela a été particulièrement le cas au Luxembourg, où l’objectif de réduction du nombre de personnes menacées par la pauvreté ou l’exclusion sociale de 6.000 personnes à l’horizon 2020 n’était pas adapté à sa démographie dynamique. Ce nombre a augmenté de 24.000 entre 2015 et 2020 au Luxembourg, l’Union européenne échouant aussi largement à atteindre son objectif Europe 2020.

Le Canada pourrait être une inspiration pour la fixation d’un tel objectif. Dans sa loi sur la réduction de la pauvreté, datant de 2019, il vise à réduire de moitié le taux de pauvreté en 2030 par rapport à son niveau de 2015[4]. Le seuil officiel utilisé correspond au coût d’un panier de biens et services dont les personnes ont besoin pour répondre à leurs besoins fondamentaux et atteindre un niveau de vie modeste, autrement dit un budget de référence à la sauce canadienne.

L’Ecosse a fait de même, avec un quadruple objectif relatif au recul de la pauvreté des enfants, prenant en compte des indicateurs relatifs (un taux de risque de pauvreté), absolu (à partir d’un niveau de revenu fixé dans le temps), de privation matérielle (être privé de certains biens ou services nécessaires) et de persistance (être à risque de pauvreté 3 années consécutives)[5]. La Nouvelle-Zélande a instauré une politique proche de celle-ci, avec toutefois la prise en compte des coûts du logement pour l’un des indicateurs choisis[6].

Quelques bonnes pratiques de fixation de l’objectif

L’objectif de réduction de la pauvreté nécessite de répondre à de nombreux critères. Celui-ci doit pouvoir réellement changer la vie des Luxembourgeois s’il est atteint et donc bien constituer un résultat. Ce faisant, il conviendrait qu’il soit ambitieux, réalisable sous l’impact des politiques publiques et facile d’interprétation, reposant donc sur un nombre d’indicateurs limité. L’objectif peut, cependant, s’articuler avec des sous-objectifs qui renforcent la cohérence de la stratégie globale de réduction de la pauvreté et permettent d’éviter l’apparition de contradictions entre les objectifs fixés et la manière de les atteindre. Il est, par ailleurs, nécessaire que l’Etat s’empare et ait une responsabilité particulière sur la réussite de l’objectif, tout en ayant la capacité de mobiliser autour de celui-ci. Enfin, les différents objectifs doivent reposer sur des indicateurs incontestables et disponibles régulièrement, afin d’en assurer le suivi. Pour en renforcer la crédibilité, le ou les indicateurs choisis pourraient être soumis à l’avis du Comité Travail et cohésion sociale, ce qui permettrait d’avoir un retour des experts, députés, partenaires sociaux et associations sur cette décision[7].

Trois alternatives pour un même objectif

Différentes stratégies s’offrent au Luxembourg pour que la fixation d’un objectif de réduction de la pauvreté bénéficie à la réussite de ses politiques sociales. La première serait de s’emparer de l’objectif européen, bien mal engagé pour l’instant. Il s’agirait alors de revendiquer véritablement cette ambition et de communiquer dessus sur le plan national avec la volonté de redresser la tendance actuelle et atteindre l’objectif 2030. Ceci nécessiterait des politiques efficaces pour réduire les inégalités entre les ménages les plus modestes et les classes moyennes (taux de risque de pauvreté), de mettre en œuvre de nouveaux dispositifs pour répondre à des besoins fondamentaux tels que le chauffage, les repas avec protéines ou l’accès à un véhicule personnel (taux de privation matérielle sévère) et de favoriser la réinsertion sur le marché du travail (intensité de travail).

La solution la plus consensuelle serait d’instaurer plusieurs objectifs de réduction de la pauvreté des enfants. Une combinaison de différents types d’indicateurs, selon les exemples écossais et néo-zélandais, serait alors appropriée pour éviter certains biais. L’ambition d’une baisse du taux de risque de pauvreté et d’un taux de privation matérielle des enfants qui passerait à 0% semblent des évidences. Il pourrait s’y ajouter un objectif basé sur le budget de référence, selon l’exemple canadien, et un autre qui reposerait sur le pouvoir d’achat après déduction des coûts du logement, en raison de l’importance de la problématique au Luxembourg.

Enfin, face au caractère multidimensionnel de la pauvreté[8], le gouvernement pourrait décider d’un objectif phare de réduction de la pauvreté, tel que la diminution du nombre de personnes en risque de pauvreté selon un seuil calculé après déduction du coût du logement et fixé au niveau de vie de 2025, auquel il ajouterait un tableau d’indicateurs intégrant chaque dimension de l’exclusion sociale : persistance de la pauvreté, enfants, travail, éducation, santé… L’indicateur proposé peut apparaitre complexe mais possède certains atouts. La déduction des coûts du logement permet de prendre en compte les différences de situation vis-à-vis du logement, qui ont un impact majeur au Luxembourg sur le pouvoir d’achat des ménages. Quant au fait de fixer le seuil dans le temps (hors inflation), cela neutralise des faiblesses du taux de risque de pauvreté en se concentrant sur l’amélioration réelle du niveau de vie des personnes à revenu modeste. Suivre dans le même temps le taux de risque de pauvreté « classique » permettra de vérifier que les inégalités ne se creusent pas par ailleurs.

L’élaboration d’un plan d’action nationale de lutte contre la pauvreté est une étape importante dans l’histoire des politiques sociales luxembourgeoises, alors que des phénomènes d’exclusions sociales se sont développés au cours des vingt dernières années. La détermination d’un objectif chiffré renforcerait un élan national de mobilisation à même d’en favoriser la réussite. Quant aux risques encourus, croire à la politique que l’on met en place, c’est aussi se confronter à ses résultats futurs.


[1] Un des défauts du taux de risque de pauvreté est de pouvoir diminuer, ceci alors même que la population s’appauvrit, si les ménages les plus modestes voient leur pouvoir d’achat baisser un peu moins que celui des classes moyennes.

[2] L’indicateur utilisé est le taux de personnes en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale qui additionne le nombre de personnes en risque de pauvreté (revenu inférieur à 60% du revenu médian) et/ ou qui vivent dans la privation matérielle sévère et/ou qui vivent dans un ménage à faible niveau d’intensité de travail.

[3] Dans le rapport 2025 du semestre européen, la situation en était à + 13.000 personnes.

[4] Une chance pour tous – La première Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté, 2017.

[5] Child Poverty (Scotland) Act 2017.

[6] Child Poverty Report, Minister of Finance, 2025.

[7] L’auteur de ces lignes est membre du comité Travail et cohésion sociale. Il avait, par ailleurs, proposé la création d’un tel organe en 2019.

[8] Evoqué par ailleurs par le ministre de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil dans un interview au journal Le quotidien en janvier 2025. https://gouvernement.lu/fr/actualites/toutes_actualites/interviews/2025/01-janvier/27-hahn-le-quotidien.html

Skills-Plang et Job rotation scheme : deux modèles complémentaires

© photo : Julien Mpia Massa

Le lancement de la mise en pratique du Skills-Plang est officiel depuis le 19 juin 2025[1]. Après le vote du projet de loi de l’introduction d’un programme de gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences, un appel à candidature a été lancé par l’ADEM[2] pour trouver les consultants agréés. Enfin, une présentation à l’automne 2025 d’une première liste officielle de consultants est également prévue.

En résumé, cette loi contient deux volets : l’un sur l’identification des salariés ayant des besoins spécifiques de formation et l’autre sur les remboursements aux entreprises des frais liés à la formation des salariés et au consultant agréé (ou à l’entreprise de conseil). L’entreprise qui souhaite avoir recours au Skills-Plang doit d’abord déposer un dossier à l’ADEM qui vérifiera son éligibilité ; puis, à l’aide d’un consultant (ou entreprise agréée), elle va identifier parmi ses salariés ceux qui ont un besoin de se former, en ayant recours à un bilan de compétences, choisir la formation longue (de minimum 120h) la plus appropriée et élaborer le rapport final qu’il déposera à l’ADEM. Ensuite, l’entreprise recevra, de la part du Fonds pour l’emploi[3], un remboursement sur base des coûts facturés.

Cependant, le Skills-Plang pourrait aller plus loin, en incluant un volet visant à la mobilisation des demandeurs d’emploi. En complément à cette loi, le schéma danois job rotation[4] pourrait offrir une source d’inspiration précieuse. En quelques mots, ce schéma permet à un salarié de suivre une formation continue longue et aux employeurs de recevoir une subvention pour recruter un demandeur d’emploi qui remplacerait le salarié pendant sa période de formation. En effet, ce système danois de job rotation présente un aspect « triple-win » : il permettrait aux employeurs de pallier le manque de main-d’œuvre pendant la formation longue continue des salariés, aux salariés d’acquérir de nouvelles compétences et aux chômeurs de bénéficier d’une expérience de travail. L’attractivité du dispositif pour les demandeurs d’emploi serait particulièrement cruciale en vue d’une possible adaptation de ce schéma au Luxembourg.

Si on prend du recul, les deux modèles se complètent :

– Le Skills-Plang est un projet centré sur la formation longue, pour identifier et accompagner les salariés et les entreprises face aux évolutions des besoins sur le marché du travail.

– Le job rotation scheme propose une méthode aussi centrée sur la formation longue avec en plus l’insertion des demandeurs d’emploi, surtout ceux de longue durée.

L’évaluation du job rotation scheme réalisée par l’Agence danoise du marché du travail et du recrutement (STAR) montre des effets positifs à long-terme. Entre 2015 et 2017, l’agence a comparé 6.357 chômeurs ayant bénéficié d’un emploi temporaire dans le cadre du dispositif avec un groupe de contrôle resté uniquement au chômage. Les résultats indiquent qu’au bout d’un an, le taux d’emploi du groupe « job rotation » est supérieur de 1,2 point à celui du groupe de contrôle, et que cet écart s’accroît progressivement pour atteindre 5,8 points deux ans et demi plus tard. Ces données quantitatives confirment la hausse de l’employabilité des demandeurs d’emploi. De plus, des évaluations qualitatives menées dans plusieurs communes danoises soulignent que le dispositif renforce réellement les compétences des participants et constitue un canal de recrutement efficace pour les entreprises.

Avec un taux de chômage « qui était retombé sous les 5% en 2022 et frôle désormais les 6% » en 2025[5], et une hausse annuelle[6] de 5% du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’ADEM depuis 12 mois et plus, vouloir adapter les compétences des personnes en emploi n’est plus suffisant. Il faudrait aussi accompagner ceux qui restent en retrait et qui n’arrivent pas à se réinsérer sur le marché du travail, ce à quoi le job rotation scheme apporterait une réponse.

[1] Legilux, loi du 19 juin 2025, projet Skills-Plang.

[2] ADEM, Appel à candidatures jusqu’au 31 août 2025 pour trouver des consultants agréés.

[3] Le remboursement s’adapte à la taille de l’entreprise, avec un soutien différencié pour l’analyse prévisionnelle, la formation et la prise en charge des salaires des participants. Pour les micro et petites entreprises, l’analyse prévisionnelle peut être remboursée jusqu’à 75%, avec un plafond de 900€ par jour-homme. Le nombre de jours-hommes varie de 2 à 12, et chaque salarié peut bénéficier d’un jour supplémentaire pour un accompagnement individuel. L’entreprise peut également obtenir jusqu’à 10 jours supplémentaires pour son organisation. Le plafond global de remboursement atteint 60.000€. La formation est prise en charge à hauteur de 50% des frais directs, avec un maximum de 250€/jour et 7.500 € par salarié, et le salaire des participants est remboursé à 50% (plafond 250% du salaire social minimum (SSM)). Pour les moyennes entreprises, le remboursement de l’analyse prévisionnelle est de 50%, avec un plafond de 600€ par jour-homme. Le nombre de jours-hommes varie de 9 à 20, avec les mêmes modalités pour les jours supplémentaires individuels et organisationnels que pour les petites entreprises. Le plafond global reste de 60.000€. La formation est remboursée à 50% des frais directs (jusqu’à 250€/jour et 7.500€ par salarié), et le salaire des participants est pris en charge à 25% (plafond 250 % du SSM). Pour les grandes entreprises, l’analyse prévisionnelle est remboursée à 15%, avec un plafond de 180€ par jour-homme. Le nombre de jours-hommes s’étend de 12 à 25, et chaque salarié impacté peut bénéficier d’un jour supplémentaire uniquement pour son accompagnement individuel, sans jours supplémentaires pour l’organisation. Le plafond global de remboursement est également de 60.000 €. La formation est remboursée à 40% des frais directs (jusqu’à 200€/jour et 6.000 € par salarié), et le salaire des participants à 15% (plafond 250% du SSM).

[4] Pour plus d’informations, voir IDEA, Ioana POP (2024), Décryptage N°31 : Job rotation scheme, une best practice à la danoise.

[5] Voir IDEA, Michel-Edouard Ruben (2025), Décryptage N°46 : Du chômage au Luxembourg.

[6] Selon les dernières données de l’ADEM, le nombre de demandeurs d’emplois de 12 mois et plus est passé de 7.198 en juillet 2024, à 7.560 en juillet 2025. 

Pensions : ce que disent les mesures annoncées

© photo : Julien Mpia Massa

Il a été rappelé à maintes occasions à quel point la phase de négociation « tripartite » de ces derniers mois présentait des conditions peu propices à un « big beautiful deal ». Il ne fallait dès lors plus s’attendre à une réforme d’ampleur alliant grandes avancées sociales, durabilité financière et renforcement de la compétitivité, le tout dans un mouvement d’adaptation du modèle national au monde qui s’ouvre devant nous.

Nous y sommes. Un an après le début de la consultation entamée par la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, le gouvernement vient de livrer (sous la forme de « conclusions ») les grandes lignes de sa réforme du système de pensions, qu’il s’engage à déposer à la Chambre des Députés.

Les douze bullet points présentés dans le document[1] ne font qu’esquisser les mesures envisagées, rendant difficile sinon impossible à ce stade un examen précis de ces dernières ou un chiffrage précis de leurs retombées financières.

Cependant, les mesures proposées peuvent d’ores et déjà être analysées au regard de certains grands arbitrages qui ont été privilégiés.

Le vieillissement de la population imposera à la société de consacrer davantage de ressources aux aînés[2]. Mais les conditions du vieillissement démographique qui se profile, la grande générosité intrinsèque d’un système pensé en période de croissance démographique sur-vitaminée, la nécessité de maintien de la compétitivité de l’économie et du pouvoir d’achat des actifs (actuels et futurs, qui auront bien d’autres problèmes à financer dans les années à venir…) et enfin la recherche d’une certaine équité intergénérationnelle sont autant d’arguments qui plaidaient pour actionner davantage le levier des dépenses (actuelles et futures) de pension que ce qui est actuellement proposé.

L’importante réforme de 2012 avait prévu des mécanismes d’ajustement des dépenses qui ont finalement été revus à la baisse (exit la suppression de l’allocation de fin d’année[3], report probable de l’application du modérateur de réajustement suite à la hausse des cotisations[4]). La progression de 8 mois (sur une période de 5 ans) de la période de cotisation des actifs[5] optant pour une pension anticipée à 60 ans pourrait donner lieu à une hausse du niveau des pensions moyennes futures (des périodes cotisables additionnelles seraient forcément prises en compte en l’absence d’une adaptation parallèle de la formule de calcul des pensions. Or cette dernière ne figure pas parmi les pistes de réforme).

Il ne sert à rien de monter les générations les unes contre les autres, mais cela n’interdit pas de dire clairement que le projet proposé fera reposer l’effort ces prochaines années sur les générations actuelles et futures d’actifs. Un arbitrage intergénérationnel a été fait : il favorise les pensionnés actuels[6].

Par ailleurs, la hausse de 3 x 0,5 point des cotisations va de fait augmenter la dépense publique consacrée aux pensions. Il y a ici aussi un arbitrage implicite en défaveur d’autres dépenses publiques potentielles (santé, éducation, environnement, infrastructures, défense, recherche, etc.) à moins que de potentielles hausses d’impôt ne rentrent dans l’équation… Ou qu’une croissance économique et démographique telle que celle connue entre les années 1990 et 2008 ne redevienne « miraculeusement » possible (et acceptée).  « Sauver » l’équilibre financier du système de pension par de la dépense publique supplémentaire pourrait au final ajouter de la pression sur la soutenabilité des finances publiques dans leur ensemble. La question ne sera potentiellement que plus ardue en 2030.

En outre, le projet présenté ne propose que très peu de corrections allant vers un système plus redistributif. Il aurait en effet été possible de renforcer à la fois la soutenabilité financière du système tout en intégrant une logique redistributive dans les mesures d’ajustement. Parmi les mesures qui seraient allé dans ce sens, il aurait par exemple été possible de ne maintenir l’allocation de fin d’année que pour certains niveaux de revenus, de renforcer la logique d’augmentation de la part forfaitaire dans le calcul des droits de pensions par rapport à la réforme de 2012, ou encore d’augmenter progressivement la pension minimum. Un arbitrage a donc également été fait ici : le pilier « assuranciel » du système de pensions reste fortement privilégié, les « épaules larges » ne seront pas sollicitées par les mesures proposées.

Force est de constater qu’il y a encore une importante marge de manœuvre pour compléter le projet tel qu’il se profile actuellement. Les multiples mesures proposées par IDEA dans son « quatuor » de réformes » constituent autant de sources d’inspiration… pour 2025 !


[1] Voir : Conclusions du Gouvernement à l’issue des réunions avec les partenaires sociaux, 03.09.2025, https://gouvernement.lu/fr/actualites/toutes_actualites/communiques/2025/09-septembre/03-sozialronn-conclusions.html.

[2] Dans les propositions de réformes formulées par IDEA en avril figurent par ailleurs des idées de recettes nouvelles. Il avait par exemple été proposé un financement via un prélèvement de type « dépendance » ou un déplafonnement partiel des cotisations. Voir : Muriel Bouchet, IDEA, Document de travail N°31, Pensions : un quatuor de réformes, avril 2025. https://www.fondation-idea.lu/2025/04/03/dt-31-pensions-un-quatuor-de-reformes/.

[3] IDEA avait proposé de ne la supprimer que partiellement dans une logique de préservation des pensionnés les plus modestes.

[4] Le découplage (partiel) de l’ajustement des pensions aux salaires réels (en plus de l’indexation à l’inflation) n’entre en vigueur que si les prestations versées dépassent les recettes du régime (cotisations). La hausse des cotisations devrait repousser cette échéance.

[5] En revanche, les agents de la fonction publique ayant commencé leur activité avant le 1er janvier 1999 ne seraient pas concernés par cette mesure, ce qui accentuerait l’asymétrie entre les pensionnés du public et du privé.

[6] Une atténuation du lien entre salaires réels et pensions dès 2026, comme proposé par IDEA, aurait par exemple permis un effort mieux réparti entre les génération.

Taxe carbone : pas de retraite pour la transition !

© photo :  Unsplash

Lors de sa dernière déclaration de politique générale sur l’état de la nation, le Premier ministre Luc Frieden a évoqué plus longuement les pensions. Parmi les mesures annoncées pour assurer le financement du système pour les quinze prochaines années, la contribution budgétaire issue d’une taxe existante sur la consommation comme la taxe carbone est envisagée à hauteur de la moitié des recettes générées par celle-ci.

Depuis 2021, la taxe carbone a apporté au total 908 millions d’euros à l’Etat luxembourgeois. Le budget 2025 prévoit 286 millions d’euros de recettes, montant qui devrait progressivement augmenter jusqu’en 2026 pour ensuite se réduire progressivement. Actuellement fixée à 40 euros par tonne de CO₂, elle s’applique aux carburants, au mazout de chauffage et au gaz. Les recettes sont réparties en deux moitiés égales : 50 % sont destinées à des mesures de compensation sociale, telles que le crédit d’impôt CO₂ et l’allocation de vie chère, tandis que les autres 50% financent des investissements liés à la transition énergétique et à la lutte contre le changement climatique.

La légitimité de la taxe carbone en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) n’est plus à démontrer. Bien que d’un montant encore relativement faible par rapport au coût réel du carbone[1], le STATEC soulignait, en novembre 2023, son efficacité pour ce pour quoi elle a été principalement conçue : réduire les émissions du secteur des transport tout en maintenant le pouvoir d’achat des ménages les plus défavorisés.

Or, le chemin est encore long pour atteindre les objectifs fixés pour 2030 (-55% d’émissions de GES par rapport à 2005) et 2050 (net zero). Le seul produit de la taxe CO2 ne suffira certainement pas pour les atteindre. Il s’agit plutôt de redoubler d’efforts et donc de mettre plus de moyens dans la transition. Réduire ces moyens, en détournant les recettes de cette taxe, pourrait compromettre l’atteinte des objectifs.

D’autre part, la légitimité de la taxe repose sur la promesse de réinvestir son produit pour la transition énergétique. Modifier cette répartition pourrait affecter la perception publique pour qui la transition énergétique et le maintien du pouvoir d’achat des plus défavorisés ont été annoncé comme éléments constitutifs de cette taxation.

En outre, il s’agit d’une taxe de transition, dont les recettes sont appelées à diminuer au fur et à mesure que la transition s’opère. Par ailleurs, il arrivera un moment — comme l’a indiqué le STATEC — où la taxe portera le prix des carburants à un niveau équivalent à celui des pays limitrophes, réduisant fortement l’intérêt pour les pompes luxembourgeoises et donc le montant total récolté. La transition énergétique, dont l’objectif d’électrifier le parc automobile luxembourgeois fait partie, amènera également à la réduction de la demande d’énergies fossiles, frappées par cette taxe. Faire de cette ressource un pilier durable du financement des pensions pourrait ainsi fragiliser l’ensemble. En effet, la taxe carbone est pour l’instant prévue jusqu’à fin 2026. Par la suite, le développement du marché européen du carbone devrait également couvrir les émissions issues du transport (et donc de la vente de carburant). L’avenir de la fiscalité carbone reste donc incertain.

Utiliser la taxe carbone pour résorber le déficit à venir des pensions apparaît davantage comme une solution temporaire qu’une réponse durable à un défi majeur de société. Exactement comme le changement climatique, la question des retraites appelle des choix structurels, courageux et équitables. Dérober des moyens d’action à l’un pour financer l’autre ne constitue ni une solution vertueuse, ni une réponse à la hauteur des enjeux.

 


 

[1] Les estimations à ce sujet varient. Une méta-analyse des publications sur le sujet du coût social du carbon mentionne une moyenne comprise entre 700 et 900 dollars la tonne de CO2 (source : « Trends and biases in the social cost of carbon », Richars S. J. Stol, mai 2025). France Stratégie dans sa publication « La valeur de l’action pour le climat » de mars 2025 mentionne un niveau d’action pour le climat de 256 euros la tonne de CO2.

[2] A ce sujet, une note de recherche de la Cellule scientifique de la Chambre des Députés, soulignaient en décembre 2023 : « Une communication claire des politiques climatiques – sociales, ciblées, efficaces et équitables – ainsi qu’une gestion stratégique de la redistribution des recettes des taxes carbone et adaptée au contexte national, est cruciale pour l’acceptabilité des mesures par la population. »

Présentation d’IDEA sur la durabilité du système de pensions dans le cadre de « Schwätz Mat ! »

IDEA a eu l’honneur d’être invité par le Ministère de la Santé et de la Sécurité sociale à présenter ses travaux sur la durabilité du système de pensions ce jeudi 24 avril, dans le cadre de la 3ème réunion d’experts du processus de consultation citoyenne sur la viabilité à long terme de notre système des retraites.

Lors de cette journée passée au Château de Bourglinster, son directeur, Vincent Hein et Jean-Baptiste Nivet, économiste sénior, ont pu aborder les deux questions essentielles que sont « Pourquoi réformer le système de pensions ? » et « Pourquoi réformer dès maintenant ? », et détailler « Les propositions de réforme d’IDEA » pour les mois à venir.

Vous trouverez ci-dessous la présentation réalisée pour l’occasion.

Pensions : un quatuor de réformes – key note speech de Muriel Bouchet

© photo : Julien Mpia Massa

Muriel Bouchet a présenté lors de la conférence du 3 avril dernier “Réforme des pensions : que faire ?”, en présence de la Ministre de la Santé et de la Sécurité sociale Madame Martine Deprez, quatre réformes des pensions possibles respectant 8 grands principes (équité, universalité, simplicité, continuité, flexibilité…) :

– La réforme Écureuil privilégie la dimension épargne sans ignorer le social.
– La réforme Sociale présente des accents sociaux plus marqués.
– La réforme d’Age reprend des éléments des deux autres réformes mais en considérant davantage la hausse attendue de l’espérance de vie.
– Le pilotage automatique repose sur une seule mesure permettant d’équilibrer les dépenses et les recettes de manière dynamique.

Revivez ce key note speech avec la vidéo ci-dessous.

Retour sur le séminaire : « Les dépenses publiques au Luxembourg : Everest ou Kneiff ? »

© photo : Ioana Pop

À l’occasion de la publication du Document de travail N°25 : « Les dépenses publiques au Luxembourg : Everest ou Kneiff ? », IDEA a organisé le mardi 16 juillet 2024 un séminaire de présentation du Document de travail par Muriel Bouchet, économiste, ancien Directeur et membre du Conseil Scientifique d’IDEA.

Dans un contexte de grande attention portée à l’état des finances publiques, l’étude permet d’éclairer le débat en répondant à des questions comme : Le Luxembourg dépense-t-il plus ou moins par habitant que ses voisins ? Comment mesurer le niveau de la dépense publique en tenant compte des spécificités du pays (présence des frontaliers, limites du PIB comme indicateur, …) ? Dans quelle mesure le niveau de richesse ou la petite taille peuvent-ils expliquer le niveau de certaines dépenses ? Quels sont les domaines dans lesquels le pays creuse l’écart avec ses voisins ? Comment se situe le Luxembourg en matière d’efficacité de la dépense publique dans certains domaines ?

Document de travail N°26 : Économie immobilière et politique(s) du logement : État des lieux, questions majeures et perspectives !

© photo : Julien Mpia Massa

Économie immobilière et politique(s) du logement : État des lieux, questions majeures et perspectives !

Cette publication propose aux lecteurs désireux de se forger une opinion éclairée une vue d’ensemble sur, et des réponses à, certaines questions en lien avec l’économie immobilière et les politiques du logement :

  • Où en est le marché immobilier luxembourgeois ?
  • Pourquoi les prix immobiliers sont-ils aussi élevés au Luxembourg ?
  • Comment expliquer la persistance à un si haut niveau (70%) du taux de propriétaires ?
  • Les promoteurs privés sont-ils « méchants » ?
  • « Aider » les investisseurs locatifs : est-ce du gâchis ?
  • Et si l’État (re)expropriait ?

Aussi, elle rappelle – en filigrane – que conduire une politique du logement/veiller à ce que toute personne puisse disposer d’un logement approprié, dans un petit pays riche à démographie particulièrement dynamique, est un art – constamment – difficile.

Sources : Observatoire de l’habitat, calculs de l’auteur

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Document de travail N°26 : Économie immobilière et politique(s) du logement : État des lieux, questions majeures et perspectives !

Document de travail N°25 : Les dépenses publiques au Luxembourg : Everest ou Kneiff ?

© photo : Julien Mpia Massa

Les dépenses publiques au Luxembourg : Everest ou Kneiff ?

Dans un contexte de grande attention portée à l’état des finances publiques, l’étude permet d’éclairer le débat en répondant à des questions comme : Le Luxembourg dépense-t-il plus ou moins par habitant que ses voisins ? Comment mesurer le niveau de la dépense publique en tenant compte des spécificités du pays (présence des frontaliers, limites du PIB comme indicateur, …) ? Dans quelle mesure le niveau de richesse ou la petite taille peuvent-ils expliquer le niveau de certaines dépenses ? Quels sont les domaines dans lesquels le pays creuse l’écart avec ses voisins ? Comment se situe le Luxembourg en matière d’efficacité de la dépense publique dans certains domaines ?

Cette étude a été conduite par Muriel Bouchet, économiste, ancien Directeur et membre du Conseil Scientifique d’IDEA, dans le cadre d’une collaboration avec notre laboratoire d’idées.

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Document de travail N°25 : Les dépenses publiques au Luxembourg : Everest ou Kneiff ?

Séminaire IDEA : « Les dépenses publiques au Luxembourg »

Document de travail N°24 : Des bourses d’études pour les futurs talents de la diversification économique

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Des bourses d’études pour les futurs talents de la diversification économique

Le Luxembourg a investi significativement dans le développement de nouvelles spécialisations afin de diversifier son économie. Les secteurs visés, souvent à la pointe de la technologie comme l’illustre l’industrie spatiale, requièrent des spécialistes de haut-niveau, tout particulièrement dans les domaines des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). Si le Grand-Duché a toujours pu compter et compte encore aujourd’hui sur son attractivité, tant pour la main-d’œuvre que les capitaux, pour faire croitre ces secteurs émergents, il devra davantage faire reposer sa compétitivité sur les talents internes. En effet, une rude concurrence s’est installée entre les principales économies pour l’attraction et le maintien des talents, qui participe au Grand-Duché d’une pénurie de main-d’œuvre grandissante. C’est ainsi que la capacité des jeunes luxembourgeois et liés au Luxembourg à devenir ces spécialistes de haut-niveau est cruciale à la diversification économique.

Les bourses d’études sont des outils efficaces pour favoriser ce mouvement, dans un contexte national d’une forte mobilité étudiante, d’où la nécessité d’innover dans ce domaine. Ce document de travail propose de créer trois nouvelles bourses d’études pour soutenir les étudiants ayant opté pour les domaines STIM :

  • la bourse ranking STIM reposant sur l’instauration d’un bonus pour les étudiants des matières scientifiques,
  • la bourse d’excellence grand-ducale dédiée aux élèves aux parcours remarquables et ambitieux,
  • l’aide aux études supérieures bilatérale via des partenariats avec des cursus étrangers de haut-niveau en lien avec les spécialisations économiques visées.

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Document de travail N°24 : Des bourses d’études pour les futurs talents de la diversification économique

“Luxembourg’s competitiveness: are we still in the race?” Takeaways from this year’s Journée de l’économie

© photo : PWC Luxembourg

The 17th Journée de l’Economie took place on 26 March 2024 at the Luxembourg Chamber of Commerce. The event was organised by the Ministry of Economy via the Luxembourg Competitiveness Observatory, the Luxembourg Chamber of Commerce, FEDIL and the foundation IDEA with the support of PwC Luxembourg.

In the presence of Lex Delles, Minister of the Economy, and with keynote speeches by Lionel Fontagné and Michele Cincera, an exceptional number of over 190 participants discussed the theme “Luxembourg’s competitiveness: are we still in the race? Seizing the opportunities of global change ”. Two panel discussions enriched the programme and allowed the visitors to raise their questions.

This year’s dominating topics were related to Luxembourg’s current competitiveness, identifying the critical success factors from recent years and defining their role in shaping the Grand Duchy’s trajectory for the future. The discussion also endeavoured to explore innovation and emerging technologies in Luxembourg, investigating the country’s role in shaping tomorrow’s technological landscape while tackling the combined challenges of environmental and digital transformation.

The participants were welcomed by Serge Allegrezza, Director of Luxembourg’s statistics bureau Statec. Mr Allegrezza underlined the Journée de L’Economie’s long history of 17 years and reminded the audience of the various topics that were previous main themes such as corporate social responsibility, pandemics and geopolitical challenges amongst others. Mr Allegrezza also stressed how, during the past three years, the competitiveness of Luxembourg was impacted by the pandemic, the energy crisis and the war in Ukraine.

The conference was opened by Carlo Thelen, Director General, Chamber of Commerce, who reminded those in attendance that Luxembourg has maintained a relatively high level of economic prosperity thus far, and that “the resilience capabilities of Luxembourg during the pandemic and the confirmation of the triple A rating in 2023 are very important elements of the country’s competitiveness”. However, Mr Thelen pointed out that this competitiveness has been deteriorating for several years with a significant drop over the last two years in business confidence across several sectors as reflected by the Chamber of Commerce’s latest Economic Barometer.

Mr Thelen added: “In a fast-changing environment whereby national resources are scarce, the time has come to create a new and more resilient model,” based on a dynamic energy transition and further diversification. He emphasised two concerning points, namely, R&D intensity, with Luxembourg R&D spending representing less than 1% of GDP in 2022, below the European average of 2.2%, as well as the stagnation of labour productivity. Within this context, Mr Thelen reminded the audience that innovation, the promotion of entrepreneurial spirit, high quality in scientific and technological infrastructure and attraction of talents are all crucial for the country’s future. He concluded that it will take courage and vision to maintain and increase the competitiveness of our economy, a sentiment echoed throughout the day.

Lex Delles, the Minister of Economy, spoke about the importance of competitiveness in his political agenda. He mentioned that productivity is the key element of Luxembourg’s economic development and sustains the country’s socio-economic model. Mr. Delles also highlighted the need for action in several areas, including R&D, innovation, digitalisation, skill retention, and the softening of the regulatory framework. The Ministry is actively working on measures to promote technological progress within companies. Mr Delles concluded that Luxembourg’s competitiveness remains high despite a recent slight decline, with strengths including macroeconomic and political stability, a triple A rating, favourable business environment, and satisfactory regulatory framework. As for the points of improvement, Mr Delles mentioned the costs of labour, inflation, management practices or even the slow productivity growth.

Professor Lionel Fontagné of the University Paris I Panthéon-Sorbonne and the Paris School of Economics, spoke about the future of competitiveness and the energy transition. He highlighted the importance of considering the indicators that make up global rankings, such as the price of energy, and the challenge of collective action in discussing the energy transition between civil society and the government. Professor Fontagné also emphasised the heterogeneity of ambitions and instruments among countries that signed the Paris agreement on climate change, leading to distorted competition at the international level. He proposed the possible solution of an implicit price of carbon that would rely on a model, raising the question of which model should be considered for that purpose. His  insights were both thought-provoking and informative.

Is Luxembourg still competitive?

Before the break, there was a panel of five keynote speakers, i.e. Serge Allegrezza, Director General, STATEC, Lionel Fontagné, Professor of Economics, University Paris I Panthéon-Sorbonne, François Mousel, Managing Partner, PwC Luxembourg, Richard Forson, CEO, Cargolux, Emanuele Vignoli, CEO, HSBC, moderated by Bérangère Beffort, Lead Public Relations & Advocacy, Chamber of Commerce and Vincent Hein, Director, IDEA.

The speakers shared their insights on the country’s competitiveness in the face of fierce competition and unfavourable market conditions. Mr Allegrezza defined competitiveness as a two-fold concept referring to the competitiveness between companies and between countries, while Professor Fontagné warned against obsessing over rankings. When asked about the main strengths and weaknesses of Luxembourg, Mr Mousel emphasised that the main assets of Luxembourg are its diversity and political stability, while its weaknesses are linked to its size constraints and its disconnection between private businesses and the international economy. Mr Vignoli proposed three axes to strengthen the attractiveness of Luxembourg: a corporate vision aimed at attracting professionals to do business in Luxembourg, fostering education to promote Luxembourg as an excellent place to start his professional career and a government initiative aimed at making the country more attractive, highlighting the excellent work-life balance provided by Luxembourg. Finally, Mr Forson warned the unions that the labour cost in Luxembourg is “a prohibitive vector” that will “kill the competitiveness” of Luxembourg with the ultimate risk to have companies outsourcing their activities to jurisdictions where labour cost would be less expensive.

Michele Cincera, Professor of Economics at the Solvay Brussels School of Economics and Management-ULB, closed the keynote sessions with an enlightening speech about how innovation can boost post-crisis competitiveness, reflecting a new horizon for Luxembourg’s economy.

Mr Cincera highlighted that competitiveness does not only imply the balance of exports and imports but also involves the quality of life that these economic activities support. He pointed out the various factors contributing to Luxembourg’s competitiveness with its infrastructure and connectivity, economic stability, business dynamism, market size, education and skills amongst others. Echoing a theme raised throughout the day, he noted that R&D is abnormally low for Luxembourg at less than 1% of GDP and even decreasing. He further mentioned that this low figure is due to the economic structure of Luxembourg in which finance and banking sectors – for which R&D is less impactful – account for a large part of the GDP. As such, the whole R&D potential is not fully  used in Luxembourg and this needs to be changed. He concluded by stating that a focus on science, technology and innovation should be the main drivers to boost Luxembourg’s competitiveness.

Innovation and new technologies: Where is Luxembourg today on tomorrow’s technologies?

The final discussion of the day was moderated by Cécile Liégeois, Partner, Clients & Markets Leader, PwC Luxembourg and Gaston Trauffler, Head of Industrial Policy, FEDIL. They were joined by Emilie Allaert, Founder & CEO, Digital Minds S.à r.l., Michele Cincera, Professor of Economics, Solvay Brussels School of Economics and Management-ULB, Anne-Marie Solvi, CEO, Paul Wurth Geprolux S.A., Christophe Timmermans, CEO, SolarCleano and Pierre Zimmer, CIO, POST, for a vivid discussion on innovation and technological future in Luxembourg, shedding light on the challenges and strategies required to uphold Luxembourg’s competitiveness.

The moderators first referred to the results of the last PwC Global CEO survey, highlighting that:

  • 45% of CEOs believe that their company will not be viable in ten years if it stays on its current path;
  • 67% of CEOs in Luxembourg will invest in the next 12 months in deploying technology (cloud, AI…);
  • 70% of CEOs anticipate that Gen AI will drive changes to their business models.

Mr Zimmer emphasised the importance for small companies to be innovative. Speaking of innovation, Mr Timmermans added that it should not be reduced to technology as companies should also be innovative in their business model. In this regard, he asserted that Luxembourg is embracing innovation throughout the financial incentives implemented by the Luxembourg government to support innovative start-ups, particularly in the high-tech sector. Ms Allaert spoke of the challenge of balancing regulation and innovation, and the impact of high labour costs as major constraints on the investment in new technologies. The panel agreed on the need for more flexible regulation in Luxembourg and faster, more accessible financial support for innovative companies. Ms Solvi shared her observations of resilience in green tech companies and the importance of focusing on products with added value to remain competitive.

On behalf of all the organisers, a huge thank you is extended to all the participants and panellists of the conference for their valuable contribution.

Document de travail N°23 : De la réforme fiscale !

© photo : Julien Mpia Massa

Une réforme fiscale, pourquoi faire ? 

Le système fiscal luxembourgeois, indiscutablement redistributif, incitatif, pro-croissance et complexe, n’a pas connu de modifications (se voulant) de grande ampleur depuis la loi du 23 décembre 2016 portant mise en œuvre de la réforme fiscale ; par conséquent, il s’avère quelque peu dépassé par l’apparition de nouveaux défis (e.g. forte inflation, hausse des déficits publics, dégradation des comptes sociaux, hausse des taux d’intérêt, dérèglements climatiques, triple crise du logement, de la construction et de l’immobilier, etc.) et dans une position concurrentielle relativement moins favorable compte tenu de modifications fiscales intervenues dans d’autres pays.

L’analyse de la situation actuelle de l’économie grand-ducale conduit néanmoins à considérer que la future réforme fiscale ne devrait pas viser prioritairement à diminuer significativement et de façon indiscriminée la pression fiscale. Une approche pragmatique serait d’envisager/d’assumer de modestes adaptations centrées sur la recherche d’efficience, n’affectant pas le niveau global des prélèvements obligatoires et s’efforçant de contribuer – dans la mesure du possible – au nécessaire renouvellement du pacte productif.

Le Document de travail propose un survol d’améliorations possibles du système fiscal luxembourgeois à l’aune de certains défis prioritaires.

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Document de travail N°23 : De la réforme fiscale !

Retour sur la matinée-débat : « Visions pour le territoire luxembourgeois, comment concilier croissance et transitions à l’horizon 2050 ? »

À l’occasion d’une série de conférences portant sur les « Stratégies d’adaptation à la petite taille du Luxembourg », la Section des Sciences morales et politiques de l’Institut Grand-Ducal de Luxembourg organisait ce samedi 1er juillet 2023 une matinée-débat autour du thème « Visions pour le territoire luxembourgeois, comment concilier croissance et transitions à l’horizon 2050 ? ».

La Fondation IDEA asbl, le ministère de l’Économie et le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire étaient associés à cet événement qui a permis de débattre des enjeux de la croissance économique et démographique sur un territoire restreint et de souligner les intersections et les différences entre les réflexions que les trois institutions ont récemment menées en parallèle à cet égard : Luxembourg Stratégie, la direction de prospective économique du Ministère de l’Économie qui explore des futurs possibles et prépare les transformations à long-terme ; Luxembourg in Transition coordonnée par le ministère de l’Energie et de l’Aménagement du territoire, une consultation internationale qui visait à réunir des propositions stratégiques d’aménagement du territoire et à produire des scénarios de transition écologique à l’horizon 2050 ainsi que l’étude d’IDEA « Une vision territoriale pour le Luxembourg à long terme – Fir eng kohärent Entwécklung vum Land ».

Pascale Junker, Chargée de direction Luxembourg Stratégie au ministère de l’Économie, Marie-Josée Vidal, Coordinatrice générale au Département de l’Aménagement du territoire, ainsi que Vincent Hein, senior economist IDEA, ont présenté les trois démarches respectives.

S’est ensuivie une table ronde animée par la journaliste Caroline Mart à laquelle ont pris part Franz Fayot, Ministre de l’Économie, Claude Turmes, Ministre de l’Aménagement du territoire et Michel Wurth, Président d’IDEA.

Pour télécharger la présentation de Vincent Hein :
Une vision territoriale pour le Luxembourg à long terme - Fir eng kohärent Entwécklung vum Land

Document de travail N°22 : Rétrospective économique 2018-2022

© photo : Julien Mpia Massa

La rétrospective économique des cinq années écoulées est largement dominée par l’analyse des effets d’une succession de deux chocs, sanitaire, puis géopolitique, face auxquels l’économie luxembourgeoise semble avoir plié (un peu) mais pas rompu. Si la période observée correspond à la mandature politique qui s’achève, il n’est pas possible pour autant de considérer cet exercice comme un « bilan économique » complet et définitif de la coalition au pouvoir.

Il n’en demeure pas moins qu’avec l’éclatement des crises, les réorientations de la politique budgétaire et économique ont tranché avec la conduite adoptée au moment de la crise des dettes souveraines, au Luxembourg comme au niveau européen. Avec une succession de plans de soutien aux entreprises et aux ménages, l’État a apporté une forme de stabilité dans un contexte dominé par l’urgence et l’incertitude radicale. Il s’est à la fois positionné en assureur en dernier ressort des agents économiques et en animateur du dialogue social, remettant au goût du jour le néocorporatisme luxembourgeois né d’autres crises passées.

Cette rétrospective économique 2018-2022 est l’occasion d’aborder la bonne résistance aux chocs de l’économie luxembourgeoise, visible en particulier sur le marché du travail. Le pays a continué à attirer de nombreux résidents et frontaliers et a pu limiter la casse sur le plan social, malgré des inquiétudes exacerbées par le retour de l’inflation et la remontée des taux d’intérêts. L’analyse met en avant un certain nombre de « décrochages » latents qui ont été accentués par le double choc pandémique et énergétique et revient sur les évolutions des finances publiques ainsi que sur des indicateurs de consommation énergétique et du bilan CO2 « en trompe l’œil ».

Taux de croissance annuel moyen de quelques indicateurs macroéconomiques du Luxembourg sur les périodes 2007-2017 et 2017-2022 (* = 2017-2021)
Sources : STATEC, Agence Européenne de l’Energie

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Document de travail N°22 : Rétrospective économique 2018-2022

Document de travail N°21 : Quelques réflexions sur le projet de Programme directeur d’aménagement du territoire (PDAT) 2023

© photo : Julien Mpia Massa

Les réflexions sur le développement socio-économique du Luxembourg à moyen et long terme ne peuvent pas, compte tenu de certaines caractéristiques géographiques et économiques du pays , faire l’impasse sur les questions liées au développement spatial et à l’aménagement du territoire. Si les précédents exercices de programmation spatiale (en particulier le PDAT 2003 et l’IVL de 2004 ) avaient bien identifié la nécessité de mieux « organiser » la croissance économique et démographique sur le territoire, les concepts qu’ils ont appelés de leurs vœux, au premier rang desquels la « déconcentration concentrée », peinent toujours à se concrétiser dans les faits. La difficulté à mettre en œuvre les stratégies d’aménagement, couplée à une sous-estimation chronique de la croissance, ont contribué à renforcer ses effets indésirables : étalement urbain, prix du foncier, rareté du logement, saturation des infrastructures de mobilité, pollution, qualité de vie, attractivité, déséquilibres transfrontaliers… Les goulots d’étranglement se manifestent peu à peu et pourraient représenter, en l’absence de changements significatifs dans l’organisation territoriale, une menace pour la prospérité économique, sociale et écologique du pays.

Le projet de Programme directeur d’aménagement du territoire 2023 (PDAT), publié en septembre 2022, constitue dans ce contexte une mise à jour bienvenue des précédents documents de planification. Le présent Document de Travail vise à nourrir les débats autour de la consultation sur le projet de PDAT 2023 en s’appuyant sur quelques constats majeurs issus de l’étude « Une vision territoriale pour le Luxembourg à long terme – Fir eng kohärent Entwécklung vum Land » publiée par la Fondation IDEA asbl en février 2023.

Il est l’occasion d’aborder les projections économiques et démographiques nécessaires à l’élaboration d’une vision territoriale de long terme, les implications d’une ambition pour une nouvelle armature urbaine visant à stopper l’étalement urbain et le morcellement territorial, la nécessité de penser le développement spatial dans un contexte transfrontalier, les grands défis pour la mobilité à l’horizon 2050, les transformations à penser en matière d’urbanisation ainsi que plusieurs pistes permettant de rendre plus opérationnelle la politique d’aménagement du territoire au sens large.

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Quelques réflexions sur le projet de Programme directeur d’aménagement du territoire (PDAT) 2023