Tableau de bord économique et social – Novembre 2023

Le Tableau de bord économique et social d’IDEA offre un nouvel indicateur permettant de mieux appréhender les efforts du Luxembourg en matière de protection de l’environnement : les émissions de CO2 par combustion d’énergie.

Ralentissement de l’inflation… et de l’économie !

  • La baisse de l’activité touche tous les grands secteurs. En particulier, le secteur de la construction, affecté par le durcissement des conditions de crédit et la baisse des carnets de commandes, est en régression depuis plusieurs mois.
  • Le montant des crédits immobiliers consentis aux ménages résidents pour des immeubles situés au Luxembourg a diminué de 15,7% au deuxième trimestre 2023 par rapport au trimestre précèdent, 48,8 % sur un an et 60 % par rapport à son niveau record du 1er trimestre 2021.
  • Sur un an, la croissance de l’emploi salarié intérieur est de 1,5 % contre 3,3 % en 2019. Le rythme de croissance des emplois salariés ralentit sensiblement et les perspectives d’évolution de l’emploi à court terme ne sont pas très encourageantes.
  • Au deuxième trimestre de 2023, le PIB se contracte (-0,1 % par rapport au trimestre précédent). En variation annuelle, cela fait trois trimestres consécutifs que le PIB recule. Pour atteindre une croissance de 1,5 % en 2023, le PIB au 2ème semestre 2023 devrait croître de 5,3 % par rapport au 1er semestre 2023. Selon les prévisions du FMI, le risque de récession est plus probable pour le Luxembourg cette année.
  • En septembre 2023, le nombre de demandeurs d’emploi résidents âgés de moins de 25 ans augmente de 28,1 %.

Zoom sur l’évolution de la valeur ajoutée dans les principales branches

Au 1er semestre 2023, la valeur ajoutée brute totale générée par l’activité économique au Luxembourg a diminué de 1,8 % par rapport au 2ème semestre 2022. La plupart des secteurs ont également observé une baisse de valeur ajoutée. C’est le cas notamment du secteur des transports, commerce, Horeca (-4,9%) et du secteur des TIC (-6,8 %). Le secteur des spectacles et loisirs enregistre la plus forte baisse (-9,5 %) sur la même période, mais son poids dans l’économie est relativement faible. L’activité dans les services publics a permis de dégager une valeur ajoutée positive (+3,2%) au 1er semestre par rapport au semestre précédent. C’est le cas aussi dans le secteur de l’industrie, mais dans une moindre mesure.

 Source : STATEC, comptes nationaux trimestriels, calculs IDEA

Pour télécharger le Tableau de bord

Pour un élargissement de l’amortissement spécial dans les investissements climatiques

Le Luxembourg est sorti plus rapidement de la récession pandémique que la plupart des pays de la zone euro et les mesures de stabilisation tout comme les dispositifs d’aide à la reprise semblent avoir pleinement joué leur rôle, limitant les pertes de revenus des entreprises et des ménages. Cette phase de reprise est néanmoins marquée par une accumulation d’incertitudes et de défis pour l’avenir. En complément des principales mesures annoncées dans le cadre de la présentation de la loi budgétaire pour 2022 visant à renforcer les investissements publics, accompagner la transition énergétique, rendre le logement plus abordable et soutenir la formation ainsi que la transition digitale, plusieurs mesures complémentaires pourraient être prises dans le but d’améliorer la protection des ménages les plus vulnérables, de soutenir les entreprises, de limiter la pression sur le marché de l’immobilier et de ne pas injurier l’avenir du pays. Ces propositions font l’objet de 9 amendements.

Le deuxième amendement proposé dans le Document de Travail N°17 relève du soutien aux entreprises dans le cadre de la transition énergétique et vise à élargir un dispositif « d’aide fiscale » existant.

Pour un élargissement de l’amortissement spécial pour les investissements climatiques des entreprises

Dans le cadre du Plan National Energie Climat adopté en 2020, le Luxembourg s’est fixé comme objectif une ambitieuse réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55% d’ici à 2030 en comparaison aux niveaux de 2005, pour les secteurs qui ne relèvent pas du marché européen du carbone[1]. Cet objectif suppose, compte tenu de la dynamique démographique du pays, une baisse inédite des émissions par habitant de plus de 70%. Dans un projet de Règlement grand-ducal en discussion[2], le Gouvernement précise la répartition sectorielle des efforts qui seront à fournir pour y parvenir. Ainsi, en l’espace d’une décennie, les émissions issues du parc des bâtiments devraient notamment baisser de 62%, celles des transports être divisées par 2, tout comme celles issues de l’industrie au sens large (incluant énergie et construction), hors marché du carbone. Les émissions du secteur du traitement des déchets devront reculer de 44% et celles de l’agriculture-sylviculture de 27%.

L’ampleur des transformations nécessaires à l’atteinte de ces objectifs sur une échéance très courte imposera des incitations fortes, comme un relèvement progressif et anticipable de la taxe CO2[3], des adaptations règlementaires, mais également des dispositifs de soutien ciblés[4]. Bien que des dispositifs existent déjà en matière d’aides directes aux entreprises, et qu’un certain nombre de politiques publiques pour la transition découlent du cadre européen, des marges de manœuvre nationales restent possibles.

En particulier, compte tenu du surcoût que représentent les projets de décarbonation pour les entreprises, tant en matière d’investissements que de coûts opérationnels, il pourrait être opportun d’élargir le spectre des coûts couverts par le mécanisme d’amortissement spécial pour les investissements réalisés « dans l’intérêt de la protection de l’environnement » et « de la réalisation d’économies d’énergie »[5]. En effet, le champ d’application de l’amortissement spécial actuel ne couvre pas les investissements productifs, mais uniquement les installations « servant directement et principalement » à réduire les impacts environnementaux.

L’ampleur de la transition énergétique attendue nécessitera également des réorientations des processus de production en tant que tels, avec une accélération du remplacement du capital productif, mais aussi des coûts induits en matière de personnel et de formation. Ces derniers mériteraient dès lors d’être inclus dans le dispositif d’amortissement spécial. En outre, il serait souhaitable de revoir le taux de l’amortissement à la hausse (le taux actuel est de 80% des investissements réalisés[6]), éventuellement en accordant un bonus aux PME.


[1] Dans le cadre du projet « fit for 55 » présenté par la Commission européenne le 14 juillet 2021, il est désormais prévu que les émissions des secteurs couverts par le marché du carbone baissent de 61% en 2030 par rapport à 2005 (contre une baisse de 43% prévue auparavant).

[2] Projet de règlement grand-ducal déterminant les allocations d’émissions de gaz à effet de serre annuelles pour la période allant jusqu’au 31 décembre 2030 des secteurs visés à l’article 5 de la loi modifiée du 15 décembre 2020 relative au climat. Voir : https://environnement.public.lu/content/dam/environnement/actualites/2021/08/allocations-emissions-gaz/Projet-RGD-objectifs-sectoriels.pdf.

[3] Voir : Muriel Bouchet, Vincent Hein, Michel-Edouard Ruben, Fondation IDEA asbl, Document de travail N°16 : Quelques réflexions sur le budget 2021 ! p. 10-11, octobre 2020.

[4] Voir notamment : https://www.fedil.lu/fr/press-releases/objectif-climatique-national-pour-lindustrie/.

[5] Article 32bis L.I.R.

[6] 80% du prix de revient de l’investissement peuvent être amortis : sur l’exercice de l’acquisition ou de la constitution des immobilisations ou au cours d’un des quatre exercices suivants ou être réparti linéairement sur plusieurs des cinq exercices.