Tableau de bord économique et social – Novembre 2024

Les convoyeurs attendent…

Bien que certains indicateurs soient meilleurs qu’il y a quelques mois, la reprise se fait attendre au Luxembourg, les signaux d’activité ne sortent pas de la grisaille et montrent une certaine indécision quant à la direction que la conjoncture pourrait prendre. Dans la zone euro, le constat est relativement semblable : une croissance de 0,4% a été observée au troisième trimestre mais avec des anticipations d’activité relativement faibles.

Cette indécision se traduit également au niveau de l’emploi, avec une progression de seulement 0,9% de l’emploi salarié intérieur entre septembre 2023 et septembre 2024, qui montre un ralentissement de l’emploi pour toutes les catégories : frontaliers et résidents. Le taux de chômage reste (pour le moment) stable à 5,8%, mais à un niveau plus élevé qu’un an plus tôt. Le nombre de demandeurs d’emploi disponibles augmente de 4,8% sur un mois pour s’établir à 18.179 personnes. Comme dans le précédent tableau de bord, la part, toujours plus importante parmi les chômeurs, de titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur constitue 30% de cette population.

En contraste de ce climat ambiant, les finances publiques ont le sourire : le budget de l’Administration centrale affiche un excédent de 471 millions d’euros fin septembre, avec une forte accélération des recettes par rapport à l’année passée (+14%), ceci malgré une augmentation des dépenses (+7%). Le gouvernement peut donc voir l’avenir avec optimisme, le déficit devrait être contenu cette année. Cependant, le ralentissement de l’emploi pourrait alerter sur la dégradation des comptes de la sécurité sociale.

Les ménages montrent des signes de prudence comme en témoignent l’indice de confiance et les anticipations des consommateurs, qui restent peu enclins à faire des achats importants.

Au rayon des bonnes nouvelles enfin, l’inflation continue de ralentir et s’élève désormais à 1% sur base annuelle. Ce sont surtout les prix énergétiques qui sont en baisse et qui tirent l’indice vers le bas. Le STATEC cible désormais un taux d’inflation de 2,1% pour 2024 et 2,5% pour 2025. Ce n’est pas la BCE qui contredira cette trajectoire, cette dernière ayant réduit les taux directeurs le 17 octobre, pour une troisième fois cette année.

[Zoom] La fin de la chute pour l’immobilier ?

Malgré des signaux de fébrilité du secteur de la construction, avec notamment un nombre de faillites toujours important (27,4% du total des faillites enregistrées en septembre), l’optimisme relatif du secteur (l’indice de confiance sur l’activité reste en territoire négatif en octobre), un pessimisme des ménages avec une intention d’achat immobilier très basse (-90 points en juillet 2024, dernière donnée disponible) … Serait-il possible de voir une lueur d’espoir au bout du tunnel ?

Possiblement. L’indice des prix à la construction, a fortement diminué, passant de 12,3% en juin 2023 à 1,7% un an plus tard. Le nombre de transactions augmente au deuxième trimestre 2024 par rapport au premier trimestre (et ce, pour tous les types de transactions), tout en restant à des niveaux bien inférieurs. La tendance positive pourrait perdurer avec la diminution récente des taux d’intérêt par la BCE, ce qui se traduit par une stabilisation de l’encours des crédits immobiliers, signe d’une éventuelle hausse à venir.

Sources: Observatoire de l’habitat, BCL et calculs IDEA

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Tableau de bord économique et social – Septembre 2024

A pas de tortue

Au Luxembourg, les données du 2ème trimestre 2024 révèlent une reprise lente mais tangible, avec une première hausse en variation annuelle du PIB de 0,3% après 6 trimestres consécutifs de baisse annuelle. En évolution trimestrielle, cette hausse se monte à 0,6%. En revanche, la zone euro montre toujours des signes d’essoufflement économique avec une croissance trimestrielle du PIB de 0,2%.

Avec une progression de seulement 0,9% de l’emploi salarié intérieur entre juillet 2023 et juillet 2024, le marché du travail continue de croître à un rythme lent, mais désormais stable et « profite » davantage aux travailleurs frontaliers qu’aux résidents. Le taux de chômage, quant à lui, s’établit à 5,8%. L’ADEM dénombre 17.901 demandeurs d’emploi résidents disponibles en juillet. Parmi eux, le nombre de chômeurs titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur a poursuivi sa hausse, augmentant de 19,4% (+850) en un an. Cette catégorie représente un tiers des demandeurs d’emploi résidents disponibles, marquant l’une des plus fortes progressions.

Le budget de l’Administration centrale affiche un excédent de 487 millions d’euros sur le 1er semestre, les recettes ayant augmenté plus dynamiquement (+12,2%) que les dépenses (+7,3%). Ces nouvelles encourageantes ont pu conforter le gouvernement dans sa décision de porter un nouveau paquet de mesures fiscales (500 millions d’euros).

Les indicateurs de confiance des ménages ne montrent pas d’amélioration franche. Ils sont toujours en territoire (très) négatif et peuvent faire craindre des intentions d’épargner toujours très hautes.

En août, l’inflation s’élève à 1,7%. Ce ralentissement de la hausse des prix à la consommation est porté principalement par la baisse des prix énergétiques, les services étant le principal secteur encore concerné par l’inflation. Le STATEC cible un taux d’inflation de 2,3% pour 2024 et 2,6% pour 2025. Alors qu’une nouvelle baisse des taux directeurs est annoncée par la BCE, l’inflation dans la zone euro s’établirait en moyenne à 2,5% en 2024 et 2,2% en 2025.

Source : Statec et calculs IDEA

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Tableau de bord économique et social – Juin 2024

Un élan discret

Au Luxembourg, les données du premier trimestre 2024 montrent une très légère reprise, avec une augmentation de 0,5% du PIB, mais sa variation annuelle reste négative (après 6 trimestres consécutifs de baisse annuelle). Dans la zone euro également, l’économie a renoué avec la croissance après deux trimestres de baisse du PIB, bien que cette reprise reste modérée. Au premier trimestre 2024, le PIB de la zone euro a ainsi augmenté de 0,3%.

Sur la même tendance, les indicateurs de confiance des ménages montrent une légère amélioration de l’activité économique, bien que le solde d’opinion reste en territoire négatif.

Le marché du travail continue de ralentir, avec une croissance de seulement 0,7% de l’emploi salarié entre avril 2023 et avril 2024. Le taux de chômage, quant à lui, se stabilise à 5,6%. L’ADEM recense 17.596 demandeurs d’emploi résidents disponibles. Parmi eux, les jeunes de moins de 30 ans et les chômeurs inscrits depuis 7 à 11 mois font partie des plus fortes augmentations en variation annuelle, ce qui suggère une situation de chômage conjoncturel. En outre, la proportion de demandeurs d’emploi ayant un niveau d’études supérieures continue de croître ; cette catégorie de chômeurs représente environ un tiers des demandeurs d’emploi.

Le budget de l’Administration centrale affiche un excédent de 399 millions d’euros sur le premier trimestre 2024, avec des recettes qui ont augmenté de 10,3% et des dépenses de 3,3%. Pour rappel le budget 2024 prévoit un déficit public de 1,2% du PIB pour l’année 2024.

En mai 2024, l’inflation au Luxembourg s’élève à 2,6%, portée principalement par l’augmentation des prix des services. La BCE cible un taux d’inflation de 2% à moyen terme et, après avoir abaissé ses taux directeurs, elle prévoit que l’inflation dans la zone euro s’établirait en moyenne à 2,5% en 2024, 2,2% en 2025 et 1,9% en 2026.

Les émissions de CO2 issues de la combustion énergétique ont poursuivi leur diminution avec une baisse de 6% en 2023 par rapport à 2022, dont une baisse de 2,4% dans le transport routier et une baisse de 16,2% dans le secteur aérien.

Zoom : opportunité et capacité à épargner des ménages

L’ampleur de la reprise économique du Luxembourg pourrait en partie dépendre du comportement des ménages en matière d’épargne comme l’indiquait le scénario le plus «favorable» avec l’épuisement du surplus d’épargne, du STATEC dans sa note de conjoncture de décembre 2023.

Dans les enquêtes, les ménages indiquent une légère augmentation de leur capacité d’épargne, ce qui pourrait indiquer qu’ils estiment que leur situation financière s’améliore, peut-être en lien avec la baisse des taux d’intérêt et de l’inflation.

En revanche, leur sentiment sur l’opportunité d’épargner demeure élevé et en hausse, ce qui laisse encore planer un doute sur le scénario de « désépargne » à la faveur de la consommation. Il est possible que les ménages anticipent une augmentation de leurs revenus grâce à un éventuel rebond économique ou qu’ils estiment nécessaire d’épargner dans la perspective d’une éventuelle crise, compte tenu de l’instabilité géopolitique actuelle en Europe et dans le monde.

Source : BCL.

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Tableau de bord économique et social – Janvier 2024

L’inévitable récession !

Tous les indicateurs semblent indiquer une récession en 2023, malgré l’absence de données du quatrième trimestre.

  • L’activité a encore ralenti à la fin de l’année, mais à un rythme globalement lent, notamment en raison de la baisse de la demande et des conditions de financement qui se sont particulièrement durcies.
  • Le volume de la valeur ajoutée brute totale générée par l’activité économique au Luxembourg a connu une baisse de 0,1 % au 3ème trimestre par rapport au 2ème trimestre 2023. Les secteurs de la finance et du transport ont enregistré de fortes baisses, respectivement -3,4 % et – 6 %, expliquant ainsi la majeure partie de la contraction de la valeur ajoutée.
  • Le secteur de la construction est fortement impacté, notamment avec le nombre de faillites en hausse. Le niveau actuel des taux d’emprunt immobilier semble se stabiliser, mais il ne permet pas de renverser la tendance à la baisse des crédits consentis.
  • Le ralentissement de l’emploi salarié sur le marché du travail luxembourgeois s’accentue. Le stock de postes vacants a diminué de 40 % en un an. Le nombre de chômeurs diplômés du supérieur augmente plus significativement, semblant indiquer un ralentissement dans le secteur des services, mais aussi une certaine inadéquation entre offre et demande de travail.
  • Le STATEC table sur un repli du PIB de 1% en 2023, et sur une croissance de 2% cette année.

Zoom sur l’évolution de la valeur ajoutée dans les principales branches

Au 3ème trimestre 2023, le volume de la valeur ajoutée brute totale générée par l’activité économique au Luxembourg a connu une baisse de 0,1 % par rapport au 2ème trimestre 2023. Les secteurs de la finance et du transport ont enregistré de fortes baisses, respectivement -3,4 % et – 6 %, expliquant ainsi la majeure partie de la contraction de la valeur ajoutée.

L’industrie et les TIC ont affiché de bonnes performances en termes de volume, avec des hausses de valeur ajoutée respectives de 3,2 % et 4,6 % sur un trimestre. En revanche, le secteur de la construction continue de subir les effets de la politique monétaire, en présentant une baisse de valeur ajoutée certes moindre, mais qui vient renforcer la baisse observée le trimestre précédent (- 3,6 % au 2ème trimestre 2023 par rapport au premier trimestre 2023).

Le secteur public a pu dégager une valeur ajoutée positive au cours de ce trimestre (+1 %), tout comme le secteur des loisirs (+1,7%).

Zoom sur l’évolution de la valeur ajoutée dans les principales branches Source : STATEC, comptes nationaux trimestriels, calculs IDEA

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