© photo :  Julien Mpia Massa, IDEA

Durant le « Grand Confinement » de la période Covid, les comptables nationaux ont fait preuve d’une très grande ingéniosité afin de suivre – et renseigner – le niveau «  quasi-instantané » d’activités économiques. Cette approche, en relative rupture avec ce qui se faisait en « temps normal », se justifiait par la gravité de la crise sanitaire qui a rendu nécessaire de resserrer la fréquence des analyses et d’embrasser le « nowcasting », c’est-à-dire la prévision des conditions économiques immédiates.

Aussi, les conjoncturistes ont développé, dans le contexte de forte inflation consécutive à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la mesure de l’ « inflation instantanée » afin de faciliter l’analyse de l’évolution des prix, conscients que les mesures traditionnelles (inflation mensuelle, inflation en glissement annuel ou trimestriel) perdaient, quelque peu, de leur pouvoir explicatif et/ou n’étaient plus assez en phase avec la réalité courante – et très heurtée – d’évolution du niveau général des prix.

Le Statec a rendu compte du bien-fondé du « nowcasting » et de l’« inflation instantanée » dans deux remarquables publications :

  • Nowcasting GDP Growth in a Small Open Economy (Mai 2021);
  • Le concept d’inflation instantanée, un outil supplémentaire pour déterminer les tendances récentes des prix à la consommation (Décembre 2023).

Alors que l’investissement résidentiel (i.e. la construction de nouveaux logements) connaît depuis plusieurs trimestres une crise aigüe, il serait assurément très utile d’avoir un suivi « officiel/scientifique » en temps quasi-réel du niveau d’activités sur ce segment du marché immobilier qui est vital, à plus d’un titre (emploi, augmentation du stock de logement, recettes fiscales, attractivité, niveau et potentiel de croissance, etc.), pour le développement économique du Grand-Duché.

Hélas, les données concernant les VEFA (vente en état futur d’achèvement) et les logements achevés sont publiées avec un certain décalage.

Dans sa récente note sur le « marché immobilier résidentiel au 3ème trimestre 2024 » publiée en décembre 2024, l’observatoire de l’habitat signalait que les données publiées « se rapportent à des actes notariés enregistrés au 3ème trimestre 2024, donc à des compromis de vente signés en grande majorité avant la fin juillet 2024 » ; par ailleurs, les dernières statistiques concernant le nombre de logements construits durant l’année au Luxembourg portent sur l’année 2020.

Dans le contexte actuel d’inflation de communications (commerciale, lobbyste, anecdotique, à l’aveuglette, etc.) autour des chiffres du logement et alors que le bas niveau des autorisations de bâtir fait craindre un risque d’« investment gap » persistant, un tel « nowcasting » du nombre de VEFA et/ou du nombre de logements en construction/achevés permettra(it), entre autres, de piloter au mieux la politique (budgétaire) du logement.

Dès lors, le Gouvernement devrait – peut-être – remettre sur pied, comme en 2004[1], la Commission du bâtiment[2] et lui donner pour mission d’éclairer la situation en termes de nouveaux logements (VEFA, achevés non vendus, etc.) et – éventuellement – d’avancer des propositions pour améliorer la loi du 28 décembre 1976 relative aux ventes d’immeubles à construire !

Source : STATEC


[1] Voir à ce sujet : Land (2004), Commission du Bâtiment réactivée.

[2] Voir à ce sujet : Règlement du Conseil de Gouvernement du 23 octobre 1992 portant composition de la commission du bâtiment.

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