Il y a tout juste un an, le Consensus économique d’IDEA était interrogé sur les grandes perspectives macroéconomiques internationales et luxembourgeoises. A cette époque, certes différente à bien des égards, parmi les quelques 128 panélistes ayant pris part à l’enquête (des décideurs économiques, politiques, académiques) seuls 18% prévoyaient une baisse du chômage d’ici à la fin de l’année 2021. Le décalage entre les attentes et la réalité sera finalement manifeste : entre janvier et décembre, le taux de chômage est passé de 6,4% à… 5,1%.
Derrière cette baisse sensible du chômage encore commentée récemment, se cache logiquement une forte dynamique des créations d’emplois. Entre décembre 2020 et décembre 2021, le Luxembourg comptait en effet près de 17.000 emplois salariés supplémentaires (16.661 pour être précis), soit une hausse de 3,8%. Il s’agit ni plus ni moins que du record en nombre absolu de créations nettes d’emplois salariés sur une année dans le pays.
Source STATEC
S’il est possible d’attribuer une part de ce record absolu à un « effet de rattrapage » après l’année 2020 marquée par des confinements sanitaires, il faut bien avouer qu’une telle dynamique de l’emploi dans le contexte de la pandémie de Covid-19 demeure une vraie (bonne) surprise. Il reste à analyser si cette croissance de l’emploi s’est accompagnée d’une déformation de la structure sectorielle (à la faveur du secteur non-marchand ou des TIC par exemple), et dans quelle mesure elle a « bénéficié » à la population active résidente au chômage.
Mais ce résultat donne également l’impression que la fameuse « croissance riche en emplois salariés » est une donnée indéboulonnable au Luxembourg. Cela est riche d’enseignements notamment lorsque l’on se replace dans les débats du milieu des années 2010 qui portaient entre autres sur la fin du travail, la robotisation, l’ubérisation, la troisième révolution industrielle, ou encore l’épuisement des capacités transfrontalières. Certes, il est trop tôt pour affirmer que ces phénomènes ne se produiront pas à l’avenir, mais il est impossible de voir à l’heure actuelle un changement de tendance en ce sens. Les années passant, l’idée qu’il faudrait se préparer à un Luxembourg à 600.000 salariés en 2030 (avec tout ce que cela implique) n’est plus à écarter !