Le Luxembourg – un acteur mondial et un centre international d’excellence dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC). Ceci est la vision d’avenir du gouvernement et pour réaliser cet objectif, Claude Meisch, Ministre de l’Education nationale, a présenté en mai la stratégie numérique « Digital (4) Education » – qui s’inscrit dans l’initiative Digital Lëtzebuerg qui vise à renforcer et à consolider à terme la position du Luxembourg dans le domaine de l’ICT et de hisser le pays au rang de centre d’excellence « high tech ».

Digital (4) Education est une stratégie digitale qui s’articule autour de cinq dimensions (Digital Citizens, Digital Peer, Digital Learners, Digital Workers et Digital Entrepreneurs) qui se déclinent en des projets spécifiques qui mettent à disposition des acteurs de l’enseignement les outils nécessaires pour créer des situations d’apprentissage favorisant le développement des compétences requises au 21ème siècle que ce soit pour la vie quotidienne ou pour le travail.

Un point intéressant de cette nouvelle stratégie est que pour contrecarrer activement le manque de talents dans le secteur des TIC – on estime qu’il manque actuellement environ 1.000 programmeurs IT au pays et 10.000 dans la Grande-Région – Digital (4) Education prévoit de former les élèves au codage informatique. Avec ce programme co-organisé avec le Service nationale de la jeunesse et le Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques, le ministère de l’Education veut stimuler la créativité, développer les compétences digitales des jeunes et instaurer une culture numérique au Grand-Duché. Dans ce contexte, il est intéressant de constater qu’IDEA avait déjà avancé, dans l’Idée du mois n°5 portant sur les résolutions culturelles, une proposition très similaire qui proposait notamment de lancer un vaste programme « le code informatique est aussi important que le permis de conduire », un programme qui aurait comme objectif de familiariser les lycéens avec le code informatique.

De nos jours, il est bien connu que les nouvelles technologies deviennent de plus en plus importantes ; il faut en conséquence adapter notre système scolaire à cette nouvelle donne. Dans ce sens, la volonté du Ministère à répondre à la vague de « digitalisation » pour préparer la nouvelle génération de « digital natives » aux nouvelles exigences et attentes du marché du travail est bienvenue.

Mais quelles seront ces attentes à l’avenir et quels sont les profils recherchés ? D’après une étude sur les « e-jobs »[1] (les emplois dans le secteur des TIC) de l’Institut Universitaire International Luxembourg, le Luxembourg est le pays, parmi tous les pays de l’OCDE, qui présente le plus haut ratio d’activités TIC (ensemble des activités qui permettent de produire, traiter et transformer l’information et la communication en utilisant un procédé électronique) rapporté à son économie. Ceci souligne le fait que les TIC représentent déjà un secteur économique de poids au Luxembourg, mais aussi qu’elles sont indispensables aux autres activités économiques. En outres, l’étude montre que développement des TIC a créé de nouveaux besoins qui ont conduit à de nouveaux métiers qui n’existait pas il y 10 ans[2]. Face à la composition spécifique du secteur des TIC au Luxembourg où 92% des entreprises du secteur sont des entreprises avec moins de 20 salariés, respectivement où 62% des entreprises comptent qu’un seul salarié, les employés sont supposés être pluridisciplinaires et d’assumer plusieurs tâches. Par conséquent, l’employé doit posséder à côté des compétences techniques spécifiques aux métiers ICT, également des compétences sociales, managériales et entrepreneuriales. Selon les auteurs de l’étude, l’employé idéal aura « des bases solides en IT, dispose de compétences comportementales, de soft skills de type organisationnel, de négociation, etc. tout en ayant des compétences business de type stratégique, marketing, finance, légal, etc. ».

Vu que les offres de formation au niveau national ainsi qu’au niveau européen ne prévoient pour l’instant pas encore de programmes certifiés qui combinent les trois volets de compétence – les compétences comportementales, managériales et business – le Luxembourg pourrait faire partie des « first mover » dans ce domaine en offrant une telle formation dans son programme universitaire. Les avantages d’une telle formation, organisée en étroite collaboration entre l’Université et les entreprises du secteur TIC, seraient multiples : les étudiants profitent d’une formation qui satisfait les exigences du marché du travail et les attentes des entreprises qui font parti du programme et qui donnent aux étudiants la possibilité d’apprendre directement sur le terrain ; et les entreprises auraient ainsi la possibilité de contribuer davantage à la conception des cours pour soutenir ainsi le développement de l’économie et de l’employabilité des diplômés.

La nouvelle stratégie numérique est donc certainement un premier pas dans la bonne direction, mais probablement pas suffisant pour préparer les jeunes au mieux aux défis du marché du travail et, donner envie aux jeunes à poursuivre leurs études dans le domaine des TIC pour devenir les spécialistes TIC de demain dont le Grand-Duché aura besoin.


[1] http://www.iuil.lu/uploads/documents/files/e-jobs-rapport-final-light.pdf

[2] Selon l’étude « e-jobs », les profils recherchés à l’avenir se trouvent dans les domaines de la Sécurité, du Cloud, de la Gestion de données (Business intelligence et Big Data) et du Développement d’applications mobiles.

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