Si par les temps qui courent, la mobilité des actifs au sein de l’Union Européenne et de la Grande Région  nous apparaît comme une avancée aussi vitale que fragile et qu’il faut tout faire pour continuer à la garantir, il n’en demeure pas moins que sur le temps long, une politique de coopération transfrontalière fortement axée sur l’amélioration de la mobilité et l’attractivité n’est plus une condition suffisante pour assurer une trajectoire de développement soutenable à l’économie luxembourgeoise.

Dans tout l’espace transfrontalier autour du Luxembourg, les difficultés de recrutement semblaient particulièrement marquées avant la crise, constat qui ne valait pas que du côté luxembourgeois.

Les déclarations récentes (et alarmantes) sur les pénuries de personnel de santé illustrent parfaitement l’idée selon laquelle tous les problèmes transfrontaliers ne se règlent pas par une formule classique mêlant cofinancement de nouvelles infrastructures de mobilité, équivalence de diplômes et campagnes de recrutement sur-vitaminées, mais par une vraie stratégie commune de formation, basée sur une anticipation des besoins en compétences de tout le bassin transfrontalier. Concrètement, cette stratégie pourrait aboutir à un rapprochement beaucoup plus « systémique » des politiques de formation et à la création de structures de formation internationales. Certains projets Interreg pourraient servir de point de départ.

Un lycée franco-luxembourgeois de soins infirmiers, un centre d’apprentissage pour les métiers de l’artisanat avec la Sarre, une école d’ingénieurs cogérée par l’Université de Lorraine et du Luxembourg, une Faculté de sciences des matériaux avec L’université de Liège… ce type de projets doit être pensé pour éviter que la « guerre des talents » entre les entreprises ne mute vers une « guerre des talents » entre les entités territoriales de la Grande Région, dont rien ne dit qu’elles ne pourraient pas un jour se poser la question de ce qu’elles ont vraiment à gagner à poursuivre les efforts pour la mobilité avec leur voisin luxembourgeois.

Les défis du « monde d’après » sont décidément nombreux et complexes. La définition d’une politique de codéveloppement au-delà des frontières fait partie des incontournables.

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