© photo : Thierry Nelissen, Tellitweb
Si la fabrique d’idées IDEA n’existait pas, il faudrait l’inventer, car un pays comme le Luxembourg doit se remettre en cause continuellement et penser en toute liberté à son futur.
Rappelons-nous, IDEA a été créé en 2014 suite à l’initiative 2030.lu de la Chambre de Commerce, établissant une plateforme ouverte offrant à toutes les parties prenantes intéressées de s’exprimer à la veille des élections législatives sur l’avenir du pays. Le résultat a été à la hauteur des attentes en ce sens qu’un recueil de 355 idées portant sur les défis, les chances et les priorités politiques a été publié et mis à disposition de tous ceux qui s’intéressaient à l’avenir du Luxembourg.
10 ans après, toute l’équipe associée à la création et à l’épanouissement de la Fondation IDEA – les initiateurs, les trois directeurs successifs, les membres de l’équipe, les membres du Conseil scientifique et du Conseil d’administration – peut être fière du chemin parcouru. IDEA est considéré aujourd’hui comme le think tank qui fait référence au Luxembourg.
Au-delà de l’originalité et de la qualité scientifique des contributions d’IDEA, le succès provient également de la gouvernance mise en place par les fondateurs : rigueur intellectuelle, ouverture d’esprit, liberté de pensée, respect des idées d’autrui, créativité et obsession de relever les défis auxquels le pays est confronté dans les domaines de compétence choisis ou développés par la suite : le Luxembourg et sa dimension transfrontalière et européenne, les défis posés par la crise du logement, la croissance, la productivité et la compétitivité, le partage de la valeur, les mutations économiques, les équilibres financiers, la soutenabilité de notre modèle écologique, démographique, économique et social,…
Pour IDEA, ce 10ème anniversaire est l’occasion non pas de fêter le passé, mais de se tourner résolument vers l’avenir. Quels seront les grands sujets qui se poseront dans la prochaine décennie, comment associer de nouveaux talents à notre fabrique d’idées et par quels moyens augmenter notre notoriété auprès des parties prenantes qui composent la société luxembourgeoise afin qu’elles soient nourries d’analyses pertinentes et d’idées nouvelles ?
En deux grandes générations, soit en 60 ans, la population résidente a doublé, plus de la moitié de nos habitants n’ont pas le passeport luxembourgeois ou ont été naturalisés, la population active a quadruplé, le PIB en volume a été multiplié par 8 grâce à l’éclosion de la place financière. Chacun de nous reste en moyenne un des plus importants émetteurs de gaz à effet de serre du fait de notre mode de vie, ceci malgré que nos émissions aient diminué de plus de 50% depuis les années 1970 grâce à la fermeture des hauts fourneaux et à l’électrification de la production sidérurgique. En d’autres mots, le Luxembourg s’est transformé à une vitesse comme jamais avant dans son histoire et devra être à la recherche d’un nouvel équilibre et d’une nouvelle identité reflétant cette transformation en profondeur.
IDEA souhaite apporter sa contribution à ce travail qui consiste à imaginer et à façonner notre futur. Dans cet ordre d’esprit, ses travaux couvriront davantage de sujets liés à la cohésion sociale de la « nouvelle » nation, au futur de notre économie dans l’espace transfrontalier avec lequel nous sommes de plus en plus (inter)dépendants, et à la pérennité du succès de notre modèle économique et social. Cela demandera que l’équipe acquière de nouvelles compétences qui iront au-delà des thèmes économiques, financiers et sociaux majoritairement traités dans le passé. Il faudra également attirer de nouveaux partenaires et contributeurs à nos travaux, augmenter le nombre de lecteurs et de participants à nos manifestations. Il s’agira d’élargir nos sensibilités aux sciences sociales au sens large pour appréhender les nouveaux défis qui se poseront à notre pays dans les vingt prochaines années : l’école, la vie en commun alors que les croyances, les langues et les modes de vie sont de plus en plus variés, le vieillissement de la population (résidente et frontalière), le déficit démocratique résultant de la limitation du droit de vote aux seuls nationaux, et tant d’autres défis.
Quelle tâche exaltante pour IDEA que de prendre en charge ces thèmes et de contribuer à ce qu’ils soient étudiés et débattus en vue de faire converger des propositions ou des idées qui feront avancer notre petit pays !