Ce blog a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec le magazine 4*3 d’Infogreen.
« By not focusing on climate strategies, asset managers may lose an entire client segment – Millenials. » – Anouk Agnès, directrice générale adjointe de l’Agence Luxembourgeoise pour les Fonds d’Investissement (ALFI).
Etant donné l’importance du secteur financier dans l’économie luxembourgeoise, notamment l’industrie des fonds, leur fléchage vers des investissements socialement responsables (ISR) semble résolument être un levier à actionner. A titre d’exemple (exemplaire !), depuis septembre 2016, la Bourse de Luxembourg s’est « mise au vert » en lançant le Luxembourg Green Exchange (LGX), une plateforme entièrement dédiée à des titres verts, socialement responsables et/ou durables. Pour les référencer, la Bourse s’appuie sur leur conformité avec différents standards, cadres, taxonomies et labels luxembourgeois et mondiaux[1]. Actuellement, 229 obligations « vertes », 29 « socialement responsables » et 19 « durables » pour une valeur dépassant les 130 milliards d’euros y figurent et comptent pour la moitié des obligations vertes référencées dans le monde. En sus, plusieurs initiatives de sensibilisation et de promotion de l’ISR existent telles qu’European Impact Investing Luxembourg ou LuxFLAG. Par ailleurs, la Luxembourg Sustainable Development Finance Platform a été lancée dans le cadre de la stratégie Troisième Révolution Industrielle (TIR) pour faciliter la rencontre entre les porteurs de projets au service du développement durable et les investisseurs potentiels.
Pour autant, il ne faut pas sous-estimer la difficulté à convaincre les investisseurs comme les gestionnaires d’actifs de proposer des produits responsables ainsi que la marge relativement limitée du Luxembourg pour impulser une telle offre compte tenu d’une certaine dépendance aux décisions de gestionnaires situés dans d’autres pays[2]. Aujourd’hui, seulement 5% du total des actifs sous gestion au Luxembourg seraient « responsables »[3]…
Pour catalyser le développement de ce secteur, la France est devenue le premier pays à obliger les investisseurs institutionnels à intégrer le risque climat et certains paramètres Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans leur communication publique afin de « donner de l’intérêt économique » à des décisions plus vertes(ueuses) et transformer la nature de l’investissement pour dynamiser le financement de la transition[4]. Dans la même veine, la contrainte légale en moins, la Bourse de Luxembourg a intégré dans son code de gouvernance (« The X Principles of Corporate Governance of the Luxembourg Stock Exchange ») des exigences RSE à l’intention des sociétés cotées. Ainsi, en plus d’une présentation générale sur l’entreprise (régime de gouvernance, mission et composition du conseil d’administration, reporting financier, déontologie, droits des actionnaires, politique de rémunération, etc.), ces entreprises doivent également présenter leur politique en matière de RSE (Principe IX). Faire… et faire savoir donc ?
[1] Voir la liste des standards et labels : https://www.bourse.lu/sustainability_standards_and_labels
[2] Novethic, (Mars 2017), Le marché des fonds verts européens. Voir : https://www.novethic.fr/fileadmin/user_upload/tx_ausynovethicetudes/pdf_syntheses/Etude-fonds-verts-Novethic-Ademe-2017.pdf
[3] 186 milliards sur 3701 milliards d’actifs au total fin 2016. Voir : https://assets.kpmg/content/dam/kpmg/lu/pdf/lu-en-european-responsible-investment-fund.pdf et http://www.alfi.lu/node/3438
[4] La loi Transition Ecologique et Energétique pour la croissance verte du 17 août 2015 instaure des obligations d’information pour les investisseurs institutionnels sur leur gestion des risques liés au climat notamment la « mesure des émissions de gaz à effet de serre associées aux actifs détenus, ainsi que la contribution au respect de l’objectif international de limitation du réchauffement climatique et à l’atteinte des objectifs de la transition énergétique et écologique », et plus largement l’intégration de paramètres environnementaux et sociaux dans leur politique d’investissement.
Je trouve votre approche louable mais je regrette que vous vous en contentiez à un état des lieux désabusé. Je pense qu’il serait aussi nécessaire que les milieux intéressés examinent de façon diversifiée le domaine “clients retail” (qui dépend de quelques grandes banques de dépôt où l’Etat exerce une certaine influence capitalistique dans la plupart des cas mais où les seuls produits disponibles de fait sont des SICAV investies en actions qui ne correspondent pas aux attentes de la majorité de la clientèle luxembourgeoise) et le domaine du Private Banking / Wealth Management (où l’on peut légitimement être surpris que la stratégie produit développe si peu de marketing actif pour des produits qui existent effectivement).