Agnieszka Zajac est Managing Partner d’Odgers Berndtson au Luxembourg.

J’ai pas énormément de notes bien concrètes mais j’ai des idées et en fait j’ai la chance d’être premier ministre du Luxembourg en étant une polonaise et en étant la petite fille d’un électricien et d’une comptable, donc voilà un peu la Lech Walesa que je suis ici. Et donc je vais vous parler de décrochage scolaire.

J’étais dans une conférence sur la Génération Z et voilà il y avait la question du décrochage scolaire. Ça m’a un petit peu interpelée : je me suis posé la question de pourquoi ce pourcentage était aussi important, qu’est-ce qu’on fait avec ses jeunes par la suite et pourquoi nous, niveau employabilité, on ne peut pas les rattraper à un moment donné. Et donc ça m’a permis de réfléchir par rapport à la Pologne, à l’éducation en Pologne, à l’idée que l’éducation reste quand même une source de réussite pour les jeunes et donc ça ne nous vient pas à l’esprit de quitter l’école, il y a les parents derrière. Quelque part on ne décroche pas. Ça m’a permis de réfléchir sur le décrochage scolaire mais alors qu’est-ce que c’est le décrochage scolaire ? Ça touche les enfants dans le secondaire, de 18 à 24 ans : au Luxembourg on le mesure entre 16 et 18 ans et même entre 14 et 18 ans. En fait, ce sont les enfants qui n’arrivent pas à avoir le diplôme de l’école secondaire, ce qui est quand même assez aberrant au XXIe siècle, dans un pays triple A. Ce qui fait qu’après, on conduit à une société marginalisée parce que, sans diplôme, aujourd’hui honnêtement… Je suis dans un métier où aujourd’hui je vois énormément l’importance des diplômes et je me suis dit qu’effectivement c’est un sujet qui est inquiétant.

J’ai fait un petit peu les comparaisons en Europe et je me suis rendue compte qu’il y a des différences entre les pays forcément parce que culturellement on est différents : par exemple, en Espagne vous avez un décrochage de 20% et plus, dans les pays de l’Est, la Pologne la République tchèque, on est à 4/4,5% ce qui est assez intéressant. Or en Europe en 2020, on projette 10% donc pour vous dire, Luxembourg on est aujourd’hui à 11,6% donc on est super bien placés mais on ne va pas se reposer sur nos lauriers. On va réfléchir à qu’est-ce qui fait qu’on est à 11,6% ? Donc je me suis posée cette question-là et donc effectivement le décrochage vient dans les écoles surtout du type technique ensuite c’est plus les garçons que les filles – bon il y a 36 000 études là-dessus niveau prévention, niveau suivi etc.

Mais je me suis posée la question : qu’est-ce qu’ils font ces jeunes ? Est-ce qu’il y en a quand même qui intègrent l’école pour suivre le processus ? Et effectivement il y a des études de la Commission européenne :  presque 40% de ces jeunes vont dans les écoles ailleurs, à l’étranger ou dans les écoles privées au Luxembourg. Quelque part on arrive à la conclusion qu’il y a une certaine défaillance du système éducatif public au Luxembourg. Encore une fois, je n’ai pas de prétention, je ne suis pas luxembourgeoise, j’ai énormément de respect pour le pays mais la réflexion, elle est là : il y a une certaine défaillance du système public qui fait que ces enfants vont à l’étranger ou dans les écoles privées.

Ensuite, j’ai découvert que 50% des matières enseignées à l’école au Luxembourg sont des langues. Donc ça veut dire qu’on a 50% qui reste pour tout le reste, pour tout le contenu et quelque part vous voyez le rapport de PISA de 2015, on reste par rapport au décrochage assez bien placé parce qu’on est plus ou moins à 10% par contre niveau sciences, oral et mathématiques on est bien derrière les autres pays donc ce qui fait que quelque part au niveau du système linguistique, on n’arrive pas à capter la capacité cognitive des enfants.

Donc en fait l’idée c’est de construire une école qui est plus centrée sur l’apprentissage d’une langue. Et quelque part le but de l’éducation c’est d’apprendre, d’acquérir les savoirs. Et ensuite, les autres langues seront apprises comme des langues secondaires. Donc quelque part, mettre l’accent sur le contenu et sur les langues par la suite. Je m’attaque, je sais, à un sujet qui est important au Luxembourg mais quelque part l’idée c’est vraiment que « si j’étais le premier ministre », je ferais la régionalisation des écoles comme en Belgique par exemple. On a la région flamande où la première langue c’est le flamand, ensuite le français, l’anglais. Ensuite, on a la Wallonie qui est francophone. Donc quelque part, il s’agit de permettre à ces enfants qui décrochent à 14 ans ou à 12 ans dans le classique où c’est plus francophone donc on les conduits vers le technique où c’est plus allemand mais ils décrochent parce que niveau linguistique, il y a une matière additionnelle à apprendre. Donc l’idée c’est vraiment la régionalisation de l’éducation et d’arriver à gérer la question des contenus, tout en sachant qu’il y a des études qui disent qu’apprendre la matière dans la langue maternelle ça ne vous empêche pas d’apprendre d’autres langues. Donc quelque part l’idée c’est de travailler sur ce sujet là – donc si j’étais première ministre femme je ferais cela !

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