Le 4 décembre dernier, une cinquantaine de personnes ont bravé le froid et le trafic pour assister à un débat d’IDEA bien matinal consacré aux mobilités. Julien Honnart, fondateur et CEO de la plateforme de covoiturage domicile-travail Klaxit, désormais en charge de l’application lancée par le gouvernement luxembourgeois, et Gerry Wagner, directeur général d’Arval Luxembourg avaient accepté notre invitation.
Que nous conduisions, que nous commutions, que nous pédalions, que nous marchions, ou que nous combinions un peu tout cela, la mobilité nous concerne tous, voire nous obsède tous. Infrastructures de transports engorgées, retards à répétition, épuisement, conciliation vie privée-vie professionnelle difficile : on attribue de nombreux maux aux déplacements domicile-travail. A l’heure où les agglomérations et les Etats doivent repenser les mobilités du présent pour inventer celles du futur, il nous a semblé primordial de réfléchir à la place de la voiture dans nos déplacements. Ces caractéristiques réunissaient d’ailleurs nos invités : d’une part l’automobile, d’autre part les déplacements domicile/travail. Covoiturage ou leasing : ils en incarnaient deux usages différents, par certains aspects incompatibles.
Posant les bases d’une discussion éclairée, Vincent Hein, économiste IDEA, a présenté son analyse de la Statégie pour une mobilité durable du Gouvernement à l’horizon 2025 dont l’épine dorsale est le covoiturage. Concrètement, si le nombre de salariés augmentait de 20%, en comparaison à un scénario dans lequel les nouveaux salariés de 2025 se comporteraient de la même manière que les salariés de 2017, la stratégie reviendrait d’ici 2025 à réduire de 73.000 le nombre « d’autosolistes ». Parmi eux, 34.000 devraient se « convertir » en passagers de covoiturage…
Face à ces objectifs ambitieux, “la voiture peut-elle demeurer à la fois un symbole de réussite, de liberté et un mode de transport optimal ?”. C’est ainsi que Sarah Mellouet a amorcé le débat. Durant plus d’une heure les débatteurs ont apporté leur vision de la place de l’automobile en général, des voitures de société en particulier, dans les habitudes modales des salariés…de demain. Gerry Wagner a d’emblée reconnu que la voiture n’était pas un moyen idéal pour se rendre au travail et qu’à l’avenir il serait primordial de recourir davantage à des solutions nouvelles. Julien Honnart a établi le constat qu’en mettant “simplement” plus de personnes dans les voitures, on transporterait plus de monde sans changer l’infrastructure. Ils se sont largement rejoints sur l’idée que la voiture resterait un moyen de déplacement central, ouvrant cependant la porte à des politiques de transport publiques comme privées faisant la part belle à la mobilité alternative.
A la question de savoir si les objectifs du Gouvernement à l’horizon 2025 étaient réalistes, Gerry Wagner a considéré qu’il fallait de l’ambition mais que les habitudes étaient difficiles à changer, considérant en outre les rigidités du covoiturage pour les personnes ne travaillant pas à horaires fixes, notamment. Les deux orateurs ont mis en avant le rôle primordial des entreprises dans cette transition. A la tête d’Arval, Monsieur Wagner a ainsi souligné que les voitures de société n’étaient plus son seul “coeur de métier” et qu’il constatait que les entreprises intégraient des demandes de solution de mobilité de plus en plus diverses dans leurs appels d’offres. Julien Honnart a démontré qu’en accompagnant les entreprises, en rassurant les salariés (grâce à une “garantie de retour” c’est-à-dire l’assurance de rentrer chez soi en toutes circonstances), en déployant des applications performantes, et en maintenant l’avantage économique pour le conducteur tout en réduisant le coût des trajets pour le passager, le taux de covoiturage augmentait fortement. En outre, les invités se sont accordés sur le fait que les places de parkings réservées par l’employeur étaient un levier pour catalyser le développement du covoiturage. Selon Julien Honnart, il conviendrait de subventionner les covoiturages domicile-travail à l’image des transports en commun. Face au constat implacable qu’il n’est pas possible de connecter l’intégralité du territoire par le train ou le bus, le covoiturage devrait être envisagé comme la “plus petite unité de transport public” disponible. Avec les individus et les entreprises, les pouvoirs publics ont émergé comme un acteur clé de la mobilité de demain, notamment à travers une réforme de la fiscalité, en taxant les voitures sous utilisées ou en créant un “crédit mobilité” en remplacement du seul avantage fiscal pour la mise à disposition d’une voiture de société. Pour “défendre” les voitures de société, Gerry Wagner a avancé que cet avantage fiscal était relativement faible et invoqué un argument environnemental, ces voitures étant en moyenne plus récentes et moins polluantes que les voitures particulières. A ce sujet, Julien Honnart a estimé que voiture de société et covoiturage n’étaient pas contradictoires à condition de lever les freins légaux comme l’interdiction de réaliser un bénéfice lorsqu’elles sont utilisées pour covoiturer. Pour légitimer les futurs avantages éventuels au covoiturage, Julien Honnart a évoqué la création d’un registre national des preuves de covoiturage en France.
L’événement s’est conclu par une enrichissante séance de questions/réponses au cours de laquelle ont été évoqués le coût des embouteillages, le télétravail, la décentralisation, la digitalisation, l’échec/le succès relatif du covoiturage ailleurs, le rôle des entreprises, etc.
Pourvu que ça roule…
La seule et unique solution d’avenir, à moyen terme, écologique, rapide, sans rupture de charge, est le PRT Supras http://www.supraways.com/
Toutes les solutions terrestres actuelles n’ont pas d’avenir, uniquement un compensation à l’évolution du trafic
Une pré étude, commandée par les EPCI de Moselle Nord et le Sillon Lorrain a été faite en 2018 et n’a malheureusement pas été suivie d’effet.
Depuis 1903, le monorail de Wuppertal, en Allemagne, circule toujours.