1987, 1997, 2007 : tant d’années semées d’embûches automnales, maudit 7 pour 2017 ?

A la question posée par Paperjam, la réponse attendue pourrait, somme toute, être binaire et laconique : bonnes ou mauvaises. Mais à quoi bon être raisonnablement optimiste ou fatalement pessimiste quand, dans le fond, on ne peut qu’être confiant à défaut d’être certain ? Car l’économie est une science humaine, une religion pour certains, quand la confiance va, tout va (mieux) ?

Puisqu’il est illusoire, pour ne pas dire périlleux, de dissocier économie et politique, impossible de faire l’impasse sur les rendez-vous électoraux qui jalonneront le second semestre 2017. Du calme, on nous annonce que le risque politique s’est estompé avec les échecs des populistes en Autriche, aux Pays-Bas et en France. A priori, les Allemands ne « devraient pas » se soustraire à la règle lors des élections fédérales, optant plutôt pour le changement dans la continuité.

Au Luxembourg aussi, l’appel des urnes résonnera dans les communes. Obligatoire pour les « nationaux » et les étrangers inscrits sur les listes électorales, il peine à attirer ces citoyens qui représentent encore une force économique plus qu’un vivier politique. Pour autant, au rythme migratoire actuel, 600.000 habitants seraient au rendez-vous pour l’ouverture de la Schuerberfouer… Mais le « momentum » luxembourgeois n’est pas que politique et démographique : le taux de chômage devrait repasser sous la barre des 6% et l’emploi salarié croitre crescendo pour la quatrième année consécutive de 3,3%, son rythme le plus élevé depuis 2008. En clair, le Luxembourg compterait 13.000 emplois salariés de plus à la fin de l’année – soit l’équivalent des trois principaux employeurs privés du pays, Post, CFL et ArcelorMittal. Les 30 Glorieuses sont devant nous. Si nous le disons, vous le penserez (peut-être), alors restez optimistes, c’est pour votre bien.

En zone euro, le sourire devrait aussi rester d’enfer entre les révisions à la hausse des prévisions de croissance, un climat des affaires comme une confiance au zénith, le ré-enclenchement de l’investissement privé et l’amélioration de la situation de l’emploi. Autre élément notable mais moins commenté: le dynamisme démographique, signe extérieur « de richesse » ? En Espagne, comme en Irlande, pour la première fois en 8 ans, le solde migratoire était positif en 2016, et pourrait le rester dans un contexte de reprise musclée, bien que le marché du travail y reste fébrile. Plus généralement, ce point noir gagne à être traité dans cet encourageant portrait : quantité et qualité de l’emploi n’évoluent pas de concert. Ainsi, la persistance de « capacités inutilisées » mine la progression des salaires et, par là même, l’inflation en zone euro (en baisse à 1,3% en juin). La BCE, chantre des 2%, estimait à 18% ce « manque à travailler » (part des chômeurs, y compris découragés ou non disponibles immédiatement, et des personnes sous-employées dans le total des forces vives). Aussi, pour le second semestre, l’Institution devrait rester arrangeante car gare à la rupture d’un frein trop rapidement actionné.

Enfin, entre les hypothétiques « fin de cycle » américaine et « fièvre de la dette » chinoise, les deux géants mondiaux sont scrutés avec prudence voire appréhension. Aux Etats-Unis, Janet Yellen – qui devrait passer l’hiver – poursuit sur la voie de la normalisation (rendez-vous en septembre) tandis que Donald Trump semble dévier de la sienne et tarde à expliciter une politique budgétaire à même d’offrir un répit au ralentissement « attendu ». Avec une croissance de 6,9% l’an au deuxième trimestre, supérieure à l’objectif assigné par le gouvernement pour 2017 et… aux pronostics des économistes, la Chine n’a sans doute pas fini de surprendre tant sur le plan intérieur que dans ses nouvelles formes d’action à l’étranger (rendez-vous en Octobre pour le 19e Congrès du Parti Communiste Chinois).

Laissons donc l’analyse des prémisses d’une prochaine tempête aux nombreux augures du chiffre. 10 ans après un été meurtrier nous pourrions (presque) chanter sous la pluie. Quant à 2018… Arrêtons-nous là, demain est un autre jour. La Pythie vous salue bien.

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