Overdose de Brexit et d’ « uberisation » ? Et si nous parlions de la pluie… et du beau temps ?

Ou plus précisément de l’impact économique de la météo[1] car il n’y a pas que le moral à être « météosensible ». Il n’aura échappé à personne que, pour l’heure, l’été est plutôt aux abonnés absents. Et d’après le plus fiable visionnaire, cela pourrait ne pas changer de sitôt

Qu’il s’agisse de consommation, de production, de transports, de tourisme ou de loisirs, un grand nombre de secteurs de l’économie sont sensibles aux aléas climatiques.

Côté consommation, le moral et les choix du client semblent liés au temps : les ventes de glaces pâtissent d’une météo peu clémente, comme les surgelés ou les boissons estivales (bière et rosé vs. Glühwäin et eau de vie ?) à la différence de la consommation énergétique. Les cafetiers souffrent également fortement des caprices de la météo car les terrasses désertées engendrent un manque à gagner en plus d’un surcoût de frais de personnel. Au Luxembourg l’Horesca estime ainsi qu’en « doublant » la capacité d’un établissement, les terrasses sont susceptibles de générer de 4 000 à 75 000 euros chaque mois[2]. La vente au détail (chaussures, vêtements, parapharmacie…) est également très météosensible comme en attestent les (très) bonnes affaires dès le début des soldes du fait d’importants stocks estivaux.

Côté transports, pensons aux conséquences économiques des intempéries qui ont immobilisé les frontaliers français après l’inondation d’un poste d’aiguillage à Bettembourg. Mais voyons-y aussi une opportunité commerciale pour les professionnels du voyage de combler les besoins de travailleurs en mal de vitamine D avec des weekends au soleil.

D’un aléa non maîtrisable, la météo est devenue un risque sinon maîtrisé, du moins, anticipé et indemnisé par la collectivité, les compagnies d’assurance ou les courtiers. Ce qui n’est pas une nouveauté si l’on songe aux dispositifs de gestion du risque climatique dans le secteur agricole ou sur les marchés financiers.

Pour autant, les dirigeants (et les « risk managers ») sont de plus en plus nombreux à intégrer les aléas météorologiques dans leurs prévisions financières (concept de « value at risk » appliqué) et à tenter de s’en prémunir. Citons notamment la mise au point d’indices sur les produits de grande consommation afin d’aider les distributeurs à approvisionner les rayons selon la météo. D’autres en ont même fait un argument de vente : de BMW, en 2009 remboursant 500 euros aux acheteurs de Mini décapotables en cas d’excès de pluie durant les mois de juin à août, à la « garantie soleil » de certains voyagistes. Autre illustration bien utile cette année : Rolland Garros. Depuis 2008, « l’assurance pluie » a été réintégrée aux Conditions Générales de Vente (CGV) induisant le remboursement du spectateur si la pluie arrête le jeu plus de 59 minutes dans la journée. Nous voici bien à l’abri.

Ne reste plus qu’à résoudre l’épineuse question de la productivité. Sous le soleil exactement.


[1]Selon Meteo Protect, courtier en assurance et réassurance, et conseiller en investissement, 70% des firmes dans les pays industrialisés seraient exposées aux aléas climatiques pour un montant allant de 25 à 35% du PIB : des conditions défavorables au quotidien pourraient ainsi détruire jusqu’à 500 milliards $ aux Etats-Unis et 400 milliards € en Europe chaque année.

Voir: http://www.meteoprotect.com/front/_media/pdf/en/WHITEPAPER_WeatherRisks_2016-03.pdf

[2] Selon François Koepp, le secrétaire général de la fédération.

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