L’auteur de cette proposition, Rolf Tarrach, préside l’European University Association et est l’ancien recteur de l’Université de Luxembourg.
Il y a quelques aspects du système électoral législatif qui sont loin d’être souhaitables. Ici on évoque trois problèmes de temps : un, de trop de temps, deux, de pas assez de temps.
- Il y a des députes qui ont siégé de façon ininterrompue à la Chambre pendent 15 ou plus d’ans, avec en conséquence un développement plus probable de certains traits de déconnexion de la société, de présomption, routine et vanité, et même, dans certains pays, de l’idée que la loi ne vaut pas pour eux comme pour les autres, ce qui ouvre la porte à la corruption.
- Une partie du temps de travail d’un député est dédiée à assurer sa réélection, bien au-delà de la campagne électorale. Or trop souvent ce qui est dit durant cette campagne électorale sont de slogans sans grande valeur, des promesses irréalisables, des données fausses ou fortement biaisées. Il serait intéressant de connaitre quel pourcentage de ce temps de travail est influencé, de façon consciente ou inconsciente, par le but de la réélection, car il ne doit pas être négligeable. Or ce temps n’est pas un temps de service à la société.
- La cadence électorale implique qu’il soit plus intéressant pour les députés de se concentrer sur le court que sur le long terme. Mais les solutions à court terme sont souvent à l’origine des problèmes à long terme.
Une solution aux trois problèmes est la suivante : passer d’une cadence de 5 ans à une de 15 ans.
Après deux mandats successifs (dix ans) les députés ne peuvent pas être réélus qu’après une interruption de 5 ans.
Cela donne sur 15 ans un premier lustre normal, comme aujourd’hui, un deuxième pour lequel les deux derniers problèmes ne sont plus significatifs et un troisième lustre, de congé parlementaire, pour la mise à jour des connaissances et du contact avec la réalité sociétale.
Il y a encore un autre bénéfice, pas prévu : une plus grande diversité puisque le nombre de députés différents augmentera.
On peut dire que ces problèmes sont moins sérieux au Luxembourg que dans d’autres pays européens, et c’est vrai. Mais le Luxembourg est peut-être le plus européen des pays, et a, dû à sa situation, taille et niveau de bien-être, la possibilité mais aussi une certaine obligation et intérêt d’expérimenter de nouvelles procédures électorales qui pourraient renforcer nos démocraties en Europe.