Eurostat vient de publier les chiffres 2013 concernant la dette et le déficit publics des pays membres de l’Union européenne. Principaux résultats de ce palmarès ? La zone euro est (enfin) revenue dans les clous du Pacte de stabilité en matière de déficit, et le Luxembourg est le seul pays membre à afficher un excédent budgétaire en 2013.

En 2013, la majorité des pays membres de l’UE (19/28) affichent une baisse de leur déficit public en 2013, sept d’entre eux voient leur déficit augmenter, et le déficit reste stable dans deux pays. En conséquence, pour l’ensemble des vingt-huit Etats membres le déficit passe de -3,9% du PIB en 2012 à -3,3% en 2013. S’agissant des dix-huit Etats qui partagent la monnaie unique, ils ont affiché fin 2013, un déficit de 3% du PIB contre 3,7% en 2012 et sont ainsi revenus, pour la première fois depuis le début de la crise, dans la limite autorisée par le traité de Maastricht.

Le Luxembourg, l’un des rares pays de l’UE à encore disposer de la notation AAA par les 3 principales agences de notation, a fait en 2013 honneur à sa signature puisque ses finances publiques ont connu un excédent budgétaire de 0,1% du PIB. L’Allemagne avec une situation proche de l’équilibre, l’Estonie (-0,2%), le Danemark (-0,8%), la Lettonie (-1%) et la Suède (-1,1%), sont les pays affichant les déficits publics les plus faibles au sein de l’UE.

Si dans l’ensemble, la situation budgétaire de l’UE s’améliore, il faut tout de même garder à l’esprit qu’il existe au sein des pays membres d’importantes disparités en termes de déficits et de trajectoire de la dette. Dix Etats membres affichent ainsi toujours un déficit supérieur à 3% du PIB, la limite fixée par le traité de Maastricht. Les déficits les plus élevés concernent la Slovénie (-14,7%), la Grèce (-12,7%) et l’Irlande (-7,2%) ; il n’y a par ailleurs que cinq pays à avoir enregistré en 2013 une dette inférieure à celle qu’ils avaient l’année précédente. Sur l’ensemble de l’Union, la dette progresse de 1,9 point de pourcentage, et passe de 85,2% du PIB à 87,1% entre 2012 et 2013 ; dans la zone euro, elle passe de 90,7% à 92,6% du PIB.

S’il est vrai que le Luxembourg est dans une situation budgétaire bien plus favorable que la majorité des pays européens, il importe de rappeler que l’excédent de l’Administration publique, qui regroupe l’Administration centrale, les communes ainsi que l’Administration de la Sécurité sociale, résulte, comme les années précédentes, du solde positif de la sécurité sociale (1,5% du PIB), alors que l’administration centrale continue d’afficher un déficit (-1,1% en 2013). En d’autres termes, l’Etat luxembourgeois est, à l’heure actuelle, structurellement déficitaire vu que l’agrégation des deux soldes qui conduit au solde positif de l’Administration publique correspond à une comparaison boiteuse – il ne faut pas mélanger des choux et des carottes.

Si la dette publique est faible et soutenable en Estonie (10 %), en Bulgarie (18,9%) et au Luxembourg (23,1%), elle atteint des niveaux alarmants dans les pays de la périphérie en dépit des plans d’assistance financière et de consolidation (Grèce (175,1%), Italie (132,6%), Portugal (129%), Irlande (123,7%), Chypre (111,7%)), mais aussi dans des pays du centre (Belgique (101,5%), France (93,5%)). Plus globalement, 16 des 28 pays de l’UE (et 13 des 18 pays de la zone euro) ont une dette publique supérieure à 60%, qui est pourtant la limite fixée par les traités.

Si la baisse des déficits publics en Europe, permise par les efforts d’assainissement menés dans les différents pays est une bonne nouvelle, les Etats membres sont encore, pour la plupart, en proie à une dette publique élevée et un service de la dette important (3% en moyenne dans la zone euro et dans l’UE). En raison de l’impact négatif d’une dette publique élevée sur la croissance et du coût d’opportunité du service de la dette, les pays européens doivent poursuivre leur effort afin d’inscrire la dette publique sous une trajectoire durablement descendante. Vu les niveaux de dette en question, la route est sans doute encore longue avant d’y arriver…

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