Le jeudi 6 octobre 2016, la Fondation IDEA a.s.b.l a organisé une conférence intitulée « Sécurité et santé au travail : Tous ensemble pour une « VISION ZERO » » qui s’est tenue, une fois n’est pas coutume, en fin d’après-midi devant une cinquantaine de personnes.

Cette conférence, organisée en partenariat avec l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR) et l’Association d’assurance accident (AAA), avait pour objectif de promouvoir l’initiative « VISION ZERO » en présentant quelques meilleures pratiques en matière de sécurité et santé au travail implémentées par des entreprises portant les labels « Sécher & Gesond mat System » de l’AAA et « ESR » de l’INDR.

Dans son mot de bienvenue, Norman Fisch (INDR) a rappelé l’objectif de réduction du nombre de morts et de blessés graves poursuivi par l’initiative VISION ZERO lancée le 24 mars dernier. Ensuite, Annick Sunnen (AAA) est revenue sur l’historique des politiques de sécurité et de santé au travail, sur la genèse de « VISION ZERO » au Luxembourg ainsi que sur ses 4 principes et ses 7 règles d’or. Pour la période de 2016 à 2022, les signataires de la Charte nationale « VISION ZERO » poursuivent comme un des objectifs la diminution de 20% du taux de fréquence national, tous secteurs confondus, des accidents liés au travail par rapport à 2014 (taux de fréquence de 5,37%). A moyen et long terme, l’objectif de la «VISION ZERO» demeure la diminution continue du nombre des accidents graves et mortels, c’est-à-dire zéro mort, zéro blessé grave.

Enfin, Marc Wagener a présenté l’Idée du Mois de la Fondation Idea a.s.b.l. Cette publication avait pour ambition de soutenir les partenaires impliqués dans l’initiative susmentionnée et d’identifier les secteurs les plus concernés par les accidents professionnels pour évaluer leur coût économique afin d’émettre des recommandations éclairées. Quelques chiffres éloquents ont été laissés à l’appréciation du public : le Luxembourg a enregistré 15 morts, 342 blessés graves et 26.477 accidents de travail en 2014. Avant d’ouvrir le panel, Marc Wagener a rappelé que la sécurité et la santé au travail ne devaient pas être perçues comme une charge financière mais comme un investissement lucratif par l’entreprise. Un excellent plan de relance en somme !

Après cette introduction, des représentants d’entreprises, de secteurs très différents, labellisées auprès de l’INDR et/ou de l’AAA, ont partagé leurs bonnes pratiques en matière de sécurité et santé au travail.

  • Marc Jacoby (ArcelorMittal)
  • Christian Koch (Novus Rénovation)
  • Jean-Paul Neu (Dussmann)
  • Philippe Schwindling (Chaux de Contern)

Quatre thèmes ont été abordés durant ce panel modéré par Marc Wagener et Jérôme Merker :

  • L’évaluation des risques sur le lieu de travail

Pour Monsieur Philippe Schwindling de Chaux de Contern, elle passe par une bonne connaissance des compétences de chaque salarié et attitudes par rapport au poste de chaque salarié, comme des dangers liés aux machines. Le tout afin d’assurer une prévention ciblée.

Monsieur Koch, gérant d’une PME, a quant à lui, fait appel à un bureau extérieur pour définir les postes à risque et a désigné un responsable interne se déplaçant de chantier en chantier pour les évaluer.

Le Dr. Marc Jacoby a, lui, évoqué l’importance d’une approche globale et systématique, de « check lists » et de la perception des risques par les ouvriers et de la répétition pour la catalyser, établissant un parallèle avec « l’anatomie, qu’il faut avoir oubliée sept fois avant de la connaître ».

Monsieur Neu a rappelé que la prévention accidentelle était un investissement mais pour prévenir avant de guérir il faut accepter d’y mettre un certain prix. Pour que cette politique soit « rentable », l’entreprise doit donc y mettre les moyens financiers et humains adéquats. Dussmann compte par exemple une douzaine de formateurs en sécurité et santé.

Plusieurs entreprises ont mis en place une procédure d’accueil des nouveaux salariés et assurent une formation spécifique sur site. Une bonne dose de communication (discussion et affichage) est nécessaire pour convaincre les ouvriers récalcitrants de l’intérêt des mesures et les inciter à faire part des mauvaises pratiques observées.

Pour Monsieur Neu, l’entreprise doit écouter les travailleurs désignés, les formateurs les contrôleurs et les ouvriers afin de mettre en place des projets adaptés à leur vision des risques. Il a cité l’exemple d’un outil développé en interne sur base des retours de terrain (ouvrier utilisateurs) pour faciliter le nettoyage de façades.

Comportements humains et sécurité sont étroitement liés. Aussi le Dr. Marc Jacoby a présenté le projet Maturité visant à développer une nouvelle culture et à promouvoir de nouveaux comportements pour atteindre « presque zéro » accidents en 2020.  L’avenir du site « test », érigé en exemple, a été lié au succès de ce projet qui a, par ailleurs, été récompensé par l’Association mondiale de l’acier.

La diffusion d’un modèle de leadership participatif par opposition à un leadership directif a également été promue.

Concernant l’évaluation des risques, l’ensemble des intervenants s’est accordé sur son caractère transversal, concerté et continu.

  • Les mesures de prévention mises en place par les entreprises intervenantes

Quelques mesures concrètes adoptées par les entreprises présentes ont été évoquées:

Chaux de Contern: Prime de sécurité personnelle dégressive en fonction du nombre d’accidents

ArcelorMittal: Projet Maturité

Novus rénovation: Prime de sécurité, Réunion sécurité avec les ouvriers

Dussmann: Groupe de travail pour être à l’écoute du terrain, Dépistage des dettes de sommeil, Contrôle des véhicules

  • Les accidents de trajet 

Ils sont en forte augmentation au Luxembourg (croissance de l’emploi, multiplication des déplacements motorisés et des distances parcourues…).

Pour Monsieur Neu, il n’y a pas de règles sans sanctions. Selon lui, les déclarations frauduleuses se sont développées d’où la mise en place de contrôles des faits plus stricts. L’effet dissuasif des contrôles est utilisé comme un outil de prévention.

Pour Monsieur Koch, des mesures simples telles que le contrôle technique et la formation des conducteurs à Colmar-Berg ont été mises en place.

Le Dr. Jacoby a  enfin distingué plusieurs sources de risque : la fatigue, l’inattention et la routine, rebondissant ainsi sur l’importance du sommeil. Pour remédier aux dettes de sommeil, il a évoqué la promotion du power napping chez ArcelorMittal.

  • La gestion des intérimaires et des sous-traitants

IDEA a invité les panelistes à rebondir sur le taux de fréquence élevé des accidents chez les intérimaires et sur la gestion du risque chez les sous-traitants.

Tous se sont accordés sur l’importance de recourir aux mêmes agences et de privilégier des  intérimaires « habitués » pour limiter les risques liés à « la nouveauté ». La nécessité d’un traitement égal aux salariés dans les procédures d’intégration et de sensibilisation a également été mise en avant.

L’entreprise Chaux de Contern transmet par exemple à l’agence d’intérim un listing des tâches que la recrue aura à effectuer. Elle se voit ensuite remettre le formulaire de sécurité puis rappeler les consignes avant d’accéder au poste de travail.

Dans le cas des sous-traitants, ArcelorMittal a mis en place un Passeport sécurité et remet un prix aux meilleurs.

Pour conclure, le public a pu interroger les intervenants sur leurs pratiques et leur vision de la sécurité et de la santé au travail :

  • Modalités d’application de la prime de sécurité
  • Intégration de la politique de sécurité et de santé au travail dans une stratégie plus globale de responsabilité sociale d’entreprise (RSE)
  • Et même, invitation à un échange inter-entreprise ultérieur

Ce rendez-vous a donc été l’occasion d’un fructueux partage de bonnes pratiques dont les professionnels du secteur présents dans le public pourront s’inspirer.

Pour davantage de détails sur la problématique, nous invitons les personnes intéressées :

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