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“It is time for Europe to become a startup powerhouse. Our competitiveness and ultimately prosperity depend on it.”
C’est par ces mots que débute « The EU Startup and Scaleup Strategy »[1] annoncée par la Commission européenne le 28 mai dernier. C’est un message que ne renierait ni Lex Delles et Gilles Roth qui ont présenté en mars un plan d’action conjoint pour le développement des start-up, scale-up et de l’écosystème[2], ni Franz Fayot, qui affirmait dans la préface du rapport « From Seed to Scale »[3] que « les start-up et les scale-up contribuent à nos objectifs de développement économique durable et de confiance ».
Pour atteindre ce glorieux objectif, la Commission européenne entend dérouler un tapis bleu (the Blue Carpet initiative) aux talents des start-up, fondateurs notamment, après avoir offert une carte de cette même couleur aux travailleurs hautement qualifiés non-européens. Une anticipation de cette initiative pourrait favoriser le positionnement compétitif (et attractif) de la start-up nation luxembourgeoise, alors que l’attraction et la rétention des talents sont des défis cruciaux (et ardus) pour les start-up du pays[4]. Qu’en est-il aujourd’hui et dans le plan annoncé il y a de cela trois mois ? Que faire de plus pour que le Grand-Duché déroule son propre tapis bleu aux startupeurs ?
Tout d’abord, l’un des dispositifs phares de la Blue Carpet initiative répond à l’un des principaux manques de l’écosystème luxembourgeois, l’absence d’un programme de visas spécifiques pour les startupeurs qui existe pourtant dans d’autres Etats membres tels que l’Estonie et la France[5]. Ce manque insécurise les startupeurs en provenance des pays tiers qui se retrouvent assimilés à des indépendants classiques[6]. La EU Visa Strategy, qui visera principalement les fondateurs de start-up mais aussi les étudiants hautement qualifiés, les chercheurs, les entrepreneurs et les travailleurs qualifiés des pays tiers, doit inciter le Luxembourg à créer un tel visa au niveau national.
Le visa startupeurs serait l’un des atouts du Talent desk prévu par le plan d’action du Gouvernement, qui devrait devenir le premier point de contact pour conseiller et guider les talents étrangers souhaitant rejoindre une start-up ou une scale-up basée au Luxembourg. Il serait utilement complété d’une coopération étroite avec les Multipurpose Legal Gateway Offices, ce projet pilote de la Commission européenne qui devrait servir de guichet unique pour les professionnels dans le secteur des TIC au sein même de pays tiers partenaires clés.
L’introduction d’un régime avantageux sur le plan fiscal en ce qui concerne les plans d’option sur acquisition d’actions, octroyés aux employés de start-up, est l’un des piliers des récentes annonces du Gouvernement. Les stocks options sont aussi au cœur de la Blue Carpet initiative, avec l’élaboration de benchmarks européens et potentielles directives qui devront orienter le futur dispositif luxembourgeois.
Enfin, le volet de la Blue Carpet initiative, le plus intrigant pour le Luxembourg, est la volonté d’éliminer les obstacles fiscaux des employés transfrontaliers à distance pour les start-up et les scale-up. Il pourrait s’agir d’une révolution, tant pour le télétravail de certains frontaliers que pour des collaborateurs résidant dans des régions plus lointaines de l’UE. L’importance du sujet pour son écosystème des start-up doit inciter le Luxembourg à être en première ligne dans la mise en place d’un tel dispositif.
Ces actions ne sont qu’une partie des politiques à mettre en œuvre pour améliorer l’attraction des fondateurs et des talents des start-up au sein de l’Union européenne et au Grand-Duché. Elles s’intègrent au sein d’un volet plus large d’émergence des startupeurs, dont un aspect essentiel est la transformation des ingénieurs et chercheurs de talent en brillants entrepreneurs. Le plan d’action annoncé en mars dernier par le Gouvernement semble ainsi davantage une première étape qu’il faudra rapidement remettre à jour. Après tout, l’agilité et la réactivé demandées aux startupeurs doivent aussi s’appliquer aux policy makers.
[1]https://research-and-innovation.ec.europa.eu/strategy/strategy-research-and-innovation/jobs-and-economy/eu-startup-and-scaleup-strategy_en
[2] Lex Delles et Gilles Roth ont présenté un plan d’action conjoint en 10 points pour le développement des start-up, scale-up et de l’écosystème.
[3] « From Seed to Scale » – Feuille de route pour le développement de l’écosystème start-up au Luxembourg,
Ministère de l’Économie, Juin 2023.
[4] Luxembourg Startup Ecosystem Assessment and Benchmarking, Startup Genome, Luxembourg Ministry of Economy, 2022.
[5] Cette absence est d’ailleurs mise en avant dans le dernier rapport de la Commission européenne sur le Luxembourg. 2025 Country Report – Luxembourg, Recommendation for a COUNCIL RECOMMENDATION on the economic, social, employment, structural and budgetary policies of Luxembourg, Commission européenne.
[6] A nouveau Luxembourg Startup Ecosystem Assessment and Benchmarking, Startup Genome, Luxembourg Ministry of Economy, 2022.