L’Association des entrepreneurs portugais (AEP[1]) et Vasconcellos e Sá Associates organisaient conjointement, ce 16 février à Porto, une conférence intitulée « The non-competitiveness of the European Union : facts, causes and solutions ». Muriel Bouchet, Senior economist de la Fondation IDEA asbl a, à l’invitation des organisateurs, présenté à cette occasion une étude d’IDEA mettant en exergue les performances économiques comparées de la zone euro et des Etats-Unis. Si les résultats généralement plus favorables des Etats-Unis paraissent robustes sur une période d’environ 35 ans, ils ne peuvent s’expliquer que marginalement par divers arguments « à charge » régulièrement avancés (investissements, déficits sans larmes, énergie, politique monétaire, gestion du dollar, austérité). Ce constat souligne la nécessité, pour les autorités tant nationales qu’européennes, de mettre en œuvre une politique économique cohérente et plus volontariste, évitant tout « biais déflationniste » au sein de la zone euro et s’appuyant sur 10 pistes de nature à permettre à la zone de sortir de sa relative léthargie (immigration, mobilité interne des citoyens, ciblage des dépenses publiques, marché du travail, financement des entreprises, innovation, esprit d’entreprise, marché des produits, énergie, gouvernance économique).

Le premier exposé de la conférence, prononcé par Jorge Vasconcellos e Sá et consacré aux « facts », a illustré l’important fossé économique prévalant entre les Etats-Unis et l’Europe, au moyen d’une veste batterie d’indicateurs officiels. Il a été suivi d’une présentation de Björn Weigel – entrepreneur et coauteur du livre « The innovation Illusion » – portant sur les causes micro-économiques de l’actuelle léthargie à savoir, selon lui, une financiarisation accrue de l’économie, des entreprises parfois quelque peu bureaucratisées (« managerialism ») ou encore une régulation accroissant la complexité dans un monde déjà passablement compliqué. Les causes macro-économiques de la relative inertie européenne ont ensuite été passées en revue par Muriel Bouchet (voir supra), tandis que Fredrik Erixon du think tank bruxellois ECIPE (European Centre For International Political Economy) a présenté les solutions macro-économiques, à savoir notamment des investissements publics et privés plus soutenus, des politiques commerciales demeurant ouvertes, des dettes publiques et privées mieux contenues ou encore « getting policy right » (logement, finance, marchés du travail). Peter Starbuck (président de la Drucker London Society) a quant à lui abordé les solutions micro-économiques à travers les enseignements de Peter Drucker, le « Pape du management » qui insistait inlassablement sur le marketing (souci du consommateur), l’innovation et l’entrepreneurship.

La note finale de la conférence était une séance de questions-réponses avec les intervenants, présidée par Valente de Oliveira de l’AEP. Parmi les sujets évoqués figurait notamment l’importante présence de travailleurs portugais au Luxembourg et les niveaux de productivité très différenciés entre le Portugal et le Luxembourg, quelle que soit la branche économique considérée. Ces divergences a priori difficilement explicables – la régulation des marchés du travail et des produits étant assez rigide au Portugal, mais aussi au Luxembourg selon l’OCDE – pourraient notamment résulter du caractère multiculturel, ouvert et plurilingue de la société luxembourgeoise, avec à la clef une meilleure « diversification » de la main-d’œuvre au Grand-Duché.

Monsieur de Oliveira a conclu en soulignant les mots les plus cités lors de la conférence selon lui: innovation, investment, education, comparisons (USA – euro area), organisation, regulation, flexibility.


Muriel Bouchet, Senior economist de la Fondation IDEA à Porto le 16 février 2017


[1] http://www.fundacaoaep.pt/

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