La Fondation IDEA asbl vient de publier sa nouvelle Idée du mois (IDM), portant sur la place du Luxembourg au sein du célèbre classement de compétitivité du World Economic Forum (WEF). Publié tous les ans vers la fin du mois de septembre, ce panorama détaillé de la compétitivité est suivi de près, par des chefs d’entreprises et investisseurs potentiels, par les médias, le monde politique ou par d’autres « leaders d’opinion ». Or le Grand-Duché fait actuellement assez pâle figure au sein de ce classement WEF, où il doit se contenter de la 20ème place, derrière l’Allemagne et la Belgique et de justesse devant la France. L’IDM montre comment le Luxembourg pourrait « à moindres frais » sortir de l’ornière, accédant enfin au « TOP 10 » du classement.
Un classement WEF emblématique, mais relativement médiocre pour le Luxembourg
Le WEF publie chaque année en automne son « Global competitiveness report », dont la pièce maîtresse est un classement international de compétitivité reposant sur plus de 100 critères répartis en 12 piliers. Or dans le plus récent rapport de compétitivité du WEF (2015-2016), le Grand-Duché a dû se contenter de la 20ème place, après l’Allemagne (4ème) et la Belgique (19ème) et pratiquement au même rang que la France (22ème). Il a d’ailleurs, au cours des années récentes, constamment oscillé autour de cette 20ème position.
Se pose dès lors la question suivante : comment le Luxembourg pourrait-il enfin se hisser parmi les dix premiers pays du classement ? Cette question de l’accès au « TOP 10 » est loin d’être purement académique ou anecdotique. Le classement WEF étant largement commenté dans les médias et scruté de près par beaucoup d’investisseurs potentiels, le choc psychologique que constituerait l’entrée du Luxembourg au sein du club des 10 pays les plus performants pourrait induire des retombées socio-économiques concrètes.
Le Luxembourg dans le « TOP 10 » : les leviers à privilégier
L’Idée du mois répond en deux temps à la question posée. Au moyen de la base de données détaillée élaborée par le WEF, elle identifie en premier lieu les indicateurs où le Luxembourg affiche un retard manifeste par rapport à ses concurrents étrangers. Elle sélectionne ensuite, parmi ces indicateurs, ceux qui permettraient d’améliorer avec une efficacité maximale le classement du Grand-Duché – en d’autres termes les « leviers d’action » les plus prometteurs. Il s’agit donc de déceler un « cheminement optimal » permettant au Luxembourg d’accéder au TOP 10 de la manière la plus aisée possible, en évitant de « courir plusieurs lièvres à la fois ».
Les principaux messages se dégageant de cette démarche originale sont les suivants :
– Le classement actuellement mitigé du Luxembourg dans la « league table » du WEF reflète en partie certaines imperfections affectant le calcul de l’indice, en particulier un indicateur « petite taille du marché » quelque peu discutable pour un petit pays très ouvert et une appréciation erronée de l’accès des résidents du Grand-Duché à l’enseignement supérieur.
– Ces imperfections n’expliquent cependant pas tout, loin s’en faut : leur correction ne ferait pas à elle seule basculer le Luxembourg dans le cercle des pays « les plus vertueux ». Il reste au demeurant à voir si le WEF serait disposé à introduire de tels amendements.
– Des ajustements plus fondamentaux et structurels seraient dès lors requis pour atteindre l’objectif « TOP 10 ». L’Idée du mois a présenté un itinéraire permettant de converger concrètement vers cette destination. Il faudrait cependant pour ce faire mobiliser une trentaine d’indicateurs, relevant de six grands domaines d’action : (1) l’éducation et la formation ; (2) la recherche et les brevets ; (3) les infrastructures, de transport notamment ; (4) la réglementation du marché des produits et la compétition ; (5) le marché du travail et les salaires et enfin (6) les formalités administratives lors de la création d’entreprises.
Ces indicateurs et domaines balaient un vaste champ. Des progrès décisifs en la matière supposent dès lors une démarche suffisamment large, de longue haleine et impliquant les différents acteurs concernés – d’autant que nombre de ces indicateurs échappent à la maîtrise directe des autorités nationales. Cette démarche se doit en outre d’être ambitieuse. Le Luxembourg ne peut en effet se contenter d’une simple convergence des indicateurs (ceux où il accuse un retard) vers les niveaux moyens de la zone euro ou des pays voisins. Il devrait au contraire cibler directement les « top performers ».
Nécessité d’une stratégie globale, mobilisant les forces vives de l’économie luxembourgeoise
Diverses recommandations concrètes sont avancées dans l’Idée du mois afin de permettre au Luxembourg de cibler efficacement le « top 10 » du WEF :
• La « mobilisation générale » des forces vives luxembourgeoises requise pour atteindre cet objectif pourrait prendre la forme d’un groupe de travail spécifique, constitué par exemple au sein de l’Observatoire de la compétitivité.
• Un travail de fond pourrait en parallèle être entamé avec le WEF, le cas échéant dans le groupe de travail en question, afin d’identifier plus précisément et à destination des « forces vives » luxembourgeoises chacun des indicateurs devant être améliorés, y compris la façon dont ils sont calculés (définitions, bases de données utilisées, traitement des données, méthodes de compilation de l’indicateur à partir des données). Ce travail de fond à accomplir avec le WEF permettrait par ailleurs de corriger les imperfections que présentent, dans le cas luxembourgeois, certains indicateurs, notamment celui qui se rapporte à la fréquentation de l’enseignement supérieur – cette dernière étant sous-estimée de manière flagrante pour le Luxembourg.
• Enfin, il convient de ne pas négliger la stratégie nationale de « nation branding ». De nombreux indicateurs du WEF sont d’ailleurs collectés via une enquête auprès des chefs d’entreprises. Une communication efficace permettrait d’améliorer la perception par ces derniers des forces de l’économie luxembourgeoise.
Même si elle doit être complétée par un travail de fond portant notamment sur les (nombreuses) interrelations entre les différents indicateurs, la démarche analytique présentée dans l’Idée du mois n°14 constitue un point de départ utile d’une telle stratégie d’ensemble.