Après des années de croissance piteuse (2008-2013), le Luxembourg devrait renouer avec des taux de croissance plus vigoureux entre 2014 et 2018. Selon le Programme de stabilité pour la période 2014-2018, la croissance économique s’élèverait à 3,2% en 2014, 3,2% en 2015, et 3,6% en moyenne entre 2016 et 2018.

La croissance revenue en 2013 (+2,2%), et si nécessaire à la pérennité du modèle luxembourgeois, devrait donc se raffermir et accélérer dans les prochaines années, grâce notamment à l’amélioration de la conjoncture dans la zone euro. En conséquence, le rythme de création d’emplois devrait accélérer pour se situer autour de 2,5% l’an, et le taux de chômage devrait commencer à reculer à partir de 2016, pour retomber à 6,6% en 2018 (contre 7,1% actuellement).

Mais en dépit de ces encourageantes orientations, il existe quelques points noirs au tableau macroéconomique luxembourgeois.

Tout d’abord, les taux de croissance qui sont anticipés pour les prochaines années semblent plutôt optimistes si on les compare aux estimations d’autres institutions[1]. Le fait que les prévisions de croissance au Luxembourg ont été souvent entachées d’un biais optimiste depuis la crise invite d’ailleurs à la prudence concernant les chiffres avancés en matière de croissance dans le Programme de stabilité.

Ensuite, si le taux de création d’emplois est en hausse, il continue d’être inférieur aux taux observés par le passé, de telle sorte que même en recul, le chômage continuera d’être élevé et le coût budgétaire de l’inactivité très important.

Enfin, et c’est un élément de préoccupation majeur, la croissance – même bien orientée – ne suffira pas à empêcher que les finances publiques du Grand-Duché ne soient dans le rouge. A « politique inchangée », le solde structurel – le véritable thermomètre des comptes publics sous l’angle des exigences européennes (six pack) – devrait s’écarter significativement de l’objectif budgétaire à moyen terme du Luxembourg[2] dès 2015. Il serait de -0,8% du PIB en 2015, -0,7% en 2016, -1% en 2017, et -1,2% en 2018.

La question de la validité et de la sévérité des règles européennes n’étant plus d’actualité, le Luxembourg « n’aura guère d’autre choix» que de mettre en œuvre des mesures de consolidation afin de se conformer aux règles européennes et atteindre son objectif budgétaire à moyen terme, il en va de sa crédibilité. Cela correspond peu ou prou à un effort de consolidation de 1milliard d’euros entre 2015 et 2018. La hausse de la TVA au 1er janvier 2015 (dont l’effet sur le solde structurel sera de l’ordre de 300 millions d’euros) étant actée, il reste 700 millions d’euros supplémentaires à dégager sur la période.

Les marges de manœuvre du côté des prélèvements obligatoires étant fortement réduites (malgré la volonté affichée par le Gouvernement d’une « grande » réforme fiscale pour 2016), c’est du coté des dépenses publiques, particulièrement dynamiques et élevées, qu’il faudra sans doute agir. Cependant cette démarche n’est pas sans risque ; une consolidation mal calibrée peut impacter négativement et fortement l’activité et rendre de fait hors de portée l’assainissement budgétaire envisagé.

Le ministre des finances et les nombreux groupes de travail qui planchent sur la question de l’efficacité des dépenses publiques devront donc faire preuve d’habilité et de doigté dans leur choix d’économies budgétaires, et éviter à tout prix de tomber dans la facilité de coupes indiscriminées.

Courage et vista à eux.


[1] FMI, OCDE, Commission Européenne.

[2] Un excédent structurel de +0,5% du PIB.

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