Votre mère, inquiète pour ses petits-enfants, vous dit qu’avec l’automatisation galopante et les progrès high tech, bientôt il n’y aura plus de boulot.

Dites-lui : Mais non maman, « aucune » étude « sérieuse » ne permet de dire de façon certaine qu’il y aura bientôt du chômage technologique de masse. Ceux qui soutiennent cette thèse ont d’ailleurs jadis été qualifiés par l’ancien économiste en chef du FMI de charlatan[1]. Cette « peur » du chômage technologique est encore un simple « postulat ». D’ailleurs on disait la même chose avec l’arrivée de la machine à vapeur en 1830, ou vers 1900 quand l’électricité est entrée dans les usines. Les robots ne vont probablement pas plus causer du chômage que les femmes quand elles ont pu librement travailler, ou les étrangers. Puis remerciez-la pour sa magnifique et très réussie salade composée sans oublier de lui dire que le robot qui pourrait réussir cette salade mixte tout en tenant compte de votre intolérance aux pignons de pin grillés n’est pas prêt d’être inventé. Si vous la devinez toujours inquiète, rassurez-là en lui disant que le Luxembourg est l’un des pays de l’OCDE avec le pourcentage d’emplois routiniers (et donc automatisables) le plus faible.

Votre beau-frère dit qu’avec la future nouvelle administration américaine, ce sera la catastrophe économique et la récession à coup sûr.

Dites-lui : Détrump-toi. D’après les perspectives économiques de l’OCDE pour l’économie mondiale sorties en novembre dernier, la croissance américaine devrait se renforcer en 2017 et 2018. La relance budgétaire en vue – avec une augmentation des dépenses publiques et une baisse de la fiscalité – devrait significativement stimuler l’économie américaine. Ce soutien budgétaire dopera la croissance du PIB de respectivement ½ point et 1 point en 2017 et 2018, pour porter la croissance américaine vers les 3%. Le pire – s’il devait arriver – ne semble donc pas pour bientôt selon l’OCDE.

Votre époux-se vous affirme que le Brexit c’est quand même une catastrophe sans nom, et le début de la fin de l’UE.

Dites-lui : Pas si vite mon amour, il y a de quoi être dubitatif sur les prévisions catastrophiques à ce sujet ; rappelons-nous que l’on disait à l’époque qu’en n’adoptant pas la monnaie unique le Royaume-Uni serait à la traine de la zone euro, ce qui n’a pas vraiment été le cas. Il est important de garder à l’esprit qu’un pays qui s’apprête à quitter l’UE est une première, et que comme toute première, on ne peut pas sérieusement prétendre savoir ce que cela va donner. Vous pouvez aussi profiter de l’occasion pour placer votre meilleure analyse au sujet du Brexit et dire que le Brexit, c’est un peu comme le tout premier bébé métis, on a dû penser qu’il serait blanc en haut noir en bas, ou l’inverse, voire zébré, car tout simplement il s’agissait du tout premier ; acceptons de reconnaître les limites de notre savoir au sujet du Brexit, et faisons confiance au bon sens des négociateurs pour accoucher d’un deal gagnant pour tous, et d’un Brexit qui ne sera ni dur, ni mou, mais doux.

Votre fils – qui travaille depuis deux ans – se plaint de ne pas avoir connu l’index alors qu’à vos débuts dans les années 1990, vous aviez connu deux tranches indiciaires la même année.

Dites-lui : Ecoute gamin, entre la fin des années 1980 et le début des années 1990 on connaissait des taux annuels d’inflation de l’ordre de 3,5% au Luxembourg, ceci explique cela. Il n’y avait alors pas d’internet – et donc pas les réseaux sociaux où tu te canalises -, ni de voyages low cost, ni toutes ces infrastructures de très haut standing que l’on trouve dans le pays; donc de grâce, épargne-nous ton c’était mieux avant. Sache par ailleurs que le P(i)ère Noël va passer et que grâce à la réforme fiscale, tu vas connaître une hausse de ton salaire net de l’ordre de 4% en janvier puisque tu gagnes le salaire médian, de quoi faire plaisir à ta petite sœur pour son anniversaire. Et si comme ta mère l’espère tu te maries dans l’année, tu connaîtras encore une hausse de ton salaire net grâce à la classe 2.

Vous trouvez tout le monde magnifique, y compris vous-même, la dinde vous regarde et vous dit « ce que j’oie est triste »

Ne conduisez surtout pas pour rentrer, vous avez probablement trop bu.


[1] Source : Capital août 1996, propos recueilli par Jean-François Rouge.

2 thoughts on “Petit précis d’économie pour briller lors du repas de Noël

  1. Alors, la probable relance budgétaire à l’américaine est à recommander? Cela m’étonnerais!

  2. Joyeux Noël et joyeux Réveillon à vous tous avec un bon repas, des vins succulents, un beau cadeau et beaucoup de bonheur avec vos proches.
    Merci à l’ équipe de IDEA pour le beau travail fourni. Que 2017 continue sur cette belle lancée.
    Bonne année, santé de fer, bonheur et épanouissement personnel, voilà mes voeux pour vous en 2017.

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