Et si l’on réfléchissait sérieusement à la problématique de l’orientation ?

« … Quand cessera-t-on de désorienter les élèves ? » « Comment l’orientation bloque la mixité ? » «  L’orientation accentue les inégalités sociales » … » Education aux choix… »

Bien des articles évoquent ce sujet complexe, et pourtant nécessaire à solutionner.

Des groupes de toutes sortes frappent à la porte de l’Ecole, et imaginent une adéquation entre l’emploi disponible, et la formation distribuée. Est-ce aussi simple ? Sait-on quels métiers seront offerts dans cinq ans, dans dix ans ? L’entreprise de production ou de services, sera-t-elle encore sur le territoire demain ? L’instabilité manifeste de notre système économique ne facilite guère les prévisions en matière d’emplois.

L’Ecole doit-elle pour cela rester en retrait ? L’Ecole n’a-t-elle pas un rôle propédeutique essentiel ?

Cette Ecole pourrait-elle préparer au mieux les élèves ? Si c’est le cas à quelles conditions ?

  1. Un programme pour apprendre à trouver sa voie.

Ce domaine a fait l’objet de nombreuses et fructueuses expérimentations depuis une vingtaine d’années. La trame de cet enseignement, dispensé de 10 ans à 18 ans, car c’en est un , peut s’articuler en quatre domaines :

  • Connaissance de soi
  • Connaissance de l’environnement économique et des métiers
  • Connaissance des systèmes de formation
  • Acquisition de démarches facilitant l’élaboration d’un projet

Chacun de ces domaines demande un investissement de toute la communauté éducative, les élèves en premier. Accueillir un artisan dans une classe, cela demande une préparation en matière d’attitude, de prise de parole, de questions, de rédaction de conclusions. Aller visiter une entreprise, cela nécessite un courrier, des appels téléphoniques, une application de consignes de sécurité lors de la visite, et, bien sûr, un questionnement et une synthèse. Tout cela revient au fonctionnement quotidien d’une classe, d’un établissement, à une démarche concertée de tout projet pédagogique.

  1. Qui donc doit le mettre en œuvre ?

Chaque élève des années primaires, et des cycles secondaires, doit s’impliquer dans cette préparation à l’orientation. Faut-il faire appel à des services extérieurs à l’Ecole ? Certains pays ont choisi cette voie, je crois pour ma part que ce doit être un élément de la formation du citoyen, donc il s’agit bien d’une politique publique. Les ressources existent dans chaque établissement, il faut les faire apparaître, et assurer la formation, et le partage du travail.

L’école fondamentale peut sans difficulté notoire visiter les commerces locaux, faire intervenir les artisans de la commune, du quartier. C’est donc l’instituteur-trice qui assurera la découverte des domaines cités plus haut. Quant au lycée, un des professeurs de l’équipe enseignante, aura cet enseignement en charge. D’une heure chaque quinzaine, à une heure chaque semaine à évoquer son avenir propre, ne semble pas une énorme charge à assurer dans le système éducatif.

Une exigence apparaît pour réussir un jour cet enseignement essentiel pour l’avenir : chaque intervenant/enseignant se doit d’avoir réalisé un stage en entreprise. Si en formation initiale des enseignants, il est essentiel de mettre en œuvre ce mois de découverte d’une entreprise, il faudra assurer une forme de rattrapage pour les personnels en fonction. Quant aux quatre domaines évoqués au point 1, cela s’enseigne, c’est le rôle de la formation continue des personnels, en liaison avec les services du SPOS des établissements.

  1. Quels changements pourraient être amenés ?

Le Grand-duché a choisi de placer les élèves dès la fin de l’Ecole fondamentale en lycée général ou technique. Le travail engagé en matière d’orientation permettrait de différer cette orientation subie, de laisser découvrir progressivement un sens à la formation scolaire.

Assurer personnellement son orientation, choisir une voie à l’âge de quinze ans, cela semble plus pertinent que « trier à onze ou douze ans ».

Toutes les visites, les contacts de toutes sortes, tout cela mènerait à un rapprochement essentiel entre l’Ecole et le monde du travail.

Thank you for sharing

On le connaît tous : Le dilemme éternel du consommateur. Est-ce que je dois acheter un bien dont je n’ai pas forcément besoin tous les jours? Ne vaudrait-il pas mieux emprunter le bien en question? Une machine à laver qu’on peut partager avec les propriétaires de l’immeuble, une perceuse qu’on loue via les groupes Facebook, une voiture qu’on peut partager avec les habitants du quartier…

L’idée de base est à la fois séduisante et simple. Les tendances de l’économie de partage – connue également sous le nom de consommation collaborative – sont actuellement en plein essor et encouragent une réallocation plus optimale des ressources « on hold ». Ces nouveaux modes de consommation devraient profiter à la fois au budget des ménages et à notre Terre nourricière. Selon une enquête, sans doute non-représentative, publiée sur le blog d’ING, 54% des personnes connaissant le concept de « sharing » au Luxembourg prennent part à l’économie de partage avec le souci d’économiser de l’argent. Tandis que 55% participent pour des motifs de protection de l’environnement. De même, certains participants au sondage perçoivent l’économie de partage comme une opportunité de gagner de l’argent supplémentaire. Ainsi, 8,9% des résidents luxembourgeois ont touché un loyer en mettant à disposition leur maison de vacances à des tiers. 33% des interrogés seraient même disposés à partager leurs articles ménagers contre de l’argent.

Dans un autre blog, la Fondation IDEA a porté son regard sur les divers facteurs ayant contribué à l’apparition de l’économie de partage. Le facteur le plus important se trouve sans doute dans l’émergence et le déploiement des technologies de l’information et de la communication qui ont permis de supprimer les barrières de coûts de transactions (pécuniaires et temporels) liés à la recherche d’information : la prospection, la comparaison du rapport qualité/prix des différentes prestations proposées, la fiabilité du vendeur/prêteur…sont tous des éléments aujourd’hui facilement accessibles et essentiels pour garantir la transparence et la confiance qui constituent sans doute le fond de commerce de l’économie de partage.

Partage ou business ?

L’objectif consiste à optimiser l’usage d’actifs humains et matériels à travers le partage, tout en générant de la valeur pour la société. Pour les uns, l’économie du partage prend un caractère plutôt altruiste et humaniste reposant sur le credo « donner et recevoir », donc une vraie expérience de collaboration. Wikipedia ou encore Couchsurfing sont des plateformes permettant de connecter des internautes aux intérêts communs pour échanger des services sans pourtant demander de l’argent en contrepartie.

Par contre ces types de site ne vont que marginalement contribuer aux 335 Milliards $ de revenus que l’économie du partage devraient générer d’ici 2025 selon une étude de PWC[1]. Ce seront les acteurs de l’économie de partage dont la raison d’être repose sur un « Business model » réel à l’instar d’Uber ou d’Airbnb dont eux et leurs confrères vont certainement continuer à chambouler l’économie de marché traditionnel et attirer davantage d’investissement. Toutefois, un enjeu majeur reste à veiller. Le cadre réglementaire et fiscal est toujours à la traine et a du mal (ou prend son temps) pour s’adapter à ces nouvelles tendances disruptives, alors que toute concurrence se doit d’être loyale, qu’elle ait lieu entre entreprises « traditionnelles » ou entre entreprises « traditionnelles » et « nouvelles ».

Pas d’impôt tue l’impôt (équitable)

Pour certains, les bouleversements font peur. Les acteurs traditionnels tels que les hôteliers ou encore les chauffeurs de taxi se considèrent lésés, notamment en matière de fiscalité et de sécurité sociale. L’IRC, la TVA ou encore les cotisations sociales sont des charges non négligeables, au bénéfice du financement de notre Etat-providence, et le fait que les entreprises de la « sharing economy » ne s’en acquitte pas nécessairement provoque un sentiment d’injustice. De surcroit, ils sont confrontés à une réglementation assez stricte en matière de sécurité et d’hygiène notamment… toutes ces réglementations – qui étaient à la base introduites pour protéger le consommateur – peuvent le cas échéant être facilement contournées par les acteurs « partageurs ». Ces nouvelles tendances méritent d’être suivies de près et c’est notamment essentiel pour le bon fonctionnement de notre système social qui n’a pas de vraie mainmise sur les revenus issues des activités « sharing ». Le modèle luxembourgeois du type bismarckien repose largement sur un système conditionné par la relation patron-salariat et dépend d’une population jeune et dynamique pour remplir nos réserves de pensions. C’est aux pouvoirs publics qu’incombe la responsabilité d’adapter les règles de jeux. La règlementation du travail présente actuellement des vides juridiques face aux tendances « sharing ». A titre exemple, les grandes plateformes d’échange argumentent que leur rôle se limite à connecter les « acheteurs » et « vendeurs » et toute responsabilité qui va au-delà, telles que les modalités liées à la sécurité de l’emploi, ne les concernent pas réellement. Les défenseurs les plus fervents du modèle traditionnel craignent même la fin du salariat… (cf. Blog IDEA « L’entreprise, un formidable outil de transformation du monde »… et ce n’est pas nous qui le disons. »)

Au Luxembourg, les activités « sharing » n’ont actuellement qu’un statut marginal et doivent encore sortir de leur coque de « infant industry ». Même si on arrive à capter les flux de revenus émanant du secteur « sharing » grâce à un cadre réglementaire plus adapté, il faut toutefois se demander si ce secteur pourra un jour représenter une nouvelle source de croissance fiable. Car dans ce contexte il semble opportun de rappeler que le modèle d’affaire luxembourgeois est basé sur une sécurité sociale généreuse et universelle et son financement repose largement sur la surperformance (par rapport aux autres économies développées) de notre économie.

L’économie de partage est bonne pour la nature?

Les concepts de « sharing » devraient nous induire à consommer autrement, notamment en recourant à des ressources disponibles et peu utilisés. Toutefois, ceci ne veut pas forcément dire que notre société consommera mieux et de manière plus durable. Il faut également prendre en considération le « rebound effect », un phénomène en théorie économique qui prévoit une augmentation de la consommation suite à l’utilisation d’une technologie et une amélioration de l’efficacité des ressources. En recourant aux services carsharing ou en louant mon set de DJ via une plateforme d’échange, l’argent économisé (ou gagné) constitue une nouvelle source de revenu qui peut donner lieu à d’autres actes de consommation, ce qui ne m’empêche pas de les réallouer à des activités potentiellement plus polluantes (comme des billets pour un vol transatlantique). A ceci s’ajoute la durabilité et la recyclabilité des biens faisant objet des activités de partage.

Il est clair que le phénomène de « sharing » défie notre cadre législatif et règlementaire. L’impact réel des activités « sharing » sur notre train de vie est actuellement difficilement mesurable, mais mieux vaut anticiper et accompagner les difficultés à venir, plutôt que de recourir à des solutions dramatiques à la dernière minute. Afin de pouvoir intégrer ces nouvelles tendances de manière pragmatique, il faut privilégier un échange consensuel et éviter toute forme de débat émotionnel tel ce fut le cas en France avec l’arrivée d’Uber. En outre, l’économie du partage à elle seule ne saura pas garantir la transition écologique, elle constitue un maillon d’une chaîne plus complexe qui doit être accompagnée par une véritable prise de conscience de la part de la société.


[1] Source : http://www.pwc.co.uk/issues/megatrends/collisions/sharingeconomy/the-sharing-economy-sizing-the-revenue-opportunity.html

Opening address of the 6th matinale: “USA and Eurozone, the hare and the tortoise?” – 14th January 2016

It is a real pleasure fo me to welcome you all at this sixth IDEA matinale. Today, we will discuss a really big issue: the huge and unfortunately widening economic gap between the euro zone and the United States. This issue is mentioned quite frequently in the public debate, but few observers have provided – so far – a systematic and down-to-earth analysis of this problem, its proximate and underlying causes, and the potential remedies against this “European disease”.

We will try to fill this gap today, with the decisive help of today’s speaker, the distinguished Prof. Vasconcellos e Sá.

So let me fist introduce to you Prof. Jorge Vasconcellos e Sá:

  • He has an extremely strong academic background: Prof. Vasconcellos e Sá holds a master’s degree from the Peter F. Drucker Graduate School of Management in California and a PhD in Business Administration from Columbia University in New York, where he was a student as well as a research and teaching assistant. He also holds a degree in Economics, one in Business Administration and a graduate degree in Macroeconomics. He is currently a professor at SBS Swiss Business School in Zurich and at AESE Business school in Portugal. He also addressed many conferences and seminars, in a large variety of countries.
  • Our guest has a strong international recognition: he was awarded the Jean Monnet Chair by the Jean Monnet Foundation in Brussels and several distinctions, including the Fulbright fellowship.
  • He wrote many books, translated into eleven languages. Several issues were addressed, inter alia strategy and management. You will find several copies in this room.
  • Let me finally mention two prominent hobbies of Prof. Vasconcellos e Sá: history and football. The Prof. even holds a degree as a professional football coach. So at least a field where Europe does a better job than the United States (I’m talking about football as in soccer, of course)…

Before I leave the floor to Prof. Vasconcellos e Sá, I would like to give to you some insights from a recent study made by IDEA, also focused on this economic and competitiveness gap between the euro zone and the United States. You can find this study on your desk (Idée du mois number eight).

Let me mention the following main insights of our study:

  • We made a growth decomposition exercise over a long period of time (we therefore constructed a “proxy” of the euro zone prior to the advent of EMU in 1999). This exercise clearly shows that the economic gap is not a recent, short term phenomenon at all: the gap is fully structural. GDP growth has been much higher in the U.S. since the eighties, in spite of a stronger GDP per capita in the U.S. before the eighties (so the starting point was higher). This higher GDP growth in the U.S. is partly the reflection of much higher population growth (thanks to higher migration flows). But GDP per head and productivity were also significantly more dynamic across the Atlantic.
  • Another striking comparison: in 1980, total employment reached 102 million persons in the U.S. and 122 in euro area countries, respectively – it was therefore much higher in these countries. In 2015, total employment was the same, with 151 million persons on both sides of the Atlantic. In addition from 2007 to 2015, the U.S. created 2.7 million new jobs (net creation). The corresponding figure was minus8 million in the euro area. Hardly the evidence of a “European social paradise”…
  • Several arguments are routinely mentioned against the “American model”: the U.S. performance is said to be a bubble caused by the Federal Reserve monetary policy, it is supposed to be due to the dollar (its alleged structural weakness, the “Déficit sans larmes”), to the more accommodating U.S. fiscal policy, to the shale gas revolution, etc. In addition, Americans would, according to their critics, be too dedicated to “hard work” and therefore not able to “enjoy the quality of life”. Finally, inequalities are growing strongly in the U.S. since the eighties. However, on closer inspection, all these arguments appear quite misleading or require further qualification (the growing inequalities in particular). Most of these counter-arguments could in addition not explain the structural character (since the eighties) of the economic gap between the U.S. and Europe (impact of recent fiscal or monetary policies for instance).

Many causes could underlie the structural economic gap between the euro area and the U.S. and the diagnosis is not an easy exercise. Four aspects seem especially striking, however:

  • Based on the World Economic Forum (WEF) “Global Competitiveness Index” database, we made a systematic comparison between the euro area, the United States (and also Luxembourg) for various dimensions of “competitiveness”. To this end, we constructed our own euro area indicators (by weighting the national indicators according to the respective GDPs). For all dimensions (labour market, taxation, legal aspects, capacity to attract, use or retain talents, venture capital and innovation, access to finance, days to start a business, etc.), the U.S. scores better than the euro zone. There is only one exception, and not the least: the business costs of terrorism…
  • Although national account data should be qualified (definition of public expenditure for instance), general government expenditure represented 39% of GDP in the U.S. in 2013. The corresponding figure was 49% in the euro area. The way higher education and health expenditure are financed partly explains this discrepancy. But certainly not the entire expenditure gap. The tax burden represents 26 and 40% of GDP in the U.S. and in the euro area, respectively.
  • Innovation is much more prominent in the U.S., as illustrated for instance by the emergence of the “GAFA” (Google, Amazon, Facebook and Apple) and other Internet heavyweights. Another illustration: in the international ranking of universities made by Leyden University, the “top 15” is entirely American… The first non U.S. university is Cambridge (18th). No euro area university is in Leyden’s top 25 (only the U.S., the U.K., Switzerland and Israel). In addition, the U.S. academic world cooperates closely with private companies and the research activity of U.S. universities is outstanding. The access to finance (also for small companies) is also strikingly different: just consider the extent of venture capital in the U.S. or the NASDAQ. Finally, a unified defense and the space sector also act as catalysts of innovation on the other side of the Great Pond.
  • The stronger demography observed in the U.S. is also a precondition and a complement for economic dynamism and innovation, as well as a flexible labour market and mobile citizens (it is therefore easier to accommodate asymmetric economic shocks in the U.S.).

We drew, from the evidence collected in our contribution, 10 recommendations for the euro area. I will simply mention them quickly (we will come back to this later on):

  1. Conduct a dynamic immigration – integration policy (otherwise the euro area population will decline in a dramatic way by 2050). This is of course a challenge in the current context…
  2. Promote higher population mobility in the euro area: 30% of U.S. citizens were born in a State different from the one where they currently live. The corresponding figure is 1.5% in the euro zone. We should promote foreign languages and remove all impediments to mobility (real estate, taxation, social security, etc.).
  3. Ensuring more targeted public expenditure and less distorting tax systems in Europe.
  4. Reform the labour market. Close the poverty and unemployment gaps, alleviate the mismatch between labour supply and demand, improve the skills of the labour force, and the like.
  5. Improve the access of companies (esp. SMEs) to credit and to securities markets.
  6. Stimulate innovation: for a “quantum leap” (nexus between universities and companies, education, formation, promote business angels, etc.).
  7. Promote a more entrepreneurial culture in Europe.
  8. Adapt product market regulations and deepen the Single Market (services, Digital Single Market).
  9. Go for a more integrated energy market (energies are currently much more expensive for companies in the euro zone than in the U.S.).
  10. Improve economic policy coordination, a less procyclical and complex governance framework.

I hope these insights and proposals will help fuel our debate.

In the meantime, I leave the floor to Prof. Vasconcellos e Sá.

J’ai lu « la troisième révolution industrielle » de Jeremy Rifkin, voici mon tri !

Faire une critique du best-seller « la troisième révolution industrielle, comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde » de Jeremy Rifkin me semble impossible. Cette impossibilité d’une appréciation exhaustive, fondée et riche relève de ce que l’ouvrage est un mélange d’anecdotes, de name dropping, de publicités, et d’assertions pas toujours vérifiables. Sa lecture me semble néanmoins nécessaire, notamment par ceux – entrepreneurs, parlementaires, journalistes – impliqués dans l’étude The Third Industrial Revolution Strategy commandée par le Luxembourg à Jeremy Rifkin.

Pour leur donner envie de lire son œuvre, voici un petit florilège tiré de l’ouvrage précité :

Que trouve-t-on dans le best-seller de Rifkin ? :

Des phrases dignes d’un roman à l’eau de rose

« Il était 17 heures, et je courais sur mon tapis roulant, n’écoutant que d’une oreille les premières informations de la télévision par câble » (p.21)

« 16 décembre 1973. La neige avait commencé à tomber juste après le lever du soleil. Je sentais le vent glacé sur mon visage en approchant de Faneuil Hall » (p.22)

« La quête de ce récit a été un remarquable voyage, sur une route parfois sinueuse et riche en tournants surprenants » (p.60)

« La chancelière promena son regard autour de la table pour observer les réactions. Quand il se posa sur moi, il s’attarda un bref instant » (p.93)

« Nous sommes allés déjeuner Aurora et moi dans son restaurant Tex-Mex favori : pizza Margarita, salsa, et guacamole » (p.114)

Des affirmations vraies (à moins qu’elles ne soient fausses!)

« Dans l’ère qui vient, des centaines de millions de personnes produiront leur propre énergie verte à domicile, au bureau, à l’usine, et ils la partageront entre eux sur un « Internet de l’énergie », exactement comme nous créons et partageons aujourd’hui l’information en ligne » (p.12)

« L’organisation hiérarchique traditionnelle du pouvoir politique et économique cédera la place au pouvoir latéral, qui étendra sa structure nodale à travers toute la société » (p.17)

« Au cours des années qui viennent, l’instabilité politique croissante du Moyen-Orient va semer le chaos dans les cours du brut sur le marché mondial » (p.34)

« L’ère intercontinentale va lentement transformer les relations internationales, en les faisant passer de la géopolitique à la politique de la biosphère » (p.267)

« Les cycles menstruels des femmes ont tendance à suivre les lunaisons » (p.321)

 Quelques contradictions

« Nous voyons désormais dans la biosphère notre communauté indivisible, et nous ressentons de l’empathie pour tous nos frères humains, ainsi que pour tous les autres être vivants, notre famille étendue évolutionniste » (p.335)

« Nous sommes de plus en plus déconnectés affectivement du reste de la nature et indifférents aux souffrances de la terre. Nous devenons aussi plus isolés, plus solitaires, et nous finissons par nous sentir étrangers sur notre propre planète » (p.353)

Une vision peu reluisante de l’école

« Débiter des ouvriers productifs est devenu la mission principale de l’éducation moderne. Les écoles ont assumé une double tâche : créer une main d’œuvre alphabétisée et la préparer à servir des entreprises despotiques et centralisées » (p.162)

Des anecdotes

« Quand je l’ai vu (Johanes Teyssen), il m’a paru l’incarnation même du chef d’entreprise allemand traditionnel : costume trois pièces noir et air sévère » (p.86)

« Le prince Albert (de Monaco) est un homme discret, modeste, qui aurait aimé tout autant, je pense, consacrer sa vie à la recherche scientifique s’il n’était pas né dans une famille royale » (p.142)

« Beaucoup des habitants les plus riches de Monaco, nous a-t-on dit y vivent peu : leur maison leur sert plutôt de lieu de vacances. Mais, puisqu’il n’y a pas d’impôt sur le revenu, ils prétendent qu’il s’agit de leur résidence principale. Pour prouver que la maison est leur résidence principale, ils laissent souvent leurs appareils ménagers en fonctionnement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 » (p.143)

« Quand il (Jose Luis Zapatero) est venu m’accueillir dans le vestibule, j’ai été frappé d’emblée par son sourire chaleureux et son attitude détendue. Il semblait très bien dans sa peau » (p.200)

« La réunion qui a suivi avec Miguel Sebastian Gascon a été décevante. J’en suis sorti avec l’impression que cette coopération ne l’intéressait pas, et qu’il était assez tiède philosophiquement, voire hostile, face à la perspective d’une troisième révolution industrielle » (p.204)

Des sources surprenantes

[E-mail à Jeremy Rifkin]

[B. Clinton, transcription d’une émission télévisée]

Wikipedia

Des phrases que je ne comprends pas

« Si tous les organismes biologiques interagissent continument avec les processus biochimiques pour maintenir un équilibre homéostatique propice à la perpétuation de la biosphère et à la préservation de la vie sur terre, le bien-être à long terme de l’espèce humaine dépend de notre capacité à vivre à l’intérieur des limites spéciales et temporelles où la terre fonctionne » (p.319)

Au-delà de ces phrases – qui sont un choix subjectif – le livre de Jeremy Rifkin se veut un plaidoyer pour l’économie collaborative, l’avènement du prosommateur (consommateur à la fois producteur), et la félicité économique à faible coût énergétique. En futurologue du présent, Rifkin plaide pour que les humains utilisent leurs capacités techniques (internet, technologie de l’hydrogène, impression 3D, véhicule électrique), économiques (capitalisme distribué) et sociales (empathie), pour améliorer la condition humaine, stabiliser le climat, et protéger la nature. L’objectif est louable. Le tout est de savoir si la 3ème révolution industrielle qu’il prédit aura lieu suivant les conditions qu’il évoque (tâche hautement difficile), et faire en sorte que le Luxembourg (pays à taille réduite, avec un Etat providence financé par impôts, un niveau de vie élevé et une économie fortement tertiarisée) soit armé pour en tirer profit et trouver les réponses adaptées à ses possibles effets indésirables.

En ce sens, l’approche luxembourgeoise : ouverte, participative, critique[1], qui refuse de délivrer un blanc-seing au futurologue mais entend confronter ses idées de l’avenir aux « spécificités » luxembourgeoises[2] est bien pensée…


[1] Voir : Les députés face au phénomène “Rifkin”, Jeremy Rifkin, génial visionnaire ou homme d’affaires avisé ?, www.chd.lu

[2] Voir : http://www.carlothelenblog.lu/2015/10/08/pour-une-troisieme-revolution-industrielle-a-la-luxembourgeoise/

Compte rendu de la Sixième « Matinale IDEA »: Etats-Unis et zone euro, le lièvre et la tortue ?

La Fondation IDEA asbl a organisé ce jeudi 14 janvier sa 6ème matinale, consacrée aux performances économiques respectives de l’Europe et des Etats-Unis. Ce rendez-vous a été l’occasion d’une discussion nourrie entre l’invité de la matinale, le Professeur Jorge Vasconcellos e Sá, les représentants d’IDEA et la trentaine d’invités émanant d’horizons divers.

La Matinale a débuté par un exposé introductif de Marc Wagener, Directeur en charge d’IDEA, qui a brièvement passé en revue l’impressionnant itinéraire de M. Vasconcellos e Sá. Il a ensuite rappelé qu’IDEA avait publié en avril 2015 une radiographie du décrochage économique de la zone euro par rapport aux Etats-Unis. Il a rappelé les grandes lignes de cette étude : (i) ce décrochage est structurel et non purement conjoncturel ; (ii) il s’exprime en termes de croissance totale, de dynamisme démographique, de PIB par tête, de productivité et, last but not least, d’emploi ; (iii) il va de pair avec une compétitivité bien moindre de la zone euro, une pression fiscale nettement plus élevée qu’outre-Atlantique, un environnement largement plus favorable à l’innovation aux Etats-Unis et enfin avec une démographie fort dynamique dans ce dernier pays. Marc Wagener a ensuite rappelé les dix recommandations découlant de ces observations (immigration, mobilité de la population, dépenses publiques et pression fiscale, marché du travail, accès des entreprises au financement, un « saut quantique » en matière d’innovation, culture d’entreprise, marché des produits, de l’énergie et enfin coordination économique au sein de la zone euro).

Le Professeur Vasconcellos e Sá a pour sa part remercié la Fondation IDEA asbl pour son invitation. Il a ensuite développé un exposé fouillé, associant en un tout homogène les variables économiques, les enseignements des théories du management et du marketing et des éléments plus sociologiques. La présentation a débuté par un exercice de décomposition de la croissance économique. Les Etats-Unis se caractérisent par un PIB par habitant environ 40% plus élevé que le PIB par tête au sein de l’Europe des quinze (« UE-15 »). Cet impressionnant écart, qui tend au demeurant à s’accroître au fil du temps, est le reflet d’une productivité horaire de 20% plus élevée qu’au sein de l’EU-15, d’heures de travail annuelles par tête supérieures à raison de 10% et d’un taux d’emploi plus favorable aux Etats-Unis à la faveur d’un taux de chômage nettement plus faible.

Ces causes immédiates de l’allant économique des Etats-Unis reposent à leur tour sur des causes ultimes, en partie mais pas exclusivement de nature économique. M. Vasconcellos e Sá a regroupé ces causes ultimes en 5 grandes catégories de nature « quasi médicale », rapidement synthétisées ci-après (de manière non-exhaustive) :
« Body » : La population américaine est plus jeune, plus diversifiée qu’en Europe.
« Heart » : Les Américains ont une forte éthique du travail, sont plus confiants envers leur propre culture, sont fiers de leur pays et pensent davantage que leur destinée « est entre leurs mains ».
« Mind » : la proportion de diplômés du supérieur est élevée outre-Atlantique. Or sur le plan international, l’effort en la matière est clairement et positivement corrélé avec le niveau du PIB par habitant.
« Organisation » : la confiance (« trust ») et la transparence sont essentielles pour la croissance. En leur absence, les coûts de transaction enflent démesurément (taxe implicite). Les Etats-Unis et l’Europe sont approximativement au même niveau de ce point de vue. Il en est de même en termes de management, de « corporate system ». Par contre, les Etats-Unis affichent une supériorité écrasante en matière d’innovation.
« System and context » : l’index de liberté économique de la « Heritage Foundation » est bien meilleur pour les Etats-Unis (12ème) que pour l’Europe (Allemagne : 16ème ; Luxembourg : 21ème ; France : 73ème ; Italie : 80ème). En revanche, les deux ensembles diffèrent peu du point de vue de la corruption. Enfin, si la cohésion politique est plus forte aux Etats-Unis, la cohésion est moins affirmée qu’en Europe du point de vue social, les revenus totaux étant plus concentrés (indice de Gini de 0,39 aux Etats-Unis, de 0,30 dans l’UE-15).

M. Vasconcellos e Sá a ensuite disserté sur la productivité. Seule une productivité élevée permet de « profiter de la vie » : en son absence, il n’existe pas d’alternative à un travail intensif voire abrutissant. En sa présence par contre, il est possible d’arbitrer entre le travail et le temps de loisir. Le Luxembourg se caractérise par un niveau de productivité élevé en comparaison internationale (ce qui reflète en partie le poids du secteur financier). De ce point de vue, l’UE-15 est pour sa part à la traîne par rapport aux Etats-Unis. Pour rehausser sa productivité, l’Europe devrait identifier 6 ou 7 points où elle a fortement décroché en termes de compétitivité et y remédier au plus vite, d’après le Professeur.
M. Vasconcellos e Sá a affirmé que les Etats-Unis ont le mérite de souligner l’importance de la productivité. Il tient cependant à ne pas les ériger en modèle absolu. Deux paramètres y seraient en effet problématiques, à savoir une sécurité insuffisante et un état de santé tendant à se dégrader (obésité, diminution de l’espérance de vie des blancs à bas revenus). Une Europe forte permettrait de contrebalancer le possible affaiblissement américain résultant de ces carences. D’où l’importance d’un réalignement économique de l’Europe.

Une discussion longue et stimulante a suivi l’exposé de M. Vasconcellos e Sá. Ont notamment été abordés les aspects suivants:
• Situation du Luxembourg : niveau de la productivité, manque relatif de culture d’entreprise au Grand-Duché (régulation, prestations sociales, formation professionnelle, optique « bottom-up » aux Etats-Unis, plus « top-down » au Luxembourg).
• Pouvoirs respectifs des Gouvernements européens et de la Commission européenne.
• Absence d’une vision commune des réformes entre le nord et le sud de l’Europe. L’Europe se serait construite de manière géographique plutôt que sur un noyau commun de valeurs.
• Impact potentiel du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP).
• Politique de concurrence européenne et tendance (implicite ou explicite) à limiter la taille des entreprises européennes, avec en conséquence moins de « champions » européens.
• Niveau de santé ; bien-être subjectif aux Etats-Unis très élevé par rapport aux principaux Etats membres de la zone euro.

Pour davantage de détails sur la problématique Europe – Etats-Unis, nous invitons les personnes intéressées à consulter l’Idée du mois n°8. 

Quelques photos de la Matinale:

PHOTO 1  Marc WAGENER; Prof. Vasconcellos e Sá; Muriel BOUCHET; Michel WURTH
PHOTO 2 Auditoire
PHOTO 3 Présentation Pofesseur Vasconcellos e Sá
PHOTO 4 Marc WAGENER; Prof. Vasconcellos e Sá; Muriel BOUCHET

Crédits: Chambre de Commerce/ Pierre GUERSING

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Quel serait le taux de chômage au Luxembourg s’il n’y avait pas eu la crise ?

Tout comme il est particulièrement compliqué de faire des prévisions (surtout quand elles concernent l’avenir), faire des uchronies[1] est particulièrement difficile, d’autant plus si elles concernent le marché du travail luxembourgeois.

Une uchronie qui viserait à déterminer le taux de chômage actuel si la crise n’avait pas eu lieu devrait, pour être précise et complète, modéliser un ensemble de comportements difficiles à saisir (nombre de demandeurs d’emploi de la Grande Région cherchant du travail au Luxembourg, immigration économique en provenance des pays en crise actuellement et qui ne l’auraient pas été, demande mondiale adressée au Luxembourg, évolution du nombre de travailleurs frontaliers, etc.).

Malgré l’impossibilité de modéliser précisément ces comportements, se demander quel serait le taux de chômage au Luxembourg s’il n’y avait pas eu la crise demeure une question pertinente pour penser les déséquilibres du marché du travail. Le (mal-nommé)[2] paradoxe luxembourgeois (hausse importante de l’emploi et hausse concomitante du chômage) étant antérieur à la crise, au delà des facteurs cycliques qui ont ébranlé le marché du travail, d’autres facteurs anciens et structurels ont également pu contribuer à la hausse du chômage. Estimer ce que serait le taux de chômage sans la crise au Luxembourg revient donc, grosso modo, à enlever du taux de chômage actuel sa composante conjoncturelle et/ou à poursuivre les évolutions du chômage observées avant la crise.

D’après l’OCDE, l’écart entre le taux de chômage observé et le taux de chômage structurel (calculé par le NAIRU[3]) serait actuellement de 0,7% au Luxembourg. Sur les 2,9% de hausse du taux de chômage depuis 2008, le chômage conjoncturel ne représenterait ainsi que le quart. A cette aune, le taux de chômage du Luxembourg serait actuellement de 6,2% sans la crise.

Une autre approche est de (simplement) prolonger de façon linéaire les tendances observées concernant le chômage avant la crise. Suivant cette méthode, le taux de chômage serait actuellement de 5% (si la tendance 1994-2008 est prise en compte), ou de 6,6% (si la tendance 2000-2008 est préférée).

Quel serait le taux de chômage s’il n’y avait pas eu la crise (%)?

Chômage sans crise

Sources : OCDE-calculs IDEA

Ces chiffres constituent toutefois des estimations et non pas des mesures. Puisque le taux de chômage structurel a tendance à suivre le taux de chômage effectif, il ne peut être exclu que la crise explique une partie de la hausse du NAIRU, et que donc sans la crise, le NAIRU observé actuellement serait probablement moindre. De même, suivant la tendance considérée (1994-2008 ou 2000-2008) le taux de chômage estimé varie considérablement (1,6% d’écart), ce qui est une limite de la méthode.

Néanmoins, les trois méthodes envisagées fournissent le même message : le taux de chômage serait actuellement supérieur (de 1% à 2,5%) à son niveau de 2008 s’il n’y avait pas eu la crise. Cette convergence des résultats confirme l’existence de problèmes structurels sur le marché du travail luxembourgeois, et est une indication qui interdit de penser que le taux de chômage, une fois la crise définitivement surmontée, pourrait retourner « naturellement » vers son niveau d’avant…


[1] Supposer le présent en considérant un passé différent de ce qui a effectivement été.

[2] Voir à ce sujet la Préface du Docteur Serge Allegrezza dans la Note de Conjoncture N°2-2014 du STATEC.

[3] Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment ou taux de chômage non-accélérateur d’inflation

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The Paris Climate Change agreement: some key facts and what it means for business in Luxembourg

“Historic”, “landmark deal”, “decisive for the planet” – Several superlatives have been used to describe the success of the Paris agreement in the hope that it will usher global society into a new era. This blog aims to gain perspective on some main elements of the agreement and sheds light on the potential impact on business in Europe and Luxembourg.

“The agreement is the most balanced one possible”, Laurent Fabius, France’s Minister for foreign affairs and President of the Paris Committee told to the 195 country negotiators prior to the final committee session. At that point of time, the agreement was still a draft and open for further modification. Yet, this did not hold back President François Hollande and UN secretary general Ban Ki-Moon from holding an emotional appeal to favourably consider this version of the text. The symbolism of this act was strong and for the new universal climate change agreement to come into effect, the 195 Parties to the United Framework Convention on Climate Change (UNFCCC) needed to adopt the outcome document. And they proved to be right in the end.

So what did humanity sign up for?

  • 2 °C or 1.5 °C? Or both?

At the 2009 climate conference in Copenhagen, parties agreed, although the agreement has not been adopted, on limiting the global temperature rise to 2°C. This target was according to several parties – especially the SIDS (small island development states) – not ambitious enough. Meanwhile other countries such as China and India preferred to stick to the 2°C target. A 1.5 °C target would according to them require substantial mitigation efforts that might hamper their economic development. Despite those divergences, all parties managed to agree on a text that would allow them “to go back home with their heads held high”. A compromise wording has been found, reaffirming the 2°C goal combined with “increased efforts” to achieve an 1.5°C target, a vital threshold that would allow to contain a further sea level rise and to build up a significantly safer defence line against the worst impacts of climate change. This ambition was carried by the so called “high ambition coalition” which comprises well over 100 countries from the rich and developing world and among them the European Union which – under the leadership of Luxembourg due to the EU presidency – pushed hard in the final week of the conference to rally a maximum number of parties around the cause of a “strong recognition of the 1.5°C temperature goal”. In the end even some alleged “carbon footprint heavy-weights” such as the US and Brazil echoed the call to include the 1.5 °C target in the agreement. In this context it is worth mentioning the tremendous work done by the Luxembourgish Minister of environment Carole Dieschbourg and her delegation that managed through their keen sense of diplomacy to form a common unity within the European block.

  • The differentiation puzzle

A common goal! Yes. But the agreement should reflect as well “the equity and the principle of common but differentiated responsibilities and respective capabilities, in the light of different national circumstances.” The concept of differentiation between nations was a tough nut to crack. Developed countries should take more action on mitigation efforts and financing resiliency than developing countries and, where possible, support the weakest links in their efforts to improve their resilience and capacity-building. According to paragraph 1 of Article 4 of the final Paris agreement “Parties aim to reach global peaking of greenhouse gas emissions as soon as possible, recognizing that peaking will take longer for developing country Parties, and to undertake rapid reductions thereafter in accordance with best available science…” Each country’s contribution had to be clearly stated in an updated climate plan – called intended nationally determined contributions (INDCs) – outlining their climate ambitions within the limits of the country’s capabilities in the climate adaptation process.

The differentiation issues became especially clear just before the final agreement was supposed to be presented on the last negotiation day. The US expressed their disapproval with the wording used in article 4.4 of the agreement. i.e.: Instead of “shall” they proposed to use “should”, meaning that this passage would not longer be binding anymore: “Developed country Parties should continue taking the lead by undertaking economy-wide absolute emission reduction targets”. A motion heavily criticized by the representatives of Nicaragua and by other nations, hence endangering again the outcome of the agreement. Luckily, in the end nobody was really in the mood to ruin the entire deal.

  • Reviewing the Commitments

The current commitments (INDCs) handed in by almost all the countries, would only hold global warming to between 2.7°C and 3°C, well above target. In order to reinforce the commitments over the upcoming years, the signatories are required to communicate a revision of their INDC every five years. The revision will help to assess whether the “collective efforts” are sufficient enough. And this will be rather a delicate exercise for the upcoming years. Because the climate actions are supposed to be nationally determined, it is up to the countries how much they would like to contribute to those additional efforts.

  • Carbon or no carbon

It is widely acknowledged that the high concentration of greenhouse gas emissions in the atmosphere is largely caused by human activities, with burning of fossil fuels and deforestation among the main contributors. It is interesting to note that the agreement dedicates an entire article linked to the challenges of deforestation[1] while the terms “fossil fuel” and “decarbonisation” have been completely left out of the game in the entire agreement. Oil- and coal- producing countries successfully advocated the idea that we will eventually have to do without fossil fuels in the text. Does it really matter? Of course it would have been a stronger agreement if anywhere in the passages was mentioned that countries should/shall pursue efforts to move away from the use of fossil fuels. But then again, this might have endangered the outcome of the negotiations. But even without using the term “fossil fuel”, it is widely acknowledged that fossil fuels are the largest contributor to “greenhouse gas emissions” and “anthropogenic emissions”; both terms are widely present throughout the agreement, thus sending a clear signal that in the long-term the transition towards sustainable energy resources and energy efficiency will be inevitable.

  • Financing the transition, sharing technologies and building capacity

The Paris Agreement establishes the global goal of enhancing adaptive capacity, strengthening resilience, easing access to green technologies and reducing vulnerability to climate change through international cooperation and underwrites adequate support to developing countries with a view to helping them gaining access to a more sustainable development path. In order to reach this goal, a more foreseeable stream of financial resources should support the international cooperation. Hence, according to the agreement, developed country parties are urged to scale up their ambition and “to achieve the goal of jointly providing 100 billion USD annually by 2020 for mitigation and adaptation” in developing countries on a yearly basis. Given the reality of industrial development and its historical emissions “debt”, developed countries said to be willing to accept a lead role in financing climate resilience measures, however “other Parties (other than developed) are encouraged to provide or continue to provide such support voluntarily”. The distinction between developed and developing countries was a key sticking point during the climate negotiations. Rising economies such as China (the world’s largest emitter of carbon dioxide) or India were keen not to bear the same responsibilities as the developed country Parties. Moreover, some of the high-income economies such as Qatar are still considered to be a developing economy.

The so-called G-77 coalition, an intergovernmental organisation of developing countries, was in general very pleased with the outcome. However, they pointed as well out that there is still room for improvement concerning the financial flows, a topic that should be addressed in the upcoming COPs. Many questions still have to be addressed: How sure are we that those funds will flow? How will those funds be managed? A plethoric number of funding channels are currently in place and the past has shown us how difficult it can be for foreign aid to be entirely effective. And the commitment to pledge 100 billion USD annually must actually be implemented.

The voice of the business community – and what it means for the European Union and Luxembourg

The deal was also hailed for delivering a clear message to business leaders and investors. According to the ICC[2]:“This agreement will give business and investors the long-term certainty needed to scale up innovation and investment in climate solutions. The path to a low-carbon economy is now firmly set: business is ready to make that a reality”. During the Paris negotiations, the business community pursued the ambition that their efforts towards the threat of climate change should be recognized within the agreement. This was not necessarily the case in the first versions of the draft – but in the end it managed to get mentioned in the agreement at least twice[3].

  • A more stringent regulatory environment

Luxembourg has implemented several climate friendly measures in the past that encourage a more efficient use of fossil energy. Most of them originate from European directives, hence binding member states to set up national plans to further reduce their greenhouse gas emissions (e.g. National Plan for Energy Efficiency, National Plan for Renewable Energy). Europe is widely known to have one of the most ambitious regulatory frameworks regarding environmental issues and even in the case of a negative outcome of COP21, the EU would have probably continued its ambition to progressively converge towards a zero carbon economy.

It is clear that the new Paris agreement will bring grist to the mill. The European framework will evolve further and use the targets set by the European INDC (to achieve at least 40% domestic reduction in greenhouse gas emissions compared to 1990 levels by 2030) to shape future environmental policy. Companies in Luxembourg and Europe will in the end face tighter regulations that should further encourage the use of renewable and efficiency enhancing energy solutions. It is therefore important that the upcoming guidelines in climate change related policies remain technically and economically feasible within a reasonable timeframe and focus on promoting innovative solutions and investments to climate mitigation.

  • Revision and monitoring of the EU targets

The global temperature rise set by the agreement is very ambitious and requires actually taking action without delay on the global stage. The 5-year revision plan of the Paris agreement will serve as platform for countries to reiterate their goals over time and the EU, as a fervent supporter of the “high ambition coalition”, will almost certainly step up and reinforce its ambition over the upcoming years. The agreement established the principle that future national plans will be no less ambitious than existing ones, which means the climate action plans handed in prior to the COP21 provide a firm floor and foundation for higher ambition. Thus, it will be central to foster an open and transparent approach during the revision process with all major stakeholders on the boat. In the future revisions, it will be crucial to submit for opinion the targets communicated by Luxembourg to the European INDC plan and the business community, as an important stakeholder, may have valuable input regarding the feasibility of the submitted targets. Switzerland or Japan already used a “bottom-up” approach in order to determine their ambitions regarding the climate targets for the COP21. For instance, the Swiss surveyed their small and medium-sized enterprises about their capacities to cope with further emission reductions while major Japanese companies handed in their own contributions they are willing to make to reach the emission target.

It is as well positive to note the transparency system and accounting for emissions global stock-take, another major cornerstone of the agreement. Measurement, reporting and verification of greenhouse gas related activities will underpin the effective functioning of the UNFCCC, hence strengthening the signal towards civil society and the business community and making the decision process more transparent and easier and, most importantly, to avoid any double accounting of emissions. On a national level it means as well that companies might face stronger requirements when it comes to reporting and administering greenhouse gases.

  • Coping with higher adaptation costs

There is no doubt; mitigating greenhouse gas emissions will be costly and increase the burden on the shoulders of the stakeholders. In order to meet the national targets, countries will continue to implement policies in order to get the incentives right by focusing the attention more on low-carbon solutions. In order to win the climate game, the price of producing and using the remaining fossil fuels should become more expensive than the production and use of non-fossil fuels. This seems straightforward, however in the end it is the detail and implementation that will count. The scale of application of such a principle must however be global to be effective and to avoid competitive distortions, carbon leakage an simple relocations of carbon-emitting companies to less regulated jurisdiction; with detrimental effects not only on economic and social parameters in the “outbound” countries of production facilities, but also potentially negative climate-related outcomes related to a laxer environmental legislation provisions in some “inbound” countries. Non-production cannot be the solution for non-emission.

Carbon pricing tools – either in the form of carbon taxes or trading systems – are on the rise in developing countries such as in China who is planning to set up the world’s largest market based carbon pricing system while Chile and Mexico recently introduced a carbon tax. Europe has been the forerunner in carbon pricing, “flying solo” over many years. As more and more countries are introducing pricing mechanisms, or improving them, businesses on the globe have to expect higher adaptation costs. It is positive to note that Article 6 of the agreement provides a first rough basis for a global carbon emissions market stating that “The use of internationally transferred mitigation outcomes to achieve nationally determined contributions under this Agreement shall be voluntary and authorized by participating Parties”. How exactly the mechanism will materialise still needs to be defined, but the upcoming COPs may leave room for discussions on how to connect national and regional systems within the UNFCCC framework.

In the case of Luxembourg, the prospective of an international carbon market is certainly a positive aspect for companies covered by the EU ETS[4] mechanism. Focus should rely as well on supporting the local business community to improve their capacity building. Especially small and medium enterprises are often lacking the resources to implement new low-carbon technologies and climate-friendly solutions. The future tendencies will affect the way of doing business, thus it will be key to take proactive measures with regard to operational capability and value chain decisions. How will the national reduction commitments impact the business environment in terms of regulation and potential fines? How should businesses deal with the mitigation process in the most cost-efficient way? How to improve conditions for financing of climate mitigation measures and green technology development and deployment? Those are substantial questions to be dealt with. From the business community side, several initiatives have already been put in place. For instance, INDR, the national institue for sustainable development and corporate social responsibility, encourages national companies in their pursuit to balance and integrate their economic, environmental and social priorities while at the same time meeting the expectations of their stakeholders. Several companies in Luxembourg already signed up to embed sustainability into the core of their business operations to create shared value for business and society and still more are to come. Moreover the Chamber of Commerce launched in September, in collaboration with the Ministry of Economy and IMS the “Third Industrial Revolution Strategy” (TIR). Its objective is to get a holistic view on how to deal with the transition towards a fully integrated and sustainable economy, to assess the potential opportunities for the business community and to enhance capacity building of companies for a sustainable development in a more digitalised environment. The TIR strategy will be based on an open and non-discriminatory approach, hence offering a platform to all stakeholders to share their concerns.


[1] Article 5: Parties should take action to conserve and enhance, as appropriate, sinks and reservoirs of greenhouse gases as referred to in Article 4, paragraph 1(d), of the Convention, including forests.

[2] International Chamber of Commerce – The World Business Organisation.

[3] In the section of “Non-party stakeholders”, the agreement “Welcomes the efforts of all non-Party stakeholders to address and respond to climate change, including those of civil society, the private sector, financial institutions, cities and other subnational authorities;” and furthermore The agreement also “recognizes the important role of providing incentives for emission reduction activities, including tools such as domestic policies and carbon pricing; hence supporting market based tools as a method to further reduce global-warming emissions.

[4] ETS : Emission trading scheme

From Schengen to Chain-Gun : récit d’un scénario catastrophe

Lundi 4 janvier : si nos estomacs étaient lestés et nos esprits embrumés, nos cœurs europhiles, eux aussi, se faisaient lourds. En effet, tandis que le Danemark rétablissait des contrôles aux frontières avec l’Allemagne, la Suède en faisait de même avec… le Danemark[1]. Gueule de bois prolongée pour l’Europe.

Petite, toute petite rétrospective

Moins de 500 âmes, des pieds de vignes à perte de vue, un château, la Moselle, un point culminant à 302 mètres, une église, un couvent, quelques stations-service… Il y a 30 ans, Schengen c’était cela. Rien que cela.

Le 14 juin 1985, son destin basculait. Ce village de la Moselle luxembourgeoise voyait son nom associé à une idée d’Europe sans frontières avec la signature d’accords prévoyant la libre circulation des personnes entre la France, la République Fédérale d’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas[2]. Il fallut attendre 1990 pour la signature de la Convention d’application et 1995 pour son entrée en vigueur au sein d’un espace étendu au fil des années[3].

Le symbole d’une Europe dans la tourmente

Aujourd’hui, Schengen c’est la métonymie d’une Europe malade de s’être oubliée. Chahutée par les torrents protectionnistes, ébranlée par les conflits à ses marges (menaces extérieures) comme par ses enfants marginaux (menaces intérieures : Grèce, Grande-Bretagne, France, Hongrie, Pologne…).

Alors ceci n’est sans doute qu’une énième tribune catastrophiste, pleine de bons (res)sentiments pour ne pas dire mielleuse… Mais il est temps de clamer haut et fort : Mir hunn Europa gäer, Wir lieben Europa, nous aimons l’Europe, we love Europe… {à vous de compléter}

Une Europe modulable acterait son naufrage politique, économique et philosophique. Autoriser des entorses aux fondamentaux comme Schengen signifierait que la définition de l’identité européenne est discrétionnaire et relative dans le temps comme dans l’espace. Or, plus que jamais, nous avons besoin d’une structure insubmersible qui agit comme un phare dans la tempête. Durant la crise économique, les conséquences de cette faiblesse structurelle  ont été désastreuses. Pourtant, face aux difficultés politiques, les mêmes remèdes inefficaces sont inoculés. Certes des décisions fortes ont été prises pour combattre, ensemble, le terrorisme par exemple. Mais non, vraiment, le cœur n’y est plus.

L’UE et ses émanations[4], dont l’espace Schengen, ne sont que le résultat de ce que nous en avons fait, pas des métaorganisations infantilisantes et déresponsabilisantes, suivant le canonique : « c’est la faute à l’Europe ». Pour autant, si les ériger en boucs émissaires est politiquement fructueux à court terme, les conséquences de cette déconstruction pourraient s’avérer dévastatrices à plus lointaine échéance…

Alors oui, la peur est légitime. Mais, contrairement à la tentation, la meilleure façon d’y résister, n’est pas d’y céder…

Inventaire non-exhaustif des conséquences économiques, politiques et psychologiques sur le Luxembourg

L’idée n’est pas de noircir un tableau déjà bien sombre ni d’alimenter la sinistrose générale.

Pourtant, quelles qu’en soient les motivations ou la teneur, les décisions gouvernementales, prononcées de manière unilatérale, génèrent des frictions entre des Etats membres de l’espace Schengen[5]. Par exemple, le ton s’est durci entre la Suède et le Danemark sur la question des migrants et le contrôle aux frontières qui n’est vraisemblablement pas sans incidence sur les 8 600 personnes qui transitent quotidiennement entre Copenhague et Malmö[6]. Comment alors ne pas s’inquiéter des conséquences du rétablissement des contrôles sur un pays comme le Luxembourg où pas moins de 160 000 travailleurs franchissent chaque jour l’une des trois frontières ?

Si les contrôles renforcés ont été suspendus mi-décembre entre la France et le Luxembourg, la menace de leur rétablissement plane toujours, inquiétant les autorités grand-ducales. La réaction jubilatoire du Ministre du Développement durable et des Infrastructures, dans un tweet du 13 décembre, à l’annonce de la levée des contrôles est éloquente: « Fin des contrôles sur l’A31, quel soulagement, l’économie luxembourgeoise dit merci ».

Car souvenons nous… Lundi 16 novembre. Paris se réveille embrumée comme tous les lundis. Mais cette fois ce n’est pas à cause des vapeurs éthyliques d’un weekend trop festif. Sale journée qui commence. Pour les frontaliers lorrains aussi.

Même si c’est laborieux, tentons d’appréhender l’impact d’une désintégration sur l’économie luxembourgeoise. Mathématiquement. Cyniquement. Chiffrons. Comptons.

La main d’œuvre frontalière : véritable fioul de l’économie luxembourgeoise

Au Luxembourg, 45% de l’emploi est occupé par des travailleurs frontaliers notamment dans des secteurs à haute valeur[7] ajoutée comme la finance[8]. Ces travailleurs frontaliers dépensent en moyenne 17% de leur revenu au Luxembourg soit 925 millions annuels[9].

Parmi eux, on dénombre 50% de Français (25% de Belges et 25% d’Allemands) soit 23% de la population active totale[10]C’est dire le danger que constitue le démantèlement de Schengen entre la France et le Luxembourg.

Ajoutons que 90% de ces navetteurs français utilisent la voiture et non le train[11] (95,5% des Belges et 95,5% des Allemands). Or le rétablissement des contrôles, systématiques ou aléatoires, les affecte en premier lieu[12]. Au bout du compte, on peut craindre une main d’œuvre plus fatiguée, plus stressée, plus en retard aussi[13]… Bref, autant d’entraves à la productivité dont la mobilité est l’une des clés au Luxembourg. Et autant de surcoûts pour la Sécurité sociale (accidents, arrêts maladie, burn out…)

Si notre raisonnement traite essentiellement de la menace planant sur le marché du travail, il faut rappeler que les frontaliers sont aussi des touristes comptant pour 45% du nombre total de visiteurs au Luxembourg[14].

Une atteinte à la liberté de circulation des personnes susceptible d’entraver le marché unique

Rappelons, à toutes fins utiles, que 80% de la production luxembourgeois est exportée et que 90% des échanges se font au sein de l’UE. Schengen consacre la liberté de circulation des personnes, pas des biens. Pour autant, un contrôle des camionneurs aux frontières pourrait constituer une atteinte à la liberté de circulation des biens du fait des retards générés dans les délais de livraisons. Les quatre libertés fondamentales que consacre l’UE sont indissociables !

Mais au-delà des répercussions économiques d’une telle mesure, son impact politique gagne également à être soulevé.  Luxembourg est un laboratoire de et pour l’Europe – l’ouverture est le moteur de son business model comme de sa structure sociétale… Europhile de la première heure, et peut-être de la dernière, le rétablissement des frontières est une atteinte à son essence. Ainsi, dans le cadre de sa stratégie de « Nation Branding », le Grand-duché a défini 3 valeurs caractéristiques dont… l’ouverture.

En plus de créer un irréversible précédent, ce démantèlement instaure la défiance entre des peuples voisins et amis. La confiance est un indicateur clé en économie, basée sur la perception et les sentiments. A un faible niveau, elle augure du pire en termes d’investissements transfrontaliers, de consommation ou tout simplement d’échanges humains… Comme nous l’appelions dans nos vœux pour 2016 publiés par Paperjam, il faut donc impérativement que la confiance revienne et que l’Europe se ressaisisse.

Au Luxembourg plus qu’ailleurs, la tempête que traverse l’Europe nous renvoie, non sans un brin de nostalgie, aux fondements de l’Union – du moins, d’une Union idéale ou d’un idéal d’Union: la communauté, la confiance, la liberté et la paix. En oubliant les batailles historiques et politiques qui l’ont faite naître, nous en avons sapé les fondations. Irrémédiablement ?

Enfin, il convient de pointer l’impact psychologique d’une abolition de Schengen. La première image qui me vient est celle d’un poste de douanes gardé par des policiers en armes. Plus des allures de cauchemars belliqueux que de paradis sécuritaire. Une rematérialisation des frontières apparait comme la preuve tangible de nos divisions nationales confinant au repli identitaire… Française de 25 ans bientôt révolus, la vue de policiers lourdement armés aux frontières de pays voisins, inspectant scrupuleusement faciès, passeports et véhicules m’était inconnue. C’était avant le mardi 17 novembre 2015. A Esch-sur-Alzette.


[1]L’objectif affiché par le premier ministre danois Lars Løkke Rasmussen est d’empêcher l’entrée de réfugiés sans papiers. La Suède, quant à elle, dépassée par l’afflux de migrants exige, à partir du 4 janvier, une pièce d’identité pour passer en train ou en car le pont de l’Öresund, principale porte d’entrée depuis le Danemark.

[2]La Grande-Bretagne (tiens donc), l’Irlande, la Grèce, l’Italie et le Danemark alors également membres de la Communauté économique européenne (CEE) n’avaient pas ratifié les accords.

[3]Ont intégré l’espace Schengen l’Italie (1990), l’Espagne et le Portugal (1991), la Grèce (1992), l’Autriche (1995), la Finlande, le Danemark et la Suède (1996), l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, et Malte (2007). La Croatie, Chypre, la Bulgarie et la Roumanie n’en sont pas membres. De même, la Grande-Bretagne pratique toujours le contrôle aux frontières. En revanche, des pays non membres de l’UE, Islande, Norvège, Suisse et Liechtenstein ont ratifié la Convention.

[4]Ces sous ensemble sont à géométrie variable, selon les opt-in et out des un et des autres, et dépassent parfois le cadre des 28.

[5]Voir : Le Monde avec AFP et Reuters, (04/01/2016 à 10h03, Mis à jour le 04/01/2016 à 18h09), Migrants : la Suède et le Danemark introduisent des contrôles d’identité aux frontières. Lien : http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/01/04/la-suede-introduit-les-controles-d-identite-a-la-frontiere-avec-le-danemark-principale-porte-d-entree-au-royaume_4841218_3214.html

Interim, (21/11/2015 à 11h19), La Suède et le Danemark se disputent sur le contrôle de leur frontière. Lien: http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/11/21/la-suede-et-le-danemark-se-disputent-sur-le-controle-de-leur-frontiere_4814873_3214.html

[6] Pour évaluer l’impact de Schengen dans la vie quotidienne des frontaliers, voir le blog : Boot N. et Wolff Guntram B., (03/12/2015), “Cross-border commuters and trips: the relevance of Schengen”, Bruegel. Lien: http://bruegel.org/2015/12/cross-border-commuters-and-trips-the-relevance-of-schengen/

[7]Source : Michaux R., (mai 2015), Regards n°8 sur l’impact des frontaliers dans la balance des paiements ». Lien: http://www.statistiques.public.lu/catalogue-publications/regards/2015/PDF-08-2015.pdf

Le salaire annuel moyen touché par les frontaliers entrants varie sensiblement selon leur pays d’origine. En moyenne, un frontalier français touche 44.879 euros par an, contre 55.701 pour un frontalier belge et 52.197 pour un frontalier allemand.

[8]Avec quelques 143 banques, 3.894 organismes de placement collectif (OPC) et fonds d’investissement spécialisés (FIS), 319 unités d’assurances et de réassurance et 315 professionnels du secteur financier (PSF), le secteur financier reste un pilier de l’économie luxembourgeoise. Il contribue pour environ un tiers au PIB et aux recettes fiscales de l’Etat et représente 17% de l’emploi (soit 65.000 emplois), avec 23% de salariés luxembourgeois et 77% de résidents étrangers et frontaliers français, belges et allemands). Source : Conseil économique et social (CES), (6/06/2014), « Perspectives économiques sectorielles à moyen et long terme dans une optique de durabilité ». Lien: http://www.statistiques.public.lu/fr/actualites/entreprises/activites-financieres/2014/07/20140711/20140711.pdf

[9]Source : Mathä T. Y., Porpiglia A., Ziegelmeyer M., (02/04/2014), « Cross-border commuting and consuming: An empirical investigation », Cahiers d’étude de la Banque centrale de Luxembourg. Lien: http://www.statistiques.public.lu/catalogue-publications/cahiers-BCL/Cahiers_89/89-2014.pdf

[10]Source: Michaux R., (mai 2015), Regards n°8 sur l’impact des frontaliers dans la balance des paiements ». Lien: http://www.statistiques.public.lu/catalogue-publications/regards/2015/PDF-08-2015.pdf

[11]Des dispositifs de sécurité de type «portiques» ont été mis en place pour accéder au Thalys en Gare du Nord et en gare de Lille. Ces contrôles systématiques généreront indéniablement une perte de temps et une perte d’argent dans la mesure où de lourds investissements ont été opérés pour réduire les temps de trajet grâce à la grande vitesse. Paris est actuellement à 2h30 de Paris. Et si des contrôles d’accès aux trains devaient être perpétrés ? Admettons que cela prendrait de 30 à 45 mn supplémentaires pour un voyageur. Le salaire horaire des employés effectuant ce trajet est, en moyenne, élevé. Un calcul intéressant pourrait être le suivant : 0.5 heure * (nombre de passagers moyen par train * nombre de trains journaliers) * salaire unitaire horaire * 5 jours ouvrés = gaspillage salarial par semaine induit par l’établissement de portiques

[12]Après les attentats de Paris, l’A31 a connu plus 20kms de bouchons soit 3 heures pour effectuer le trajet Thionville/Kirchberg.

[13]Pour une analyse complète de la mobilité des frontaliers du Luxembourg, voir le Hors série du CEPS. Lien: http://www.statistiques.public.lu/catalogue-publications/cahiers-CEPS/2012/hors-serie-FR.pdf

[14]Source: Tableau du Statec. Lien: http://www.statistiques.public.lu/stat/TableViewer/tableView.aspx?ReportId=830&IF_Language=eng&MainTheme=4&FldrName=5&RFPath=19

Perspectives 2016 : Voeux d’artifice!

Entre les attentats, les tensions turco-russes, la crise des migrants, le scandale Volkswagen, les craintes d’une sortie de la Grèce de la zone euro et de la fin de Schengen, les interminables négociations avant de parvenir à un accord lors de la Cop21, 2015 fut une année tendue. Imaginons alors une année 2016 un brin plus « amusante «  (tout en sachant qu’il n’en sera rien!)

Attention humour noir, de quoi rire jaune.

Russie

Le président russe, Vladimir Poutine, annonce qu’il participera aux jeux olympiques de Rio en sa qualité de Judoka (#ça_va_cogner)

Japon

La Banque centrale japonaise à court d’initiatives alors que la déflation guette – et que les flèches d’Abe piquent moins que des punaises – prend une décision qui fera date. Elle crédite lors du Shōwa no Hi 130.000 ¥ sur le compte de chaque Japonais (#Helicopter_money)

Etats-Unis

Donald Trump, furieux d’avoir perdu, à la surprise générale, l’investiture républicaine, décide de continuer la course à la Maison Blanche en Indépendant et crée son propre parti : C.R.E.A.M (cash rules everything around me)

Grèce

Varoufakis redevient Ministre des Finances (#ouzo_strikes_back)

France

La France perd en finale de l’Euro de football face à la Belgique sur un but d’Eden Hazard (largement formé à Lille). Le ministre des sports français lance dans la foulée l’idée d’interdire aux joueurs formés en France de jouer contre les Bleus (#diabolique).

Belgique

Au Te-Deum 2016, le Roi se moque – gentiment – du Prince Laurent une nouvelle fois absent. Ce dernier réplique par un communiqué de presse concis « Mon Roi, ce que j’oie est triste ». Stromae fait de cette phrase le refrain de son tube de l’année.

Luxembourg

Jean-Jacques Rommes (UEL) et André Roeltgen (OGBL) – afin de dégripper le dialogue social -décident de mettre de côté leurs divergences et cofondent une nouvelle association politique : le Parti pris (#les_opposés_s’attirent, qui_se_ressemble_s’assemble)

Pour faire taire les critiques (ou enfoncer le clou) Maggy Nagel se lance dans le RAP (#NWA : Nagel_with_attitude)

Le Premier Ministre Xavier Bettel annonce lors du discours sur l’état de la Nation qu’il ne portera plus d’écharpe mais arborera désormais des chapeaux en feutre. (#a_hat_is_another_way_to_wear_a_crown)

Etienne Schneider après la LFB nouvelle version (rapprochement avec Luxinnovation), la LFT[1], lance la LFI (Luxembourg for IDEA) une obligation de s’inscrire à la newsletter d’IDEA, à son compte twitter et de liker sa page facebook.

Après avoir placé le mot « compétitivité » dans 92% (12/13) de ses blogs en 2015, Carlo Thelen réussit le sans faute en 2016 (14/14) (#compétitivité e(s)t productivité)

Ps : l’Avis annuel d’IDEA, qui sera publié au mois d’avril, offrira une lecture plus « réaliste » des grands enjeux socio-économiques de 2016.


[1] Luxembourg for Tourism.