« L’entreprise, un formidable outil de transformation du monde »… et ce n’est pas nous qui le disons.

Répondant à l’invitation d’Etika[1], l’économiste hétérodoxe Olivier Favereau, co-directeur du département Économie, Homme, Société au Collège des Bernardins et Professeur de sciences économiques à Paris Ouest Nanterre la Défense, s’est demandé à quoi servaient les économistes s’ils disaient tous la même chose. Le débat ne s’est pas cantonné à cette interrogation. Car, une fois n’est pas coutume, la réponse du Professeur s’est faite laconique (vous avez dit hétérodoxie ?).

5 lettres. A R-I-E-N…

… sauf à valider le système existant.

Ce blog est une prolongation de la discussion que Muriel Bouchet et Sarah Mellouet ont poursuivie avec Olivier Favereau qui leur a exposé une vision de l’entreprise, aussi dithyrambique que moderne. A condition de la ré-animer.

Que la financiarisation soit et le disco fut…

En témoigne l’emploi des temps, si le second n’a pas fait long feu, la première continue de nous faire valser.

Les années 70 et 80 se sont inscrites en rupture par rapport à l’après guerre, marqué par le Fordisme. Le début de « la Grande Déformation »[2]. Le début de la fin ? Le processus de financiarisation des entreprises les aurait rendues illusoirement appropriables. Par qui ? Les actionnaires. Dès lors, il est apparu normal (à leurs yeux) qu’elles deviennent des instruments de rentabilisation de leurs capitaux propres[3]. Aaah, le fameux Grand méchant Capital. Non. Je vous arrête, ce billet aurait pu s’intituler « Petit éloge de l’entreprise inspirée par un économiste hétérodoxe», pas de « De l’apologie du kolkhoz ».

Cette nouvelle conception de l’entreprise aurait eu une influence directe sur les modalités de gestion et les relations humaines en son sein[4]. Du pouvoir à la propriété : elles seraient devenues des marchandises où les rapports interpersonnels ne se définissent plus qu’en termes de contrats ou de mandats. Cette primauté de la gouvernance actionnariale aurait fait des DG, Managing Director et autres CEO, de « simples » agents des actionnaires et a transformé un collectif de travail en une somme de contrats individuels.

Quid de l’uberisation dans ce mouvement ? Mot fourre-tout englobant des réalités hétérogènes[5]. Clairement, cette définition ne sera pas reprise dans le Larousse. Mais qu’importe, qui l’utilise encore à l’ère du 2.0/3.0/4.0… ? Selon Olivier Favereau, cette tendance est une « catastrophe absolue » car elle détruit le travail et, comme la financiarisation, dissout l’entreprise à l’intérieur du marché. Et la dissolution par l’uberisation de la création collective inhérente aux entreprises serait une source d’inefficacités économiques[6]. Et toc. En revanche, tel le chat de Geluck à qui l’avenir faisant peur, il lui tourne le dos, camper sur des business models obsolètes est autodestructeur. Et introduire des formes de représentativité organisationnelle, non marchandes, comme la Mitbestimmung allemande[7], indispensable.

De la nécessité de redonner du sens à l’entreprise

Il convient de rappeler la singularité historique de l’institution « entreprise » comme « instrument de transformation du monde, de création d’emplois, d’innovation ». Un pays qui valorise l’entrepreneuriat est un pays dans lequel la confiance se tisse et se diffuse à tous les niveaux de la société. Aussi, selon Monsieur Favereau, dès son accession à la présidence française, « François Hollande aurait dû faire un éloge de la création d’entreprises, car cela lui aurait permis à la fois de se concilier le patronat, tout en critiquant la financiarisation » [8].

Avant tout, il faut donc retrouver le sens du travail en commun, pour que l’entreprise soit un lieu de complétion personnelle. Le salarié ne saurait être perçu comme un individu dont les décisions sont uniquement guidées par un calcul coût-avantage, motivé par la récompense (les rémunérations) et canalisé par la peur (le chômage)[9]. L’accomplissement par le travail passe par une multitude d’autres canaux tels que les échanges humains, les valeurs et les objectifs poursuivis. Il faut penser l’entreprise comme un collectif qui appelle des moyens de consultation et de démocratisation pour bien fonctionner. Pour que la production collective n’obéisse donc plus aux seuls ordres des actionnaires, Olivier Favereau a identifié quatre piliers :

  • Restaurer l’autorité et l’autonomie des managers qui sont garants du potentiel commun d’un groupe de personnes conduisant ensemble un projet collectif de création de richesses
  • Renforcer la démocratie sociale en généralisant les administrateurs salariésc’est-à-dire faire participer une partie des travailleurs à la nomination des dirigeants (ceux qui reconnaissent leur autorité de gestion) avec une partie des actionnaires (ceux qui s’engagent sur le moyen ou le long terme)
  • Reconstruire les droits et les devoirs des actionnaires
  • Responsabiliser les entreprises par rapport aux intérêts de la société tout entière en constitutionnalisant le pouvoir privé des plus grandes d’entre elles pour en assurer un contrôle minimum. L’une des pistes envisagées est, par exemple, l’apposition de codes-barres fournissant des informations relatives aux conditions de fabrication d’un produit[10].

Pour John Maynard Keynes, l’économie n’était pas une fin en soi mais un moyen. Un moyen de ? D’être heureux, what else ? De là à comparer Economics and The Good Life à un conte d’Andersen…. Non, enfin, restons sérieux.

Quel lien avec l’entreprise ? Keynes montre qu’une existence agréable, illuminée par l’amour, la beauté et l’amitié, n’est réalisable qu’en situation de plein emploi. Et qui génère des emplois ? Les entreprises ! Dans le mille.

« We are the 99,5%. »

Si l’on se soustrait aux sempiternels débats sur le caractère paradisiaque du Luxembourg, pour regarder de plus près le tissu entrepreneurial grand-ducal, on réalise que 99,5% des entreprises sont des PME soit 29 392[11] « réalités économiques »[12], qui représentent 67,7% de l’emploi et 67,6% de la valeur ajoutée. A cela vient s’ajouter ou s’imbriquer une sphère aux contours encore flous : l’économie sociale et solidaire (ESS). Bien qu’il soit difficile d’en avoir une approche quantitative, l’ESS représenterait plus de 7% de l’emploi luxembourgeois[13] mais fait face à deux défis majeurs que le Luxembourg souhaite solutionner à l’échelle nationale comme européenne: la sécurité juridique et l’accès au financement.

Soucieux de bigarrer une économie parfois perçue comme monochrome, le Luxembourg a donc développé, et ne cesse d’étoffer, un écosystème favorable aux entrepreneurs comme aux jeunes pousses grâce à des instruments juridiques (futures S.à.r.l à 1€ et sociétés d’impact sociétal (SIS[14])), financiers mais encore à des infrastructures interactives car, au commencement, se trouvaient le ciel et la terre, certes, mais surtout les hommes[15].

Dans son manifeste, l’association Nyuko, qui vise à améliorer le parcours des entrepreneurs, sociaux comme « traditionnels », en leur permettant de rencontrer des tuteurs chevronnés et des business angels, s’interroge : « propulser l’entrepreneuriat, certes. Mais au nom de quoi ? ». Réponse : « qu’ils soient d’ordre économique, social ou écologique, les défis qui se posent aujourd’hui à notre société sont nombreux et complexes. L’entrepreneuriat est un vecteur et une force sans commune mesure, capable de développer des réponses à tous les défis que nous rencontrons à l’orée du 21ème siècle ».

L’entreprise, un formidable outil de transformation du monde donc. CQFD.

Et selon vous, à quoi devrait servir l’entreprise? A vos commentaires!


[1]Etika est une association luxembourgeoise sans but lucratif qui a pour objet de promouvoir des financements alternatifs.

[2] Olivier FAVEREAU, (19/06/2014). Entreprises : la grande déformation. Maison d’édition : Parole et silence.

[3]Voir l’interview du 10.02.2015 d’Olivier Favereau par Jean-Philippe Denis, rédacteur en chef de la Revue Française de Gestion (RFG), pour Precepta Strategiques TV : Financiarisation de l’entreprise, la grande déformation.

Lien :http://www.xerfi-precepta-strategiques-tv.com/emission/Olivier-Favereau-Financiarisation-de-l-entreprise-la-grande-deformation_2341.html

[4] Voir l’interview du 09.07.2014 d’Olivier Favereau par Jean-Philippe Denis, rédacteur en chef de la Revue Française de Gestion (RFG), pour Precepta Strategiques TV : L’entreprise et la gestion face à l’impérialisme économique.

Lien :http://www.xerfi-precepta-strategiques-tv.com/emission/Olivier-Favereau-L-entreprise-et-la-gestion-face-a-l-imperialisme-economique_1775.html

[5]Le publicitaire Maurice Lévy, dans une interview au Financial Times, a caractérisé ce phénomène en ces termes: « Tout le monde commence à craindre de se faire uberiser. C’est l’idée qu’on se réveille soudainement en découvrant que son activité historique a disparu ».

[6] Certains dénoncent, pêle-mêle la précarisation des néotravailleurs, comme les  chauffeurs  Uber, la désintermédiation, la dématérialisation…. Pour Michel Bauwens, théoricien de l’économie du partage, « Uber ne relève pas de cette économie collaborative ou de partage. Il s’agit plutôt d’une mise sur le marché de ressources qui, jusque-là, n’étaient pas utilisées. La différence entre une production pair à pair et Uber, c’est le morcellement du travail, la mise en concurrence entre les travailleurs pour obtenir un service, sans qu’ils aient accès à ce service, ce bien commun, en l’occurrence l’algorithme contrôlé par la firme. »
Voir :http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/06/26/de-quoi-l-uberisation-est-elle-le-nom_4662261_4355770.html#VYaAPZmYxoH2PFeL.99

[7] Il s’agit d’un système de codécision intégrant des représentants des salariés aux organes dirigeants.

[8] Source : Entretien d’Olivier Favereau avec la Fondation IDEA asbl du 17.11.2015

[9] Voir la synthèse de lecture de Christian Chavagneux, (01/2015), Alternatives Economiques n° 342

Lien:http://www.alternatives-economiques.fr/index.php?lg=fr&controller=article&action=html&id_article=71017&id_parution=1341&inscription=ok&oubli=ok

[10] Olivier Favereau, (2014), Entreprises : la grande déformation, Collection Collège des Bernardins, Parole et silence.

[11]Voir le rapport de la Commission Enterprise & Industry 2014, SBA fact sheet Luxembourg

Lien :http://ec.europa.eu/growth/smes/business-friendly-environment/performance-review/files/countries-sheets/2014/luxembourg_en.pdf

[12] Voir l’interview du 09.07.2014 d’Olivier Favereau par Jean-Philippe Denis, rédacteur en chef de la Revue Française de Gestion (RFG), pour Precepta Strategiques TV : Personne n’est propriétaire d’une entreprise.

Lien :http://www.xerfi-precepta-strategiques-tv.com/emission/Olivier-Favereau-Personne-n-est-proprietaire-d-une-entreprise-_1762.html

[13] Ce pourcentage caractérise un paysage particulièrement hétéroclite : 9% de ces emplois sont créés par des associations, 26% par des établissements d’utilité publique, 8% par des entreprises sociales à but lucratif (SA et SARL) et 8% par des coopératives et mutuelles.

Source : STATEC, (avril 2014), “Assessing the social and solidarity economy in Luxembourg”, Working papers du STATEC N° 75, Economie et Statistiques

Lien: http://www.statistiques.public.lu/catalogue-publications/economie-statistiques/2014/75-2014.pdf

[14]Une nouvelle loi portant création d’un nouveau type d’entité juridique pour les besoins de l’économie sociale et solidaire, la société d’impact sociétal (SIS) devrait être prochainement votée. Le mode de fonctionnement de la SIS est calqué sur celui de la société commerciale dont elle choisit de prendre la forme parmi la société anonyme, la société en commandite par actions, la société à responsabilité limitée, la société coopérative ou la société européenne. Des exceptions au régime de droit commun des sociétés existent cependant pour lui permettre de réaliser sa finalité sociale tout en exerçant des actes animés par un but de lucre.

Source : Avis de la Chambre de commerce, (30 octobre 2015),

Lien : http://www.cc.lu/uploads/tx_userccavis/4462PMR_MST_PL_SIS_30_10_2015.pdf

[15] Mentionnons pêle-mêle plusieurs initiatives : (1) «Fit4Start», programme créé par le Ministère de l’Économie, l’Agence nationale pour la promotion de l’innovation et de la recherche, Luxinnovation, et l’incubateur du Technoport, pour encadrer et soutenir les jeunes entreprises du secteur ICT ; (2) « 1,2,3 Go » et 1,2,3 Go Social, parcours de plan d’affaires créé par la Chambre de Commerce, Luxinnovation, la Fédération des Industriels Luxembourgeois (Fedil) et porté par Nyuko asbl ; (3) Le futur incubateur EES (voir avis SIS) ; (4) ICT Seed Fund :  le 14 décembre, le ministre de l’Économie Étienne Schneider a signé une lettre d’engagement pour constituer un fonds d’amorçage pour les technologies de l’information et de la communication aux côtés de sept investisseurs privés (Arendt & Medernach, Bil, High Capital (BHS Services), Post Capital, Proximus, SES et SNCI) pour réunir 19,2 millions d’euros. Le fonds devrait être opérationnel dès le début de l’année 2016 ; etc.

Lettre au Père Noël

Cher Père Noël,

On vous écrit une lettre

Que vous lirez peut être.

Ayant été particulièrement « gentils » cette année, en plus d’avoir été grandement productifs (Avis annuel, Idées du mois, blogs, matinales), nous vous adressons notre liste de vœux pour 2016.

Tout d’abord nous voudrions (pour le Luxembourg et au delà) de la croissance (un membre de l’équipe a voulu que nous y ajoutions « durable »). Nous voudrions donc de la croissance durable, parce que la croissance nous semble être encore ce qu’il y a de mieux pour relever les défis sociaux et écologiques. De la (bonne) croissance donc partout et pour tous.

Aussi nous aimerions que le couple franco-allemand – moteur de l’Europe – soit moins déséquilibré (assez de voir le couple se jalouser et se critiquer avec d’un coté une Allemagne avec des records d’exportations et de l’autre une France avec des records de chômage).

Que la Belgique crée des milliers d’emplois grâce à son tax-shift; car ce sera une preuve éclatante offerte à toute l’Europe que faire confiance aux entreprises est la solution de sortie de la crise. (ps une finale impliquant deux de nos pays voisins, dont la Belgique car, en tant que Luxembourgeois, nous avons implicitement des sympathies pour le plus « petits » de nos trois « grands » voisins, à l’euro2016 serait aussi très chouette…)

Que le prix du pétrole arrête sa dégringolade. Si cette baisse a été un plan de relance sans frais pour de nombreux pays importateurs, elle met à mal la cohésion sociale dans de nombreux pays exportateurs (Brésil, Venezuela, Russie, etc.) et complique la tâche des grandes Banques centrales. Si elle devrait se poursuivre, cela pourrait avoir des effets de seconds tours pas très « peace and love », en plus de « décourager» les investissements (pourtant nécessaires) en énergies renouvelables et en efficacité énergétique. (ps pas de mauvaise blague Père Noël, nous demandons que la baisse s’arrête et non pas que les prix se remettent à flamber).

Que le Luxembourg demeure ce qu’il est : un pays qui prospère, accueillant, réactif, avec un sens aiguisé du consensus et de l’intérêt général, capable de se moderniser et de se réinventer en permanence.

Qu’IDEA continue en 2016 d’être force de propositions, notamment sur des sujets où on ne l’attend pas.

Et que les vœux les plus chers de nos lecteurs se réalisent.

Ps : la Fondation IDEA asbl étant très jeune, elle croit, très logiquement, encore au père Noël.

Votre équipe IDEA.

Les seniors et le chômage

Le chômage des seniors (plus de 50 ans) est un sujet de préoccupation majeure au Luxembourg comme en témoigne les nombreuses initiatives[1] (au succès certes encore relatif) prises afin de lutter contre. Les inquiétudes en ce sens se trouvent justifiées – notamment – par les évolutions récentes du nombre de chômeurs de plus de 50 ans. Sur un an, le nombre de chômeurs a reculé dans toutes les catégories d’âge, sauf parmi les plus de 50 ans (+2,7%). Alors que le nombre de chômeurs de 50 ans ou plus était inférieur à celui des moins de 30 ans jusqu’en février 2011, les séniors au chômage sont désormais près de 1.000 de plus que les jeunes (moins de 30 ans) au chômage.

Evolution du nombre de chômeurs selon l’âge

Seniors et marché du travail

Une lecture complémentaire (et plus alarmante) est offerte par le taux de chômage (différencié par âge). Alors qu’en 2012 le taux de chômage[2] s’établissait à la fois pour les seniors et pour les moins de 50 ans à 6,3% selon une étude du LISER[3], il serait de 6,4% pour les moins de 50 ans, et de 8,5% pour les plus de 50 ans en juin 2015 selon nos calculs.

Cette forte poussée du taux de chômage des seniors, alors que celui des moins de 50 ans est restée plutôt stable, est la manifestation de ce que l’étude du CEPS[4] constatait : les seniors chômeurs, généralement moins qualifiés que leurs cadets, ont plus de difficulté à sortir du chômage, et donc sont davantage touchés par le chômage de longue durée. 68% des chômeurs seniors ont ainsi déjà passé au moins 12 mois d’affilée au chômage, tandis que parmi les chômeurs de moins de 50 ans « seulement » 38% sont dans cette situation.


[1] Fit4job: relancer ma carrière, aide au réemploi, aides à l’emploi d’un chômeur âgé, Réforme de la procédure de reclassement, etc.

[2] Au sens de l’ADEM.

[3] Voir : les seniors sont plus longtemps mais pas plus souvent au chômage que leurs cadets, Iona Salagean, CEPS (mars 2013).

[4] Ibid.

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At what age today’s teenagers will retire ?

Historically, Luxembourg has been ranked among the Euro Area (EA), European Union 28 (EU28) and OECD countries as a country with one of the lowest average retirement age[1]. For instance, the effective average retirement age for Luxembourgish males in 1999 was the second lowest and in 2012 the lowest among the OECD countries, while the same ages for Luxembourgish females were ranked respectively twelfth and fourth. Generally, at an international level there is a trend of increasing average effective retirement ages. Is Luxembourg following this trend? Will it follow in the future? At what age today’s teenagers will retire? Questions like these concern current and future working population.

Idea has developed the appropriate tools[2] to study the labor market and simulate alternative scenarios under various sets of parameters. In this blog we will study the average effective retirement ages. We will present the results of two alternative scenarios namely the” Baseline” and the “Hypothetical pension scheme change” scenario. Of course, the projections and the simulations we have performed, contain a certain amount of risk. We obtain the projections today under certain assumptions about the parameters, based on historical observations and we implicitly postulate that the assumptions will hold over a long projection horizon. There is no guarantee that any of the assumptions will last during the projection horizon if they are affected by policy changes, as well as by various exogenous and unpredictable factors.

In what follows we present a description of the data, the underlying assumptions and results of the “Baseline” and “Hypothetical pension scheme change” scenarios.

Data

We have used data from the period 1999-2013 published by Eurostat which have been obtained by the Labor Force Survey series (LFS). The data include the participation rates of the resident population in five year age groups, separately for men and women. To simplify we do not make a distinction between full and part-time workers. The participation rate shows what is the percentage of an age group active population (sum of employed and unemployed individuals but still searching actively for a job) to the total population of that age group.

Baseline scenario (“business as usual”)

The methodology is the same with that of the Ageing Working Group (AWG) Report 2015 and Burniaux, Romain and Jaumotte[3] and can be encapsulated as following: first, using past observations of the participation rates we calculate the exit rates out of the labor market and we project the future participation rates. Finally, using the obtained projections we calculate the exiting probabilities from the labor market by quinquennial age group and the average effective retirement age. It has to be stated that we do not consider the various kinds of retirement separately (disabilty,early retirement, joint and surviror etc) but as a whole.

Chart 1: Baseline scenario, probability of exiting from the labor market (retiring), per age group (x, x+4) for men and women

chart1Source: Eurostat, Calculations IDEA

Chart 1 displays the probabilities of exiting from the labor market (retiring) for men and women. Obviously, the most probable age to retire for both men and women is an age between 55 and 59 of with probabilities 41.4% for men and 49.5% for women and the next most probable is an age between 50-54 for men (33.8%) and between 60-64 for women (20,8%).

Table 1: Baseline scenario, average retiring age for men and women over the projection horizon

Gender/Year 2020 2030 2040 2050 2060
Men 58.74 58.30 58.35 58.39 58.80
Women 59.06 59.64 59.77 59.89 60.19

Source: Eurostat, Calculations IDEA

Table 1 presents the projections of the effective retirement age for men and women. According to the projections the average male retirement age will fluctuate around 58.46 reaching 58.80 in 2060. The women average exit age will increase gradually and will reach from 59.06 in 2018 to 60.19 in 2060. Generally the women average exit age will remain higher than the one of men. In all years the average effective retirement age of women is slightly higher than the one of men.

Hypothetical pension scheme change

The following scenario is just for illustrative purposes. The most prominent factor which affects the retirement age is the statutory minimum age of retirement. In this scenario we assume that from 2020 and onwards the minimum retirement age will be 65 for both men and women. At the same time we assume that everyone will have retired by the age of 75. So, we set as a probability of retiring at the age of 65 the cumulative sum of the retiring probabilities for the ages [40-64] of the baseline scenario for both genders and we keep the same retiring probabilities for the age brackets [65-69] and [70-74]. We set the probability of retiring at [75-75+] equal to zero because we have assumed that everyone will have retired by the age of 75. The decision to distribute the retirement probabilities in such a manner is in congruence with the historical observation that there is a skewness towards the earliest possible retirement age.

Table 2: Hypothetical pension scheme change scenario, average retiring age for men and women over the projection horizon

Gender/Year 2020 2030 2040 2050 2060
Men 65.57 65.71 65.51 65.44 65.51
Women 65.45 65.15 65.36 65.35 65.38

 Source: Eurostat, Calculations IDEA

Table 2 presents the average retirement ages under hypothetical change in pension scheme scenario. According to our projections the average retirement age for the men will fluctuate around 65.5 years for the most of the projection. Regarding the women, it is expected to be over 65, while it is projected to be 65.40 in the end of the projection horizon. Similarly to the baseline scenario, the women average effective retirement age will be higher than these of their male counterparts.

Concluding we owe an answer to the question addressed in the title. The answer is not simple. If we assume that no changes will take place in the future and that everything will remain exactly as it is today we could say that in average today’s boys will retire at the age of 58.80 while today’s girls will retire at the age of 60.19. But, these numbers are just projections and it is very likely that shifts will take place in the future regarding either changes in the participation rates or implementation of pensions reform or any exogenous factor that cannot be predicted today.


[1] Source: http://www.oecd.org/els/emp/ageingandemploymentpoliciesstatisticsonaverageeffectiveageofretirement.hm

[2]For further details: http://www.fondation-idea.lu/2015/12/02/new-jobs-needed-how-many-and-when/ and http://www.fondation-idea.lu/2015/07/08/the-one-million-luxembourg-a-global-analysis-is-needed/

[3] The 2015 Ageing Report, Underlying Assumptions and Projection Methodologies, European Economy 8|2014, http://ec.europa.eu/economy_finance/publications/european_economy/2014/pdf/ee8_en.pdf
Burniaux J., Duval R., and Jaumotte F. (2003),”Coping with ageing: a dynamic approach to quantify the impact of alternative policy options on future labour supply in OECD countries“, OECD Economic Department Working Papers, No. 371

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Les femmes et le marché du travail au Luxembourg !

Le marché du travail luxembourgeois s’est largement « féminisé » au cours des dernières décennies. Alors qu’au milieu des années 1980 les femmes représentaient 33% des actifs, elles occupent près de 41% des emplois salariés actuellement. Cette progression de la participation des femmes au marché du travail s’explique par différents facteurs : le fort besoin en main-d’œuvre avec le développement économique, l’essor de nombreux emplois où les femmes sont très présentes (services de garde d’enfants, services domestiques, éducation, etc.), l’évolution des mœurs (mères célibataires actives, baisse de la proportion de femmes au foyer, introduction du congé parental, obsolescence du modèle « single male breadwinner[1]»,), etc.

Le taux d’emploi[2] des femmes au Luxembourg est ainsi passé de 40% en 1985, à 65% en 2014. Si l’écart entre le taux d’emploi des femmes et des hommes s’est considérablement réduit au cours des années, il est tout de même encore de 13 points (le taux d’emploi des hommes est de 78%). Aussi, un tiers des femmes au Luxembourg travaillent à temps partiel (contre seulement 5% des hommes).

Il est difficile de proposer une explication assurée sur les raisons de ce décalage entre le taux d’emploi des hommes et des femmes au Luxembourg, ou sur l’importance de l’emploi à temps partiel féminin; il s’agit d’ailleurs dans une certaine mesure (quoiqu’à des degrés moindres) d’une constante dans l’ensemble des pays européens.

Deux thèses sont cependant généralement avancées comme facteurs explicatifs:

  • le système d’imposition conjointe qui, quand les revenus sont inégaux dans le couple, incite au travail à temps partiel pour le second apporteur de revenus (qui en général est l’épouse), voire à l’inactivité. Ainsi, le taux de non-participation au marché du travail des femmes d’âge actif hautement qualifiées (15%) est 4 fois plus élevé au Luxembourg que la moyenne européenne.
  • la gestion de la maternité : en début de vie active les taux d’emploi des hommes et des femmes se confondent au Luxembourg mais l’écart se creuse (sans jamais se combler) autour de l’âge du premier enfant.

Evolution du taux d’emploi par sexe et classe d’âge 

Femmes et marché du travail


[1] Voir : Regards sur l’emploi des femmes, STATEC (mars 2014)

[2] Classe d’âge 20-64 ans.

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« A quoi servent les économistes s’ils disent tous la même chose ? »

Cette conférence, organisée à Luxembourg, le 17 novembre dernier, par l’association Etika[1], reprend le titre d’un ouvrage rédigé par des membres de l’Association française d’économie politique (AFEP), soit plusieurs dizaines d’intellectuels de renom tels que les économistes américains James K. Galbraith et Steve Keen, le sociologue Luc Boltanski, ou encore les économistes français André Orléan et Olivier Favereau.

Constat numérique 

En France 85% des professeurs d’économie sont orthodoxes (71% mainstream et 14% éclectiques tendance mainstream), 5 % historiens de la pensée et 10% hétérodoxes[2].

La définition des orthodoxes, dont les théories s’appuient grandement sur les formules mathématiques, vient de Keynes. Pour eux, l’économie finit toujours par s’ajuster plus ou moins spontanément si on laisse jouer les comportements individuels ; le marché est le grand mode de coordination de l’économie et de la vie sociale ; les individus sont rationnels, matérialistes et non coopératifs et l’optimisation joue un rôle central (théorème de point fixe).

L’hétérodoxe « nobellisé » Joseph Eugene Stiglitz a évoqué à leur propos le « fondamentalisme du marché ».

Ce n’est pas l’existence d’un courant dominant à l’instant t qui est l’objet de la critique mais sa transformation en orthodoxie qui exclue les approches alternatives.

L’alarmante uniformisation de l’enseignement de l’économie et de la pensée économique

Les économistes hétérodoxes ont vu leur nombre s’effondrer, cédant souvent à la pression de publier régulièrement dans les revues cotées et tournées vers l’international. En outre, dans la plupart des universités de renom, la domination de l’économie orthodoxe s’est imposée. Remplie de mathématiques et de modèles, ses résultats dépendent d’hypothèses très restrictives :

  • l’économie d’un pays se comporte comme le ferait un individu représentatif,
  • les décisions sont prises de manière rationnelle,
  • la monnaie n’est là que pour faciliter les échanges,
  • la finance ne joue aucun rôle dans les modélisations macro-économiques.

De l’importance de l’enseignement du pluralisme des idées

Le véritable enjeu est bien plus démocratique que purement académique. La diversité des opinions en économie est un gage de démocratie or les Néoclassiques et les orthodoxes « squattent » les chaires d’économie ce qui fait naître le danger de n’avoir plus qu’un seul type de solutions à proposer aux politiques pour régler les problèmes.

L’économie est une science humaine au milieu des autres, et pas seulement une branche des mathématiques appliquées.

Critique n°1 : les logiques d’évaluation de l’activité de recherche publique

L’activité et la qualité de recherche publique sont appréciées par des revues privées. En France, le Conseil National des Université a établi un classement des revues qui s’avère plutôt orthodoxes, trusté par des agents américains ou britanniques[3]. A l’échelle mondiale, les critères de scientificité deviennent des critères de conformité. La « science normale »[4] est devenue une science normalisatrice.

Toutes les revues ne se valent pas, mais divers classements plus ou moins officiels donnent le ton, ce qui aboutit à un benchmarking. Le benchmarking, lui, brise l’unité de la communauté des économistes et a un impact non négligeable sur les conseils de recrutement des nouveaux professeurs: on ne lit plus les publications des candidats mais on voit dans quelles revues ils ont été publiés. Cette situation va produire des effets réels : l’objectif du chercheur tend à devenir la publication en soi et non plus l’enrichissement de notre stock de connaissances sur le monde. Il y a une confusion plus ou moins consciente entre la fin et le moyen où le moyen devient la fin.

Critique n°2 : le manque d’interdisciplinarité dans le mainstream

La vérité doit être un idéal régulateur mais elle ne peut naître que d’un débat. Or aujourd’hui on ne peut que constater l’absence d’alternatives donc de débats. Un certain pluralisme existe bien, mais seulement à l’intérieur du mainstream. On distingue un noyau dur d’hypothèses et les hypothèses auxiliaires. Or aujourd’hui le débat est intense sur les hypothèses auxiliaires mais on ne touche pas au noyau dur… D’où le parallèle avec une secte au sein de laquelle les hypothèses fondamentales ne sont jamais questionnées.

Nous encourons une sérieuse menace d’extinction du pluralisme car le débat scientifique se borne à un petit nombre d’hypothèses secondaires. On ne va jamais débattre de l’hypothèse de marchés efficients, de rationalité. Or pour Karl Popper, l’esprit scientifique n’est pas une affaire d’individualités, mais une propriété systémique : l’existence d’un milieu intellectuel concurrentiel, caractérisé par des débats critiques intenses entre une pluralité de programmes de recherche.

Pourquoi donc rester dans la même communauté ?

Le Prix Nobel d’économie 2014, Jean Tirole s’est montré extrêmement critique à l’égard des hétérodoxes, les taxant de mauvais économistes. Pour Luc Boltanski[5], les orthodoxes seraient moins intransigeants si les hétérodoxes renonçaient à se présenter comme des économistes. Dans le meilleur des mondes possibles, le pluralisme serait conservé au sein d’une même communauté mais en réalité l’opposition et le mépris sont trop forts pour maintenir cette coexistence entre les hétérodoxes et les orthodoxes.

Finalement les orthodoxes craignent peut être la concurrence et ses effets sur les étudiants et les populations. Mais le moto TINA (« There is no alternative ») de Thatcher est dangereux car il étouffe le pluralisme source d’émulation et de progrès collectif…


Qu’en est-il au Luxembourg?

Soucieuse de recentrer le débat sur le Grand-duché, IDEA a interrogé le directeur du département Economie et Management de l’Université de Luxembourg

Question d’IDEA: si en France, 85% des professeurs d’économie sont orthodoxes (71% mainstream et 14% éclectiques tendance mainstream), 5 % historiens de la pensée et 10% hétérodoxes, quels sont les ordres de grandeur au Luxembourg ?

Réponse de Michel BEINE – Directeur du département Economie et Management de l’Université de Luxembourg

“Pour répondre à votre question, il est difficile de classer les économistes de mon département dans ces catégories. La classification est malaisée et un peu artificielle et les critères discutables quoique nécessaires. Par exemple, comment classeriez-vous quelqu’un qui fait uniquement de l’empirique en utilisant des méthodes économétriques acceptées par une grande majorité des économistes, de quelque bord qu’ils soient ? Ces chiffres ont le mérite d’exister mais je serais curieux de savoir comment on les obtient”.

S’il considère que son département est majoritairement orthodoxe au sens d’Olivier Favereau, avancer des pourcentages serait fallacieux en l’absence d’une définition consensuelle.


[1] Etika est une association luxembourgeoise sans but lucratif qui a pour objet de promouvoir des financements alternatifs.

[2] A la fin du billet, retrouvez la réponse du directeur du département Economie et Management de l’Université du Luxembourg que nous avons interrogé sur la situation de l’enseignement de l’économie au Grand-duché.

[3]On constate d’ailleurs une certaine abolition de la concurrence entre revues (car les revues les mieux cotées vont voir affluer les projets d’articles) aboutissant à la création d’une rente de situation.

[4] KUHN T, (1962), The Structure of Scientific Revolutions

Thomas Kuhn est un philosophe des sciences qui a mis au point la notion de paradigme.

[5] Luc Boltanski est un sociologue français qui a initié un courant pragmatique, appelé aussi « économies de la grandeur » ou « sociologie des régimes d’action ».

Oser un “Vollbeschäftegungspak” !

Le projet de loi n° 6904, bientôt discuté en Commission à la Chambre des députés, se rapporte :

  1. À la période de référence et l’adaptation du plan d’organisation du travail ;
  2. Au stage de réinsertion professionnelle ;
  3. Au chômage partiel ;
  4. Aux mesures temporaires en matière d’indemnités de chômage complet.

Ce projet de loi s’inscrit dans la continuité des efforts entrepris depuis 2008 pour améliorer le fonctionnement du marché du travail, minimiser les coûts sociaux de la crise, et augmenter l’efficacité des « mesures pour l’emploi ».

La Fondation IDEA asbl ayant publié une Idée du mois – Quel(que)s remèdes contre le chômage (octobre 2015) – consacrée au marché du travail, elle a jugé utile de formuler quelques observations concernant le projet de loi précité. Ces observations concernent principalement le point se rapportant au stage de réinsertion professionnelle.

Le projet de loi propose de remplacer l’actuel « stage de réinsertion professionnelle » (qui pouvait durer jusqu’à 24 mois si dérogation spéciale, jusqu’à 12 mois sinon) et qui bénéficiait aux demandeurs d’emploi de plus de 30 ans, par « deux » nouvelles mesures pour l’emploi : un « stage de professionnalisation » (pouvant durer jusqu’à 9 semaines) et un « contrat de réinsertion-emploi » (jusqu’à 12 mois), au bénéfice des demandeurs d’emploi de plus de 45 ans. Ces modifications sont justifiées dans le projet de loi par le fait que « le stage de réinsertion professionnelle [tel qu’il existe actuellement] ne produit par les résultats escomptés en termes de réintégration sur le marché du travail » et que « les demandeurs d’emploi les plus fragiles en profitent peu ». Ainsi, uniquement 26% des personnes dont le stage s’est terminé en 2015 ont été engagées par l’entreprise où elles ont effectué leur stage, et uniquement 30% des personnes en stage de réinsertion professionnelle ont 45 ans ou plus.

Si compte tenu du coût du stage de réinsertion professionnelle (11 millions d’euros en 2014) et de sa faible efficacité apparente il était opportun d’y apporter des modifications, il est difficile de se faire une idée claire de la valeur ajoutée réelle des nouvelles mesures proposées (stage de professionnalisation et contrat de réinsertion-emploi) par rapport à la situation actuelle.

Le nouveau « stage de professionnalisation » semble ainsi être un ersatz[1] de l’actuel « stage de réinsertion professionnelle » augmenté d’un incitatif (remboursement à l’employeur équivalent à 50% du salaire social minimum pour salariés non qualifiés pour 12 mois en cas d’embauche en CDI du stagiaire). Il est par ailleurs à signaler que si d’après le projet de loi le remboursement en cas d’embauche en CDI est cumulable (pendant un an) avec les aides à l’embauche des chômeurs âgés et des chômeurs de longue durée prévues à l’article L. 541-1 du Code du travail[2], est néanmoins passée sous silence la possibilité (ou non) de cumuler le remboursement précité et l’aide au réemploi[3], ce qui est un point qui mériterait d’être abordé et précisé.

S’agissant du nouveau « contrat de réinsertion-emploi », il est présenté dans le commentaire des articles qui accompagne le projet de loi comme étant un « Contrat d’initiation-emploi (CIE) pour les plus de 45 ans ». Cette comparaison flatteuse semble toutefois impropre compte tenu des bons résultats (supposés) du CIE en matière d’insertion des bénéficiaires[4].

En réalité, le contrat de réinsertion-emploi ressemble grandement au stage de réinsertion professionnelle qu’il remplace (même prise en charge par l’employeur (50% du salaire social minimum), même obligation en cas de recrutement (priorité à l’ancien bénéficiaire dans les 3 mois) et même définition  (l’article L. 524-2 qui crée le contrat de réinsertion professionnelle est la copie quasi-conforme de l’article L. 524-1 concernent le stage de réinsertion professionnelle)).

Compte tenu des grandes similitudes susmentionnées, et en dépit de quelques différences notoires à signaler (le contrat de réinsertion-emploi est réservé exclusivement aux employeurs qui peuvent offrir aux bénéficiaires une réelle perspective d’emploi, un tuteur devra encadrer le bénéficiaire et mettre en place avec lui un plan de formation), il serait a priori surprenant que les résultats de ce contrat soient significativement meilleurs (en termes de retour à l’emploi) que ceux du stage de réinsertion professionnelle.

Par ailleurs, la mise en place de ces deux nouvelles mesures pour l’emploi destinées au plus de 45 ans brise la chaîne des mesures pour l’emploi. Il existe désormais un fossé entre les mesures destinées à ceux qui ont moins de 30 ans (Contrat d’initiation-emploi, Contrat appui-emploi, Service volontaire) et ceux qui ont plus de 45 ans. Les chômeurs entre 30-44 ans sont ainsi (dans une certaine mesure) laissés pour compte, alors même qu’ils ont été particulièrement éprouvés par la montée du chômage.

Variation du nombre de chômeurs par classes d’âge entre 2008 et 2015

< 25 25-29 30-39 40-49 > 50
            % +36% +80% +95% +93% +134%

Nombre de chômeurs

+520 +865 +2.075 +2.265 +2.787

Sources : ADEM, calculs Fondation IDEA.

Qu’adviendra-t-il des 70% de chômeurs entre 30-44 ans qui potentiellement pouvaient bénéficier d’un stage de réinsertion professionnelle ?

Plus que cette modification à la marge d’une mesure pour l’emploi pour en créer deux nouvelles, il serait opportun dans le but de rétablir « le plein emploi », comme prévu dans la loi du 3 mars 2009[5], de lancer un véritable paquet pour le plein emploi – Vollbeschäftegungspak (à l’image du paquet d’avenir pour la consolidation des finances publiques). Le premier avantage d’un tel paquet pour le plein emploi serait de passer d’une logique de décisions isolées contre le chômage à un ensemble de mesures cohérent, visible, et lisible. Un tel paquet est d’ailleurs nécessaire, car la baisse actuelle observée du chômage est une accalmie, et non pas un épilogue !

Sur la base de la publication de la Fondation IDEA asbl précitée (Quel(que)s remèdes contre le chômage, (octobre 2015)), nous émettons quelques recommandations (non exhaustives) qui pourraient figurer dans un Vollbeschäftegungspak au Luxembourg.

Préalable : Evaluer pour faire évoluer !

Un Vollbeschäftegungspak devrait pouvoir reposer sur des mesures pour l’emploi connues pour leur efficacité. Ainsi, un préalable obligatoire à une telle initiative est l’évaluation des (9) mesures pour l’emploi[6] afin de connaître leur valeur ajoutée réelle, et de ne conserver que celles qui augmentent réellement et significativement la probabilité de retour à l’emploi des bénéficiaires.

1- Une « Garantie pour les seniors » 

Entre 2014 et 2015[7], le nombre de chômeurs a baissé dans toutes les classes d’âge sauf dans celle des plus de 50 ans ; alors que le nombre de chômeurs de plus de 50 ans était inférieur à celui des moins de 30 ans jusqu’en février 2011, les seniors au chômage sont désormais près de 1.000 de plus que les jeunes (moins de 30 ans) au chômage. Ainsi, et comme exposé dans l’exposé des motifs du projet de loi n°6904, « le chômage frappe particulièrement la catégorie des personnes plus âgées ».En conséquence, une garantie pour les seniors (à partir de 45 ans ?) devrait être lancée. Elle devrait à l’instar de la garantie pour la jeunesse reposer sur deux principes : « que tous les demandeurs d’emploi de 45 ans ou plus se voient proposer un emploi de qualité, une formation continue, un contrat de réinsertion-emploi, une activité d’insertion professionnelle (AIP)[8] avant d’avoir passé 12 mois au chômage »; et « que tous les demandeurs d’emploi de 45 ans ou plus au chômage depuis plus de 12 mois se voient proposer un accord d’augmentation de l’employabilité qui inclurait la participation à des activités de formation (voire sportives), des services de conseil, des évaluations individuelles approfondies ». Cette garantie pour les seniors devrait par ailleurs encourager l’inscription des seniors auprès de l’ADEM (on estime à environ 30% le nombre de chômeurs seniors non inscrits à l’ADEM[9]), reposer sur des partenariats (entreprises partenaires pour l’emploi, Fit4job – Relancer ma carrière, House of Training, etc.), et pourrait bénéficier de cofinancements européen (notamment du programme de l’UE pour l’emploi et l’innovation sociale) ou privé (investissement socialement responsable d’entreprises).

La communication autour de la garantie pour les seniors pourrait par ailleurs intégrer certaines mesures décidées ou en discussion (la loi du 23 juillet 2015 portant modification du Code du travail et du Code de la sécurité sociale concernant le dispositif du reclassement interne et externe, le projet de loi portant introduction d’un plan de gestion des âges, le projet de loi concernant la réforme des régimes de préretraite, etc.)

2-Maitriser le coût du travail non qualifié

Si la faible inflation actuelle a « éloigné » la question du coût du travail du champ des discussions économiques au Luxembourg, il faut tout de même garder à l’esprit que les institutions et mécanismes existants (salaire minimum, indexation automatique des salaires, adaptation biennale du salaire minimum au salaire réel moyen) peuvent conduire à la dérive des coûts salariaux. C’est d’ailleurs ce risque de dérive qui explique que l’indexation des salaires a été régulièrement « modulée » au cours des années[10]. Puisque le chômage concerne et menace au Luxembourg principalement les travailleurs non et moyennement qualifiés (82% des chômeurs ont un niveau de qualification inférieur ou égal au baccalauréat), et que le salaire social minimum net y est comparable au salaire net moyen à Bastogne et Dinant (en Belgique) et en France, il peut être avancé que certains demandeurs d’emploi, pouvant prétendre au salaire social minimum, se trouvent de facto exclus du marché du travail pour des raisons de coûts. Alors, pour empêcher que le niveau et l’évolution des salaires minima[11] (qui ont connu 10 hausses depuis 2008) n’agissent comme un frein à l’embauche des demandeurs d’emploi inscrits à l’ADEM, le Vollbeschäftegungspak devrait introduire une règle visant à freiner la dynamique des bas salaires compte tenu du niveau de chômage. Concrètement, l’adaptation biennale du salaire social minimum au salaire réel moyen n’aurait lieu que si cette adaptation est compatible avec le niveau de chômage des personnes non et moyennement qualifiées. Cette « compatibilité » serait à apprécier par une Commission d’experts indépendants (à l’image de la Low Pay  Commission au Royaume-Uni ou du groupe d’experts sur le salaire minimum interprofessionnel de croissance en France), qui soumettrait à la Chambre des Députés un rapport sur l’impact de chaque adaptation biennale sur l’emploi et le chômage des moins qualifiés.

3-Accroître la flexibilité du marché du travail

Si le marché du travail luxembourgeois est considéré comme particulièrement rigide (notamment dans les travaux de l’OCDE relatifs à la protection de l’emploi), force est de constater qu’il connait tout de même un grand turnover (120.000 recrutements et 110.000 fin de contrat par an[12]), et que les contrats atypiques s’y développent (30% des recrutements hors intérim sont des CDD). Pour combattre le chômage, un assouplissement du CDD, qui dans la situation actuelle n’est possible que pour l’exécution d’une tâche précise, non durable, et seulement dans les cas énumérés par la loi, est une piste à envisager. Ce pourrait être d’ailleurs le chainon manquant entre les mesures destinées aux moins de 30 ans (CIE, CAE) et les plus de 45 ans (garantie seniors). Un CDD pourrait ainsi être conclu sans « raison objective » s’il est d’une durée comprise entre 9 et 12 mois[13], si aucun autre contrat n’a été signé par le passé entre l’employeur et l’employé, et s’il concerne un demandeur d’emploi non qualifié entre 30 et 45 ans inscrits à l’ADEM[14]. Ce CDD facilité serait un contrat proche de l’esprit du CIE ou du contrat de réinsertion-emploi, mais s’en distinguerait en ce qu’il serait un contrat à protection croissante et assorti de dispositifs anti-abus. Concrètement, le degré de protection attaché à ce contrat irait crescendo, jusqu’à devenir le cas échéant automatiquement un CDI comme en Italie[15], et les possibilités de recours au CDD facilité seraient encadrées (par exemple, les entreprises qui déclarent régulièrement leurs postes vacants à l’ADEM, sont actives dans l’accord entreprises partenaires pour l’emploi, et afficheraient un taux élevé de transformation de CDD facilités en CDI disposeraient de bonus de recours).

Conclusion

Comme en témoignent les fortunes diverses des différents paquets de réformes du marché du travail conduits en Europe depuis la crise, pour rencontrer le succès, ils doivent reposer sur une économie robuste et dynamique. Par conséquent, le Vollbeschäftegungspak, pour être pleinement efficace, doit avoir lieu dans un environnement favorable à la multiplication des emplois et aux gains de productivité, c’est-à-dire une économie de souplesse, de simplification, et diversifiée. Le Vollbeschäftegungspak que la Fondation IDEA asbl appelle de ses vœux n’est donc qu’une pièce à intégrer dans un puzzle géant (intégrant par ailleurs : gestion prévisionnelle des emplois, anticipation de la structuration future de l’économie, formation, soutien à l’innovation et à la R&D, promotion des PME, politiques européennes, etc.) en faveur de l’emploi et contre le chômage.


[1] Durée plus courte, âge des bénéficiaires différent, absence de priorité à l’embauche en cas de recrutement par l’entreprise où avait lieu le stage, pas de prise en charge financière par l’employeur.

[2] À savoir le remboursement des cotisations sociales à l’employeur jusqu’à la pension de vieillesse.

[3] L’aide au réemploi a pour but de garantir au bénéficiaire (sous certaines conditions), une rémunération égale à 90 % de sa rémunération antérieure pendant 48 premiers mois, dans la limite de 3,5 fois le salaire social minimum non qualifié.

[4] D’après un rapport cité par la Cour des Comptes : « 86% des bénéficiaires d’un CIE ont trouvé un emploi dans les 6 mois suivant la fin de la mesure, et dans 61% des cas dans l’entreprise-partenaire ».

[5] http://www.legilux.public.lu/leg/a/archives/2009/0041/a041.pdf#page=2

[6] Stage de Réinsertion Professionnelle – Formation – Pool des Assistants – Mesures Spéciales – Occupation Temporaire Indemnisée – Activités d’insertion professionnelle – Service volontaire – Contrat appui-emploi – Contrat d’initiation-emploi.

 [7] Est ici considérée la moyenne observée sur l’ensemble de l’année 2014 et les 10 premiers mois de l’année 2015.

[8] Pour les bénéficiaires du RMG.

[9] Certains bénéficiaires du RMG en sont dispensés.

[10] Voir : http://www.csl.lu/component/rubberdoc/doc/85/raw.

[11] Le salaire minimum qualifié luxembourgeois correspond au niveau moyen du salaire d’entrée d’un BAC+5 en France.

[12] Source : http://www.mte.public.lu/retel/Tableau-de-bord-octobre-2015.pdf

[13] ¾ des CDD signés actuellement durent moins de 6 mois.

[14] Le périmètre pourrait être réduit aux seules PME de moins de 10 salariés.

[15] Voir : http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/notes_danalyse_-_ndeg30_-_29.05_web.pdf.

Pour aller plus loin :

Idée du mois n°10 – Spécial Marché du travail

Partie 1: 1985-2015: Trois décennies d’évolutions sur le marché du travail luxembourgeois

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Partie 2: Quel(que)s remèdes contre le chômage

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Les jeunes sont-ils “particulièrement” touchés par le chômage au Luxembourg ?

Comme le soulignait le STATEC dans une remarquable étude[1], « en se penchant de plus près sur les chiffres et leur évolution, le phénomène du chômage des jeunes s’avère […] complexe ». Ainsi, si le taux de chômage des 15-24 ans était au Luxembourg de 18,5% en août 2015[2], il est pour le moins « hasardeux » d’en conclure que les jeunes y sont « particulièrement » mal lotis, et faux de dire que près d’un jeune sur cinq est au chômage au Grand-duché. Certes, le taux de chômage des jeunes est près de 4 fois plus élevé au Luxembourg que celui des adultes (25-64 ans) – contre 2 fois en moyenne dans la zone euro – mais ce chiffre ne permet pas d’apprécier « réellement » la situation des jeunes au regard de l’emploi.

Le taux de chômage des jeunes, ne concerne, par définition, que les jeunes « actifs ». Puisque le taux d’activité[3] des jeunes est au Luxembourg particulièrement faible (26%), ce ne sont pas 22% des jeunes qui sont chômeurs, mais (seulement) 22% des 26% de jeunes « actifs », soit environ 6% des jeunes. Par ailleurs, avec la généralisation tardive des études secondaires et supérieures, et parce que cumul travail-emploi (y compris les formations en alternance) est très peu développé au Luxembourg, les étudiants ne font pas partie de la population active, si bien que les non qualifiés y sont surreprésentés.

En définitive, les « jeunes au chômage » au Luxembourg sont donc principalement des jeunes non qualifiés et/ou en situation d’échec ou de décrochage scolaires, et pas très nombreux. La part des jeunes dans le total des inscrits à l’ADEM ne représente d’ailleurs que 11% (sur les 8 premiers mois de l’année), et les jeunes n’ont compté que pour 5% dans la hausse du nombre de chômeurs au Luxembourg depuis la crise.

 Répartition des chômeurs en fonction de l’âge

âge chômeurs
Source : STATEC

Ps : Il ne peut toutefois être exclu que certains jeunes ne sont pas dans les statistiques car non inscrits à l’ADEM (l’un des objectifs de la Garantie pour la jeunesse est d’ailleurs « d’activer » ces jeunes ni en emploi, ni en éducation, ni en formation et éloignés du marché du travail).


[1]http://www.statistiques.public.lu/catalogue-publications/regards/2013/PDF-21-2013.pdf http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/7012756/3-30092015-AP-FR.pdf/be4fd6a4-37c2-4fbf-90d7-c30eab0ced98

[2]Selon la définition BIT du chômage.

[3]Le taux d’activité est le rapport entre le nombre d’actifs (actifs occupés et chômeurs) et l’ensemble de la population correspondante.

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New jobs needed, how many and when?

If somebody reviews the labor market of Luxembourg  in recent decades will observe  that the Grand-Duchy has experienced a large increase in the active population together with an increase in the number of employed persons and for the most part, relatively low unemployment rates. With an eye to the future, it is reasonable to raise the question whether these increases constitute a temporary phenomenon or if they are expected to be continued.What is the evolution of the labor force expected to be like? Will the female participation rate catch up with the male rate? This blog comes to provide some related answers.

Idea, true-blue to its role to initiate the social debate on subjects related to the sustainable development of the Grand-Duchy of Luxembourg, continues the publication series related to the labor market with a blog using an alternative perspective.

Idea has developed a tool (intrinsically connected to the tool developed for the demographic projections[1]) to obtain projections for the labor market following the methodology which has been put forward by the Ageing Working Group (AWG) Report 2015[2] and all the preceding literature on the subject[3]. This tool provides the ability of replicating the AWG Baseline scenario and performs sensitivity analyses simulating alternative scenarios by changing the underlying assumptions at will.

We can make sensitivity projections under many different scenarios with respect to participation rates, entry and exit rates from the labor market, minimum retirement age, unemployment expectations etc. However, here we present just two scenarios: the Baseline and the Convergence. The objective of this blog is not to “endorse” any of these two scenarios, but rather to initiate a debate about the labor market evolution in Luxembourg and the related challenges and questions.

It is always important to bear in mind that there is a significant and widening band of uncertainty surrounding any projection, especially over long horizons. The rationale behind projections always follows the same principles: taking into consideration some assumptions, we try to project what will be the situation like in the future, postulating that the assumptions will hold. It is straightforward that this concept contains risk, not only concerning the consistency of the assumptions but also many exogenous and unpredictable factors. The task becomes even more complicated especially when we make projections for Luxembourg, a country with many special features (high rate of cross-border workers, very high openness of the economy, high net migrations, etc.).

In what follows we present a description of the data, the underlying assumptions and results of the Baseline and Convergence scenarios.

Data

We have used  data published by Eurostat from the Labor Force Survey series (LFS) covering the period from 1995 to 2013. The data include the participation rates in quinquennial age groups from 15 to 74 separately for men and women. In simple words, the participation rate is the quotient of active persons (the sum of employed and unemployed persons but searching for a job) of an age group, divided by the total population of that age group[4]. We have also used the population projections that we have obtained using our model[5].

Baseline scenario

We have focused only on national employment, meaning that everything that is mentioned in this blog refers exclusively to residents of Luxembourg and we therefore exclude from the analysis cross-border workers. For simplicity reasons, we don’t segregate between full and part time workers and we assume no changes in the pension scheme. Under the baseline case, we follow the same steps as these of the Ageing Working Group and we obtain almost the same results. Specifically, we calculate the average entry and exit rates from the labor market per age group separately for males and females and we assume that these will remain unchanged during the projection horizon. We don’t allow the participation rates for the age bracket 15-19 and 20-24 to decline, although they have historically declined mostly due to a longer stay in school. Regarding the unemployment rate[6], it is considered exogenous and we have used the Non-Accelerating Wage Rate of Unemployment (NAWRU) (the rate of unemployment below which inflation rises) as a proxy for the structural unemployment rate (structural unemployment reflects  the mismatch between the available jobs in the economy and the skill levels of the unemployed). Specifically, in congruence with the AWG, we allow unemployment rates to converge to NAWRU rates by 2040 and then remain stable at this rate.

Table 1. Baseline scenario, projections of active population aged 20-64, employed population (for corresponding exogenous unemployment rates), number of more jobs than 2013 that are needed.

  2020 2030 2040 2050 2060
Exogenous total unemployment rate 5.1% 4.3% 4.2% 4.2% 4.2%
Total active population (20-64 ) 305884 375309 433542 463853 474358
Endogenous number of resident jobs 290284 359171 415334 444371 454435
Net change in number of jobs required per decade 56884[i] 68887 56162 29037 10063
More jobs than 2013 56884 125771 181934 210971 221035

Source: Eurostat, Calculations Idea

Table 1 presents the results of our simulation for the baseline scenario. We need to shed some light on the content of the third and the fourth row. The third row reflects the number of jobs that should exist in Luxembourg, under the projected demographic changes and the projected participation rates,  in order for the unemployment rate of the resident population to be that of the first row. The fourth row presents the required net change in the number of jobs per decade i.e. from 2020 to 2030 should be 68887 etc. According to the pattern of net job change needed, the required net change is increasing until 2030 and decreasing afterwards. It is important to highlight that according to the population projections in order to have an unemployment rate of 4.2% in 2060 the number of jobs should almost double, compared to the number of jobs in 2013. It is also substantial to stress out that the decade with the most prominent changes will be that of the 2020’s (i.e from 2020 to 2030), when the active population will increase by almost sixty-nine thousands persons and the net change in the number of jobs compatible with an unemployment rate of 4.3% in 2030 is needed to be slightly less than sixty-nine thousands. Onwards the values slowly decline in absolute numbers reaching ten thousands net change in the  number of jobs in 2060.

Convergence scenario of female participation rates to male participation rates in the middle of the horizon

The most prominent cause of change in the future labor market is the women participation rates. From a historical perspective, male participation rates remain quite high and especially for the age group 25-54 fluctuate around 94%, a trend which is expected to hold in the future. Conversely, women participation rates have increased during the last 25 years, primarly reflecting social trends. Provided that young women have a stronger attachment to the labor market and will gradually replace older women with relatively low participation rates, it is expected that female participation rates will continue to increase in the future. Holding the same assumptions as the baseline scenario and taking into consideration these expectations, we simulate the impact of the increasing women participation rates particularly of prime age women (i.e women aged 25-54). We perform the simulation under the assumption that the participation rates of prime age women will converge to these of men in the middle of the projection horizon. This simulation is conducted in order to demonstrate the future impact  of the increased women participation rate in the labor market scheme. We have assumed that the participation rates will converge in a linear way.

Table 2. Convergence scenario, projections of active population aged 20-64, employed population (for corresponding exogenous unemployment rates), number of more jobs than 2013 that are needed.

  2020 2030 2040 2050 2060
Exogenous total unemployment rate 5.1% 4.3% 4.2% 4.2% 4.2%
Total active population (20-64) 305030 374804 438827 472302 484691
Endogenous number of resident jobs 289473 358688 420396 452465 464334
Net change of number of jobs required per decade 56073i 69214 61708 32069 11869
More jobs than 2013 56073[ii] 125288ii 186996 219065 230934

Source: Eurostat, Calculations Idea

Table 2 displays the results of the simulation. The net change of number of jobs required follows the same pattern as in the baseline scenario. Similarly to the baseline scenario the biggest changes are observed during the 2020’s (i.e from 2020 to 2030). More specifically in 2030 nearly seventy thousands more jobs than in 2020 and one hundred twenty-five thousands more jobs than in 2013 will be needed in order to achieve an unemployment rate of 4.3%, whilst in 2060 the number of jobs could almost double compared to 2013. In addition, comparing the two scenarios we observe that according to the convergence scenario, around five thousands additional jobs in 2040 and ten thousand jobs at the end of the projection horizon will be occupied by residents compared to the baseline scenario.

…instead of an epilogue…

In the presented analysis we projected and described what would be the number of new “resident” jobs in the Grand-Duchy for the forthcoming years under certain assumptions. We found that in order for the Luxembourg economy to experience an unemployment rate around the structural unemployment by 2060, the number of jobs occupied by residents would double. Such an increase in the number of resident workers entail many challenges: talented entrepreneurs able to set up competitive companies in Luxembourg to absorb the increasing labour force and a welfare state to provide the pledge (education, qualifications). Of course, challenges are not limited only in the labor market but also concern spatial planning, infrastracture needs, environmental and energy issues etc.  which will need to be tackled for the orderly function of the everyday life.


[1] Further information about the model can be found at: http://www.fondation-idea.lu/2015/07/08/the-one-million-luxembourg-a-global-analysis-is-needed/

[2] The 2015 Ageing Report, Underlying Assumptions and Projection Methodologies, European Economy 8|2014, http://ec.europa.eu/economy_finance/publications/european_economy/2014/pdf/ee8_en.pdf

[3] Burniaux J., Duval R., and Jaumotte F. (2003),”Coping with ageing: a dynamic approach to quantify the impact of alternative policy options on future labour supply in OECD countries“, OECD

Economic Department Working Papers, No. 371

Carone G. (2005): ‘Long-term labour force projections for the EU25 Member States: a set of data for assessing the impact of ageing’, DG ECFIN, European Economy, Economic Papers No.235

Scherer, P.(2002), “Age of Withdrawal from the Labour Force in OECD Countries”, OECD Labour Market and Social Policy Occasional Papers , No. 49, OECD

[4]Detailed description and definititions for the EU labor market methodology can be found at http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/EU_labour_force_survey_-_methodology

[5] See footnote 1

[6] The unemployment rate used is that of Eurostat which follows the ILO definition and is lower than the national measure. Further details for the distinction between the definitions can be found at: http://www.fondation-idea.lu/2015/11/23/blog-les-taux-de-chomage-du-luxembourg-une-question-de-definition/

[i] This number refers to the net change of number of jobs compared to 2013

[ii] A careful reader may notice that under the convergence scenario these numbers are slightly lower than the baseline scenario, this is because for some age groups the entry rates in the baseline scenario are higher than the convergence rates until the convergence is achieved.