Plus de 20 personnes ont répondu à l’invitation de la Fondation IDEA asbl et d’Eurostat et ont assisté le 13 mai à la troisième « Matinale » d’IDEA. Cette Matinale, organisée pour la première fois dans les locaux de LuxExpo et en partenariat avec Eurostat, a été le lieu d’un échange enrichissant au sujet du produit intérieur brut, portant plus précisément sur la question centrale:

GDP: an appropriate measure of prosperity?

Michel Wurth, Président de la Fondation IDEA asbl, et Marc Wagener, Directeur chargé des affaires courantes de la Fondation IDEA asbl, ont introduit la Matinale avec un mot de bienvenue, évoquant notamment les travaux luxembourgeois et étrangers en matière de «PIB et mesure du bien-être ». Par la suite, John Verrinder, chef de l’unité Comptes Nationaux à Eurostat, et Muriel Bouchet, Senior économiste d’IDEA, ont présenté le concept de PIB, ses déclinaisons, ses limites et les remèdes envisageables, le tout de manière « dialectique » et en se focalisant sur la comptabilité nationale et les comptes dits «satellites».

Muriel Bouchet a rappelé lors de son intervention que la notion de PIB est utilisée dans une multitude de contextes, parfois à bon escient, mais souvent sans le recul nécessaire. Il s’est notamment interrogé sur la façon dont la notion de PIB par tête est souvent utilisée, de manière « non-filtrée », dans le grand public et les médias. A l’aune du PIB par habitant, le Luxembourg est ainsi de loin le plus « riche » pays d’Europe : son PIB par habitant semble être littéralement en lévitation, puisqu’il atteint plus de 2,5 fois la moyenne correspondante de l’Union européenne.

Face à ce constat, John Verrinder a confirmé qu’un tel chiffre est entaché d’un biais certain dans un pays comme le Luxembourg, où les non résidents représentent plus de 40% de l’emploi. Ces derniers alimentent le PIB et sont pourtant exclus de la population de référence lors du calcul du PIB par tête. Il convient également de prendre en compte les considérables transferts de revenus de la propriété de et vers le reste du monde. Ainsi, il semble utile de passer d’une notion de produit intérieur (richesses produites au Luxembourg) à une notion de revenu national (produit intérieur moins les revenus nets distribués à l’étranger).

Les orateurs ont mis en évidence d’autres sources de mauvaises interprétations, qui peuvent le plus souvent être corrigées dans le cadre même des comptes nationaux, liées successivement aux parités de pouvoir d’achat (utilité de « gommer » les différences de prix entre pays en cas de comparaisons internationales), à la distribution (non-homogène) des revenus, à la consommation de capital fixe ou encore aux nuisances environnementales. L’une des conclusions conjointes des deux orateurs est que pour mesurer correctement la prospérité économique, il convient de mettre davantage l’accent sur le RNN (revenu national net) par habitant (voire de manière plus fine d’un point de vue redistributif) exprimé en standards de pouvoir d’achat, plutôt que sur le PIB.

Les orateurs ont conclu que la réponse à la question centrale de la Matinale doit être prise avec des pincettes. Par ailleurs, il n’était question que des aspects du PIB en tant qu’indicateur de prospérité économique, par opposition à une notion – bien plus complexe, multidimensionnelle et subjective encore – de bien-être.

A l’issue de l’exposé, les participants étaient invités à participer à une discussion ouverte. De nombreuses questions ont été soulevées à cette occasion.

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